On sait le Genevois volontiers râleur. À en croire la «Tribune» du 3 août, il cracherait également volontiers dans sa soupe. Le journal fait le point sur la construction de logements dans le canton. Un dossier, source de crispations diverses, qui est également l’occasion de fustiger ce qui fait son succès. Petite mise au point.
Le quotidien indique que malgré une augmentation de la construction de logements, le taux de vacance reste faible. Ce n’est pas vraiment étonnant, dans la mesure où le canton est en situation de pénurie depuis des décennies. En accueillant la grande majorité des emplois créés dans le Grand Genève et en sous-traitant à ses voisins français et vaudois la plus grande partie de l’accueil de ses potentiels habitants, il a contribué à créer le manque et à favoriser l’exil de ses citoyens.
Il y a peu de temps, plus de deux tiers des logements construits dans le Grand Genève l’étaient du côté français, contre moins d’un quart à Genève. Aujourd’hui, ce rapport s’équilibre,ce dont nous devrions nous réjouir, puisque cela permet à de nombreux Genevois exilés de revenir dans le canton. Mais ce n’est pasen une ou deux bonnes années en termes de constructions que nous pourrons combler le retard. L’article est également l’occasion pour certains de condamner la croissance. Elle serait source de nombreux maux. Là aussi, quelques rappels ne sont pas inutiles.
«Il y a peu de temps, plus de deux tiers des logements construits dans le Grand Genève l’étaient du côté français, contre moins d’un quart à Genève.»
Genève, canton de 500’000 habitants, a un budget de plus de10 milliards, ce qui est particulièrement important pour une collectivité de cette taille (Lyon ou Toulouse, sans leur agglomération).Il est notamment financé par les entreprises, par le biais des impôts que ces dernières paient directement (1,6 milliard de recettes personnes morales en 2021) ou que leurs 400’000 salariés acquittent (4,5 milliards d’impôts personnes physiques).
Les recettes engendrées par ces vilaines entreprises, décriées par certains, ont pourtant quelques vertus. Comme celle de financer une grande partie du train de vie et des prestations de l’État […]. Ainsi, les 538 millions de recettes supplémentaires engendrées par les entreprises en 2021 ont permis de couvrir la quasi-totalité des investissements du canton. Plus globalement, l’impôt personnes morales permet également d’assurer quelques missions centrales en faveur de la collectivité.
« Si on prône la décroissance, il faut aussi indiquer dans quelles politiques publiques il faut couper.»
Par exemple, cela couvre la totalité des soins et actions en faveur des personnes âgées. Ou encore les près de800 millions de subventions aux HUG. Ou les plus de 500 millions de soutien aux hautes écoles, les 244 millions de subventions aux TPG, ou encore les presque 50 millions de soutien au sport et à la culture. Sans oublier la très chère caisse de pension des employés de l’État, qui coûte plus de 200 millions par année aux contribuables, pour sa recapitalisation.
Alors avant de crier à la fin de la croissance, il serait bon de se rappeler que celle-ci permet à l’État d’assurer sa mission. Il faut être conséquent: si on prône la décroissance, il faut aussi indiquer dans quelles politiques publiques il faut couper: aide aux familles et personnes, qualité des soins, offre de formation ou encore mobilité. Mais pour cela, il ne suffit pas de hurler au loup, il faut un peu de courage.
* Fédération des entreprises romandes Genève
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L’invitée – Genève, le canton qui ne connaît pas sa chance