BD d’anticipationGenève 2053, des insectes et des hommes
Dans «Sentinelles», le dessinateur Daniel Galasso imagine un futur où l’humanité ne la ramène plus et de sales bestioles règnent. Brrrrrr.

Bienvenue dans la Genève de 2053. Ou malvenu plutôt. Les rues sont vides, les voitures rouillent, les bâtisses se craquellent. Trois ours de mauvais poil squattent la place Bel-Air. Des vaches ruminent sur les voies de Saint-Jean. Les habitants de la ville, ou ce qu’il en reste, se terrent sur le site du Mamco. On y dessine. On y fait pousser des tomates. On y survit.
Dans cet avenir proche, le genre humain ne fait donc plus le malin. Il n’est plus le maître à bord du vaisseau mondial. Il a des prédateurs. Des vilains insectes, jaillis d’on ne sait où, qui piquent et qui tuent. L’homme n’est plus qu’une espèce comme les autres à la surface de la planète. Pauvre nous!

Voilà le monde de demain tel que l’imagine le dessinateur genevois Daniel Galasso dans sa première BD, baptisée «Sentinelles». Les sentinelles, ce sont ces rares humains qui surveillent les sales bestioles et détruisent leurs nids pour éviter l’anéantissement total. Sale boulot, il va sans dire.
Particularité de ce premier roman graphique en forme de fable écologique: l’absence de texte. Pas de bulles. Pas de légende. Seulement des planches au crayonné nerveux, comme croquées sur le vif. «J’ai commencé le livre de manière traditionnelle. Très vite, je me suis aperçu que les textes étaient redondants. Je m’en suis donc passé. Du coup, tout n’est pas explicite. Ce qui laisse aux lecteurs une marge d’interprétation entre les cases», explique Daniel Galasso.
Avant le confinement
Naguère graphiste et professeur de dessin, l’auteur a laissé tomber une grande partie de ses activités professionnelles pour se consacrer à ses crayons. «Je suis retombé sur un scenario de BD que j’avais écrit au Collège. Je l’ai repris. La menace était alors des mini-extraterrestres volants que j’ai transformés en insectes.» Ces rues vides et ces animaux triomphants font certes penser à des scènes vécues pendant le confinement. Il sourit. «Oui, bien sûr. Sauf que le bouquin était achevé en janvier 2020!» Et visionnaire, avec ça!
«Sentinelles», Daniel Galasso, Éd. Hélice Hélas, 184 p. Signature au Salon des petits éditeurs, Chêne-Bougeries, le 12 novembre.

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