En 1973, le canton de Genève signe un accord par lequel il s’engage à verser à la France voisine 3,5% de la masse salariale brute annuelle des travailleurs frontaliers. Le but: compenser les charges publiques qui pèsent sur les communes de la Haute-Savoie et de l’Ain pour accueillir chez elles des travailleurs que le canton qui les emploie ne peut pas loger. Ainsi naissait la compensation financière genevoise (CFG). En 2021, celle-ci a rapporté 343 millions de francs à ces deux départements.
Le 50e anniversaire de cet événement est presque passé inaperçu. Pourtant, comme le rappelle le Global Studies Institute de l’Université de Genève, qui organise ce jeudi un colloque sur les fonds frontaliers, «cet arrangement, unique au monde, structure depuis cinquante ans l’économie, les territoires et même les institutions du Grand Genève».
En effet, la CFG n’a pas seulement permis à la France voisine de financer des infrastructures de qualité. Elle a aussi entraîné la création du Comité régional franco-genevois, chargé notamment de définir les orientations du développement de l’espace transfrontalier.
Cet anniversaire doit aussi être l’occasion, pour Genève en particulier, de s’interroger sur sa croissance. En effet, son corollaire, la progression du nombre de travailleurs frontaliers, entraîne, en France voisine surtout, une urbanisation galopante et un creusement des inégalités socio-économiques. Or, Genève ne peut pas ignorer cette situation en se cachant derrière sa compensation, sur l’air de: «On donne déjà de l’argent à la France voisine, elle n’a qu’à faire avec.»
Genève doit veiller à ce que les fonds frontaliers servent à mieux compenser ces déséquilibres. Il en va de la stabilité de notre région et de la cohésion de sa population.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Éditorial – Fonds frontaliers, piliers du Grand Genève
Depuis un demi-siècle, la compensation financière genevoise contribue au développement de l’économie et des infrastructures de la région franco-genevoise.