Genève fait le nettoyage aux Ports Francs
Après l'affaire Bouvier, le canton de Genève a renforcé les contrôles aux Ports Francs. Un nouveau président a également été nommé.

Le canton de Genève a repris les rênes aux Ports Francs. Un nouveau président a été nommé et les contrôles vont été renforcés. Une suite de l'affaire Bouvier, a expliqué ce dimanche 31 mai le conseiller d'Etat Pierre Maudet.
«Depuis le rapport du Contrôle fédéral des finances en avril 2014, qui mettait le doigt sur les risques systémiques encourus, il était devenu urgent de clarifier les choses; d'opérer un virage vers davantage de traçabilité et de transparence», a déclaré le ministre de tutelle des Ports Francs, le conseiller d'Etat Pierre Maudet dans un entretien accordé au Matin Dimanche.
«Face aux risques accrus de blanchiment et, surtout, au problème d'image qui menace cette entreprise essentielle à l'économie genevoise, il fallait qu'elle abandonne cette mentalité de forteresse dans laquelle elle s'était retranchée ces dernières années», a expliqué le conseiller d'Etat en charge du Département de la sécurité et de l'économie.
Nouveau président
Les Ports Francs représentent 150'000 mètres carrés d'entrepôts, dont la moitié est sous douane. Jeudi après-midi, lors de l'assemblée générale ordinaire des Ports Francs et Entrepôts de Genève, l'Etat de Genève, actionnaire à hauteur de 87% du capital, a décidé de changer de présidence du conseil d«administration.
Après neuf ans à la tête de l'institution, l'avocate et ancienne députée socialiste Christine Sayegh, accusée de maladresses dans le traitement de l'affaire Bouvier, a dû céder la place à David Hiler, ex-conseiller d'Etat vert en charge des Finances genevoises.
Le patron de Natural Le Coultre, Yves Bouvier, a été mis en examen par la justice monégasque pour «escroqueries» et «complicité de blanchiment». Il est accusé par l'oligarque russe Dmitri Rybolovlev d'avoir surfacturé des toiles de grands maîtres qu'il lui achetait. Il préside au plus important locataire des Ports Francs des Acacias, le groupe Natural Le Coultre.
Plus grande transparence
«Le changement majeur, en matière de transparence, est celui de la conversion des actions au porteur en actions nominatives. Ainsi, l'identité des détenteurs des 13% d'actions en mains privées sera connue de tous», a affirmé Pierre Maudet au quotidien romand.
«Le risque est bien la confusion des casquettes et la dilution des responsabilités entre les acteurs de ce domaine si particulier, si un locataire est à la fois actionnaire, transitaire et marchand d'art, par exemple. Car, clairement, cette situation peut conduire à une complication des contrôles et à un véritable conflit d'intérêts, minime en réalité, mais très néfaste en terme d'«image», a indiqué le conseiller d'Etat.
Le nouveau président, David Hiler, a pour mission prioritaire d'identifier la portée des risques qu'encourent les Ports Francs (blanchiment d'argent sale ou recel de biens culturels spoliés ou volés). Par ailleurs, la police judiciaire, par le biais du Groupe œuvres d'art (GOA), va renforcer sa capacité d«investigation.
«Genève est devenue une des principales plates-formes mondiales du marché de l'art international dans un contexte où l'art devient une valeur refuge. Or, nous ne voulons pas attendre que ce marché de centaines de milliards de francs s'auto-régule ou, a contrario, que des instances internationales, tel le GAFI (le groupe d'actions financières de l'OCDE, ndlr) , sanctionnent ces activités, comme elles l'ont fait pour les banques», a averti Pierre Maudet.
Appel à davantage de moyens
Le conseiller d'Etat genevois souligne que le contrôle de l'activité des Ports Francs de Genève relève du pouvoir fédéral et, plus précisément des douanes suisses. Or, ces dernières manquent d'effectifs pour inventorier tout ce qui entre dans les Ports Francs. Quarante-trois douaniers sont à demeure, mais seulement deux au minimum en permanence sur les quais d'arrivée des marchandises.
Pierre Maudet annonce qu'il va entamer avec David Hiler un dialogue avec la conseillère fédérale en charge des finances, Eveline Widmer-Schlumpf, afin que la Confédération dégage davantage de moyens.
ats
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