PublicationFabrice Melquiot et Polar font délicatement rimer rêve et chanson
Juste avant de clore son mandat, le directeur du Théâtre Am Stram Gram sort un livre-disque pour les enfants (et leurs parents) qu’il cosigne avec le chanteur genevois.

«Song» – «chanson» en anglais. Fabrice Melquiot y ajoute un «e» final, Polar abouche les deux versions de sa voix suave, et voilà le «songe» auquel invite l’un des 17 titres de «Comme tu regardes le ciel étoilé». À l’origine du livre-disque paru ce mardi aux éditions La Joie de lire, la complicité naissante entre l’écrivain poète et le musicien compositeur. À l’aube de l’automne 2020, les deux hommes s’enferment quinze jours durant dans une grange du Morvan pour rédiger, composer et enregistrer leurs «poussières de joie rock, de douceur pop, de ballades lo-fi». Deux semaines intensives d’où germera entre autres un «J’aime pas mon chat» au tempo aussi rapide que le rejet sera passager (pour preuve, les couplets à suivre de «J’aime trop mon chat»), ou un «Hélicoptère» posé sur ce moment ébouriffant où père et fils échangent leurs rôles.
Quand vient l’annulation du spectacle homonyme, programmé début février au Théâtre Am Stram Gram, le duo peut au moins se rabattre sur cet acquis: l’immortalisation des textes et des mélodies sous forme d’un ouvrage édité par le plus proche partenaire institutionnel du «Centre international de création et de ressources pour l’enfance et la jeunesse». Mieux: il pourra dédouaner les personnes qui auraient vainement acheté leur place en leur offrant un exemplaire de l’album. Et le pompon, c’est que, forte d’une première expérience concluante, la collaboration entre Melquiot et Polar s’annonce durable. On nous promet déjà de futurs tubes.

Le «ciel étoilé» est recommandé pour écouter plus intensément les chansons, en position horizontale. Par chance, s’allonger reste possible dans n’importe quel cas de figure. Parents et enfants peuvent ainsi se laisser soulever, main dans la main, par les refrains lointainement inspirés à notre binôme par des astres tels que «Bashung, Manset, Gainsbourg, Neil Young, Elli et Jacno, Taxi Girl, Joy Division ou Beck», situe la com. À la partition, à la guitare et à la voix, Éric Linder alias Polar se révèle solaire sans brûler, doux sans baver et intelligible sans bêtifier.
Quant au livre, il alterne, en haut de casse, les paroles de Fabrice Melquiot – toujours aussi attentif aux forêts noires de l’enfance, toujours aussi rétif aux idées préconçues des adultes – avec, en pleine page, les dessins noir blanc d’une Jeanne Roualet prête à émuler ses associés dans leur message à des êtres, grands et petits, qu’on refuse de prendre pour des sots.
«Comme tu regardes le ciel étoilé», éd. La Joie de lire, 25 p. + CD, www.lajoiedelire.ch
Katia Berger est journaliste au sein de la rubrique culturelle depuis 2012. Elle couvre l'actualité des arts de la scène, notamment à travers des critiques de théâtre ou de danse, mais traite aussi parfois de photographie, d'arts visuels ou de littérature.
Plus d'infosVous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.