Interventions éphémèresGenève affiche son amour pour l’art visuel
70 créateurs exposent leurs œuvres sur des panneaux publicitaires en ville.

Un bonnet à pompon noir et blanc solidement enfoncé sur les oreilles, le survêtement constellé de taches, Hadrien Dussoix peint sous le crachin. Le pinceau trempé dans de l’acrylique noire, l’artiste genevois trace des lettres sur un support préalablement enduit d’un bleu ciel qui contraste avec la météo ambiante. Au milieu de la place du Cirque, des passants s’arrêtent, intrigués. Imperturbable, le plasticien poursuit son œuvre, inscrivant cette phrase, en anglais: «Time will tell», «des mots qui me touchent beaucoup par rapport à notre avenir», explique-t-il avant d’esquisser un blason en forme de signature graphique, juste à côté de ce qui ressemble fort à la culotte de l’ourson Petzi en très gros plan.
Comme 69 autres créateurs, Hadrien Dussoix a investi des panneaux d’affichage mis à disposition par la Ville à l’enseigne du projet «I LOVE #ArtisteDici». À disposition, deux formats: le F4 (dit mondial) et son homologue panoramique, trois fois plus large. Appréciée par les artistes, cette carte blanche a pour but de soutenir les plasticiens locaux, en grande difficulté en ces temps de crise sanitaire. Tous sont rémunérés de manière forfaitaire, à savoir un cachet de 1000 francs à quoi s’ajoutent 400 francs pour les frais de production. Coordonnée par le Fonds municipal d’art contemporain (FMAC) en collaboration avec plusieurs lieux de production – FAK - Kugler, RU, Vélodrome, Picto, Gus et Laboratoire de création -, l’opération permet aussi de mettre en lumière la richesse et la diversité de la scène artistique genevoise.

Une scène dont fait partie le collectif Stab X Makanji, composé de Sarah Song et d’Apnavi Makanji. Localisées sur la Place du Cirque, comme Hadrien Dussoix, les deux jeunes femmes ont créé un séduisant collage. «On a agrandi des images de tardigrades, des petites bêtes microscopiques assez mignonnes, invisibles à l’œil nu. L’idée, c’est de faire se côtoyer la botanique et la science-fiction dans un cadre urbain.»
Sur la plaine de Plainpalais, Bastien Gachet propose une intervention sculpturale en forme de «ready-made». «Ce qui m’intéresse, c’est de créer une scène par rapport à l’objet-même que sont les panneaux. Je travaille souvent de cette manière, en jouant un peu avec la limite du cadre. J’aime qu’on se pose des questions sur le geste artistique.» On s’en posera en voyant le petit sac de plastique pendu à l’installation. À l’intérieur, des spaghettis cuits et un t-shirt sans manches…

Perturbée par la météo, l’installation des œuvres se poursuit ce jeudi. Dûment photographiée, chacune d’entre elles est visible sur le site du FMAC, où une carte interactive indique leur emplacement. À découvrir in situ jusqu’au 27 décembre.
«I LOVE #ArtisteDici», à voir jusqu’au 27 décembre en ville de Genève. Site: http://institutions.ville-geneve.ch/fr/fmac/

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