InterviewFabienne Lévy ouvre une galerie aux Bains
Après Lausanne en 2019, la marchande d’art prend ses quartiers à Genève, offrant ainsi une visibilité simultanée à ses artistes.

C’est une première. Jamais une galerie lausannoise n’aura ouvert une antenne à Genève. Qui plus est dans le quartier des Bains, qui, disons-le, avait bien perdu de sa superbe ces dernières années. Après Olivier Varenne en fin d’année dernière, c’est au tour de Fabienne Lévy d’inaugurer rue des Vieux-Grenadiers. La galeriste née à Lausanne, mais dont le parcours l’a menée à New York et à Milan, est aussi la sœur de Dominique Lévy, grande marchande d’art new-yorkaise.
Ses artistes, elle les choisit sur la Toile, lors d’une rencontre. Mais c’est toujours un coup de cœur. Quant à ses idées, elles fusent. Et son énergie déborde. On lui doit notamment le projet «Space Invasion» qui propose à une sélection d’étudiants d’une école d’art en Suisse de réaliser un travail sur une thématique précise. Elle prépare ainsi un peu la relève de demain. Fabienne Lévy nous rencontre dans son nouvel espace au moment de son premier genevois.
L’ouverture d’une galerie à Genève était-elle une suite logique?
Pas du tout! Je n’ai jamais imaginé que j’allais ouvrir une galerie à Genève ou même ailleurs. Mon espace à Lausanne est déjà très grand et très exigeant du fait de sa disposition. En revanche, pendant artgenève en janvier dernier, de nombreux collectionneurs genevois et internationaux ont manifesté leur intérêt à venir visiter notre galerie à Lausanne. Et pourtant, ils ne viennent jamais. Les 62 kilomètres qui séparent les deux villes semblent être une distance impossible à surmonter! Je croise néanmoins ces collectionneurs ailleurs, à Bâle ou à New York. Puis, un jour, je me balade à Genève, dans le quartier des Bains et je vois que l’ancien espace de Joy de Rouvre est à remettre. C’est le coup de foudre.
Et ce coup de foudre s’est concrétisé il y a tout juste un mois. Comment êtes-vous parvenue en si peu de temps à être prête pour la première édition de la Nuit des Bains?
Je fais partie de ces gens qui pensent que tout est possible avec un sourire et de la volonté. J’ai dû pas mal mettre la pression et nous y sommes parvenus. Nous avons fait quelques travaux, comme casser un mur. D’autres suivront.
Vous présentez vos artistes de manière simultanée à Lausanne et à Genève. Pourquoi ce choix?
J’envisage vraiment les deux espaces comme autant de moyens d’expression pour les artistes que je représente. Ils exposeront toujours des pièces très différentes et les visiteurs sont très différents aussi. Vanessa Safavi, par exemple, a réussi le tour de force de créer d’autres pièces pour Genève alors qu’elle travaillait sur l’exposition lausannoise depuis un an déjà. Les œuvres à Lausanne conversent avec celles de Genève et vice versa. C’est d’ailleurs cette transversalité que je cherche toujours à cultiver.
Vous êtes la première galerie à avoir un double siège à Genève et Lausanne. Est-ce grisant?
Oh oui, c’est super excitant et je crois plus que tout aux ponts culturels qu’il faut créer entre Genève et Lausanne. Les amoureux de l’art ne demandent que ça. Je travaille sur un projet performatif avec une artiste pour l’été 2024. J’aimerais que son travail puisse aussi avoir une place dans un musée de sorte que l’artiste puisse irradier pleinement. C’est vraiment ainsi que l’art doit être envisagé.
Qu’est-ce qui, selon vous, distingue les mondes culturels de Genève et Lausanne?
Nous sommes tous animés par la même passion pour l’art. Ce que je peux dire, c’est qu’à Lausanne j’ai beaucoup de gens qui viennent me voir pour découvrir un artiste et échanger avec moi. Je sais que ce sont des personnes qui n’achèteront sans doute jamais rien. Ce mélange, ce brassage, me plaît. La galerie est située dans un quartier très populaire. J’espère que la même chose se produira à Genève.
Pourquoi avoir choisi Vanessa Safavi pour inaugurer ce nouvel espace?
La séquence n’est pas volontaire. Nous avions déjà prévu cette exposition mais à Lausanne uniquement. Quant à Vanessa, c’est une grande artiste que je suis depuis très longtemps. Je m’identifie à son travail, à la sensualité qu’il dégage. Notre rencontre était une évidence.
Fabienne Lévy, rue des Vieux Grenadiers 2, «I Feed my Dreams Slime at Night», Vanessa Safavi. Jusqu’au 6 mai. www.fabiennelevy.com
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