«Genève peut être la Silicon Valley de la finance durable»
Un forum consacré aux investissements verts se tient dans le canton ce jeudi. Un secteur en verve.

La finance durable est en plein essor en Suisse. En 2016, selon un rapport publié ce jeudi, le marché helvétique de l'investissement durable a pesé 266 milliards de francs, 74 milliardsde plus qu'en 2015. L'an dernier, 7% des placements en Suisse ont été qualifiés de durables contre 4% en 2015, indique le rapport. Cosigné par les associations Swiss sustainable finance (SSF) et Forum Nachhaltige Geldanlagen, il est présenté à l'hôtel Le Richemond, où se tient ce jeudi le Geneva forum for sustainable investment 2017.
Finance durable? «Les investissements qui prennent en considération les critères environnementaux, de gouvernance et sociaux afin d'engendrer un impact positif sur la société», selon Jean Laville, directeur adjoint de SSF. Le gestionnaire de la rue de l'Athénée INOKS Capital cible par exemple les entreprises qui produisent une matière première pour le marché local ou l'export, notamment en Afrique. Le groupe Quadia, également au centre-ville, mise notamment sur un producteur alémanique d'électricité issue des énergies renouvelables.
Entreprises nombreuses
Les entreprises du secteur pullulent au bout du lac, de SCCF au groupe EFA en passant par BlueOrchard Finance et Symbiotics. UBS a un département consacré à la philanthropie; Lombard Odier, depuis cette année, des produits obligataires verts («green bonds»). Ces sociétés recrutent beaucoup parmi les banquiers et les négociants – réputés pour leur connaissance du terrain – nombreux sur l'arc lémanique.
«Genève a le potentiel d'être la Silicon Valley de la finance durable», estime Ivan Agabekov, directeur financier d'INOKS Capital. Dans une étude en avril 2016, SSF indique que la place financière suisse génère 30% des investissements durables dans le monde.
Yves Mirabaud, président de la fondation Genève place financière, se rendra à l'hôtel Le Richemond ce jeudi; Nicholas Niggli, directeur de la promotion économique, également. Dans sa stratégie économique 2030, le Canton entend promouvoir le développement de Genève comme carrefour international en la matière.
Soutien politique, savoir-faire et entreprises placent le pays au sommet en comparaison internationale. Mais cette branche doit accélérer son développement si la Suisse veut se démarquer sur ce secteur, selon des observateurs.
D'autant plus que dans les pays voisins, on se positionne également. En France, une loi oblige depuis peu les investisseurs institutionnels à être transparents en matière environnementale et sociale. Luxembourg a son label «Luxflag», qui offre des garanties, l'Angleterre son Social stock exchange. Dans les pays nordiques et aux Pays-Bas, les Caisses de pension ont une politique plus avancée en matière d'investissements durables.
Appel au «coming out»
Comment passer la vitesse supérieure en Suisse? Les avis sont variés. «Il manque une formalisation de la politique d'investissements des Caisses de pension suisses, estime Jean Laville. Souvent, les caisses ne savent pas comment s'y prendre pour faire de la finance durable.»
«La chose à faire? Un coming out! On a déjà tout, il faut maintenant l'assumer et le communiquer. La finance durable doit devenir un pilier clair de la place financière suisse», estime Fabio Sofia, président de l'association Sustainable Finance Geneva. «Genève, où se trouve l'ONU, des ONG, un vivier de talents, où il y a de l'argent et un savoir-faire en microfinance, pourrait aussi devenir un acteur clé dans le financement des Objectifs de développements durable (ndlr: en 2015, l'ONU s'est fixé 17 objectifs de développement durable que tous les pays de la planète doivent mettre en œuvre d'ici à 2030), ajoute celui qui est également directeur exécutif chez Symbiotics.
«A Genève, la formation en est à ses balbutiements. La Haute Ecole de gestion propose une formation, mais on a besoin de plus. Je verrais bien quelque chose à l'UNIGE», estime Ivan Agabekov.
Certains mettent en évidence une initiative de l'Office fédéral de l'environnement, qui propose des analyses gratuites de l'impact climatique des portefeuilles. D'autres regrettent la faible demande en Suisse, alors que l'industrie helvétique exporte la majorité de ses produits financiers.
En attendant, les experts semblent s'accorder sur le fait que la finance durable est performante. «Je suis persuadé que les critères de la finance durable sont de très bons mitigeurs de risques, ce qui permet d'avoir une vue à long terme», conclut Ivan Agabekov.
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