2020 vue par nos photographes 1/4Genève à l’heure du confinement printanier
Armé de son drone, Lucien Fortunati a survolé et capturé une ville en pause forcée.

En 2020, quelque chose n’a pas tourné rond. Les rouages de la vie se sont grippés dans le confinement. La mécanique du temps s’est déréglée. Au cadran de notre grande horloge mondialisée, le Covid a imposé la complication d’un nouveau méridien. De force, il nous a aiguillés sur un nouveau fuseau horaire, celui du ralentissement. Il a donné du temps au temps. Et cette pause forcée a modifié notre perception de l’environnement urbain.

Genève nous a renvoyé soudain une image tellement différente, tellement étrange. Ce coup de frein brutal a suscité autant d’angoisse que de réflexion. Angoisse car le visage de ces artères vidées de leur circulation, de ces places sans plus d’animation, de ces espaces ouverts aux vents portait quelque chose de catastrophique. On se demande où est passé l’homme. Replié, retranché, calfeutré à domicile, ce survivant cerné de papier-toilette et de boîtes de raviolis s’est barricadé contre un infinitésimal virus pour renouer avec une peur archaïque, d’un autre temps, celle de l’épidémie incontrôlable.

Réflexion aussi car le confinement, brièvement chez certains et plus profondément chez d’autres, a semé les germes d’un questionnement sur le sens de nos actes, de nos «courses» quotidiennes au travail, à la maison, au magasin et a interrogé notre rapport global à l’environnement, à ce que la nature et le monde nous offrent et que nous remettons en question à coups d’«aménagements». Comment allons-nous recaler notre temps retrouvé?
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