Précaution ou censure?Exposition sur la Palestine annulée à Genève
La Ville de Genève a estimé que les organisateurs n’ont pas donné assez de détails, alors que le sujet est sensible. Les collectifs organisateurs dénoncent une censure politique.

La Ville de Genève a-t-elle censuré un événement de soutien à la résistance palestinienne? C’est en tout cas ce qu’affirment les groupes Secours Rouge Genève et Samidoun Geneva. Les deux collectifs avaient organisé une exposition d’affiches dessinées par le militant suisse Marc Rudin, membre du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Elle devait avoir lieu du 25 au 27 mai, dans la salle associative de l’Almacen, aux Grottes.
Mais, comme le révèle Le Courrier, les autorités municipales et l’association gérant l’Almacen ont annulé l’événement deux jours avant. Propriétaire des locaux, la Ville a estimé que les organisateurs n’ont pas fourni assez de détails sur leur exposition, alors que le sujet est sensible. «Marc Rudin a participé à des actions violentes, rappellent les autorités. Nous ne pouvons pas prendre le risque de laisser un tel événement avoir lieu, alors que nous ne connaissons ni les associations qui l’ont organisée, ni le contenu de l’exposition.»
Ont-ils cédé à des pressions d’organisations pro-Israël, comme l’affirment les exposants? Sur son site, l’European Jewish Press indique que l’Association Juive Européenne a contacté la Ville de Genève pour protester contre la tenue de cette exposition. «Notre décision n’a pas été influencée par des tiers», répond la Ville.
Choix politique?
Le Secours Rouge Genève (SRGE) n’a pas la même lecture. Ils estiment qu’il s’agit d’une censure pure et dure. «Ce qui pose problème aux autorités, c’est notre ligne politique, dénonce un responsable du SRGE. Nous soutenons le droit des Palestiniens à résister face à l’occupant israélien, y compris par la lutte armée.» Il rappelle par ailleurs que Marc Rudin a déjà exposé à Genève, sans que l’événement ne soit annulé.
«Ce qui pose problème aux autorités, c’est notre ligne politique.»
Ils regrettent aussi la manière dont les autorités ont communiqué. «Nous avons été avertis 48h avant le vernissage, alors qu’il n’y avait eu aucun problème jusque-là, regrette le responsable. C’est absurde! D’ailleurs, un représentant de la Ville nous a confirmé qu’ils n’avaient pas l’habitude de vérifier la programmation de l’Almacen.»
À ce sujet, la Ville indique qu’elle ne s’immisce pas dans la programmation des associations utilisant leurs locaux. «Par contre, lorsque nous sommes alertés – en l’occurrence à la dernière minute – au sujet d’un événement qui pourrait présenter un risque, il est de notre devoir de prendre les précautions qui s’imposent. Dans ce cas, les vérifications nécessaires n’ont pas pu être réalisées dans les délais.»
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