Face-à-faceFinancer l’AVS par la BNS
Le 25 septembre, les Suisses voteront sur la réforme de l’AVS qui prévoit une hausse de la TVA pour alimenter les caisses de retraite: le député PLR Alexandre de Senarclens défend cet arrêté fédéral. Le 24 mai dernier, l’Union syndicale suisse lançait pour sa part une initiative pour renforcer l’AVS grâce aux bénéfices de la Banque nationale: c’est l’option que soutient le socialiste vaudois Pierre-Yves Maillard.

La Suisse peut tenir sa promesse aux retraités
«Est-ce que cela suffit pour vivre?» C’est comme cela que raisonnaient les autorités suisses pendant des décennies au sujet des pensions de retraite. Quand la réponse était négative, on améliorait le système. L’objectif de donner une période de repos et de liberté, en bonne santé, à celles et ceux qui ont travaillé plus de quatre décennies était considéré comme un objectif national de haute importance, pour tous les partis. Aujourd’hui, on bourre le crâne des gens pour leur dire que cet objectif n’est plus possible et la majorité politique entame la démolition de ce que nos aînés ont réussi à construire.
L’un des thèmes utilisés pour pousser au démantèlement des prestations de retraite est la question du financement. Pourtant, ces quarante dernières années, l’AVS a réussi à intégrer 1,8 million de retraités en plus tout en bouclant ses derniers comptes avec un excédent supérieur à 2 milliards et une fortune de 46 milliards, la plus haute de son histoire. Et pour les dix prochaines années, le seul versement à l’AVS des taux négatifs accumulés par la BNS depuis leur introduction suffit à assurer le supplément de financement de l’AVS nécessaire. C’est une solution simple, sans conséquence négative pour personne, et qui protège le pouvoir d’achat de tous. C’est aussi une solution juste, car les taux négatifs ont considérablement affaibli les rentes du deuxième pilier. Le Conseil national a approuvé cette mesure qui serait en ce moment même soumise au peuple si le Conseil des États ne l’avait pas rejetée.
«Il n’y a pas de fatalité à l’affaiblissement de l’AVS»
À cause de ce blocage, l’Union syndicale suisse lance une initiative populaire qui rend également possibles d’autres contributions de la BNS pour l’AVS, en cas de forts bénéfices. Ce texte est modéré. Il ne concerne pas la politique monétaire et il protège la part attribuée aux cantons à quatre milliards par an, son niveau le plus élevé de l’histoire. Il rend juste possible, quand les circonstances le permettent, le retour d’une petite part du revenu de la richesse nationale accumulé dans notre banque centrale vers l’œuvre sociale la plus importante du pays.
Nous sommes un pays né de la volonté commune de populations diverses. Cette volonté a permis d’édifier des barrages immenses, de creuser les Alpes pour nous ouvrir au monde et de nous doter d’une prévoyance vieillesse qui rend la solidarité nationale concrète pour chaque personne qui vit et travaille dans et pour notre pays. Cette volonté est notre énergie pour l’avenir. Il n’y a pas de fatalité, ni économique, ni démographique, ni financière à l’affaiblissement de l’AVS. Il n’y a qu’une absence de vision et la cupidité de milieux qui veulent tailler des parts de marché dans notre système de répartition.
L’USS affirme avec force que l’AVS est un beau projet d’avenir. Un projet de partage équitable des richesses et une promesse à tenir de temps libéré pour soi, pour ses proches et pour la communauté.
Non au hold-up de la BNS pour sauver l’AVS
L’AVS, le premier pilier des retraites suisses, doit être réformé. C’est un avis partagé par toute la classe politique. Mais alors que certains proposent une réforme pérenne, d’autres veulent nous faire croire au Père Noël. La solution de facilité proposée par l’Union syndicale suisse (USS) vise à ponctionner les réserves de la Banque nationale suisse (BNS) pour résorber le déficit de l’AVS. La belle affaire! Les caisses de la BNS sont remplies, alors «Haut les mains, ne faites plus un geste», il suffit de se servir…
Commençons par quelques constats simples. Notre AVS a été créée en 1948 et depuis lors notre espérance de vie a beaucoup augmenté. À l’époque, il était prévu 44 années d’activité pour 13 années de rente. Aujourd’hui, les Suisses passent en moyenne 24 années à la retraite. Alors qu’en 1948, il y avait 3,4 personnes actives pour un rentier, aujourd’hui nous en sommes à un taux de 1,8 personne active par rentier… Nous pouvons tourner ces chiffres dans tous les sens, il apparaît évident qu’à l’image de ce qui se fait ailleurs en Europe, nous devons graduellement augmenter nos années d’activité pour préserver notre premier pilier de retraite.
Faisant fi de cette réalité simple, l’USS a trouvé le remède miracle. Il suffit d’organiser le hold-up de la BNS. Après tout, il y a de l’argent! D’abord, la BNS est invitée à verser 11,3 milliards des montants prélevés en appliquant les taux d’intérêt négatifs pour éviter que le franc ne renchérisse trop. Ensuite, pour les années à venir, si le bénéfice de la BNS est «élevé», une partie de celui-ci sera reversée à l’AVS.
Dans sa volonté d’organiser le «casse du siècle», l’USS oublie que le succès de notre banque nationale tient à son indépendance, à savoir éviter son instrumentalisation à des fins politiques. Aussi, chaque année, la BNS verse déjà près de 4 milliards à la Confédération et aux Cantons. Ces distributions sont volatiles et dépendent de l’évolution des réserves monétaires. Tous les jours la BNS lutte pour maintenir la stabilité de notre pays par une fine analyse de la situation économique, en particulier pour éviter que les rentiers AVS ne soient ruinés par l’inflation.
Il faut donc refuser ce mirage démagogique de la gauche et soutenir la réforme de l’AVS 21 qui sera soumise à votation en septembre prochain. Elle permet en particulier de stabiliser l’AVS en prévision d’une plus large réforme pour la période 2030-2040. Elle prévoit une harmonisation de l’âge de la retraite à 65 ans et des mesures de compensation et d’accompagnement pour permettre aux femmes un départ anticipé facilité et un supplément de rente. Elle offre aussi une flexibilisation des rentes avec la possibilité de la demander dès l’âge de 63 ans ou de l’ajourner jusqu’à 70 ans. Elle prévoit enfin une augmentation de la TVA de 0.4% afin d’apporter un financement supplémentaire pour maintenir l’équilibre financier de l’AVS. AVS 21 garantit les rentes en proposant une solution équitable qui assure une solidarité intergénérationnelle.
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