Lot exceptionnelExem met sa pieuvre aux enchères pour la Thune du Cœur
Le dessinateur genevois a recréé à l’identique sa mythique affiche contre la destruction des Bains des Pâquis. On peut miser du 10 au 19 décembre.

C’est son image la plus emblématique, et à l’évidence le lot phare de la Thune du Cœur. Dès ce vendredi 10 décembre, Exem met aux enchères sur le site ricardo.ch un dessin mythique: rien moins que celui de l’affiche du Non à la destruction des Bains des Pâquis. Ou plutôt son double, recréé à l’identique et mis en couleurs pour la première fois. Une variation qui devrait s’arracher auprès des amateurs de BD, à hauteur de plusieurs milliers de francs.
Mémorable, cette illustration représentant une pieuvre aux tentacules rouge-orange contribua grandement au sauvetage des Bains, lors d’une votation en septembre 1988. «Presque tous les partis politiques de l’époque étaient favorables à un projet qui impliquait de démolir les lieux», se souvient Exem. «J’avais esquissé trois projets qui dramatisaient la situation. Deux d’entre eux représentaient une pelle mécanique menaçant des personnages.» Le troisième, impliquant un monstre inspiré tout à la fois du bestiaire politique des années 1930, de Jules Vernes et de la bande dessinée, a fait l’unanimité.
David contre Goliath
Avec d’autres dessinateurs et graphistes parmi lesquels Aloys, Georges Schwizgebel et Simon, Exem a favorisé la victoire de David contre les Goliath de l’immobilier. Son affiche reste fameuse. Au format A3, l’original en noir et blanc de ce dessin a été offert par l’intéressé au sérigraphe Christian Humbert-Droz, pour son 50e anniversaire. La plus belle moustache du canton a été lui aussi un des rouages essentiels du combat mené par l’Association des Usagers des Bains des Pâquis (AUBP).
Pour la Thune du cœur, l’auteur de «Zinzin» est revenu trente-trois ans après sur son œuvre, reproduisant de manière bluffante son dessin d’origine. «J’ai hésité à insérer quelques variations, avec un trait plus libre», confie Exem, qui a finalement opté pour une copie des plus fidèles. «Je n’ai toutefois pas voulu me ligoter. Il y a quelques petites différences.» Saurez-vous les trouver, en observant à la loupe ce nouveau dessin? Ou pourquoi pas en l’acquérant aux enchères, d’ici au 19 décembre à 23h30.
Hommage à Tardi

Avec sa pieuvre aux yeux très expressifs, Exem s’éloigne délibérément d’une représentation réaliste. Sans minimiser l’impact des gravures vues dans les vieilles éditions de «20 000 lieues sous les mers», il a préféré partir du côté de la bande dessinée et rendre hommage à Jacques Tardi, l’un de ses maîtres. Plus précisément à l’album «Le noyé à deux têtes», l’un des titres de la série Adèle Blanc-Sec, dont la couverture fourmille de tentacules rouges.
Cathédrale plus détaillée

Exem a souvent croqué la cathédrale, emblématique de Genève et reproduite ici de mémoire. «L’angle choisi est bien réel. J’ai juste décalé un peu le bâtiment, afin qu’il apparaisse entre les tentacules. Par rapport au dessin original, j’ai amené plus de détails, à l’image des deux petites boules situées de part et d’autre de la girouette. Davantage de finesse également dans l’encrage des arbres tout proches, les racines dans l’eau.»
Mise en couleurs inédite

Réalisée avec des encres aquarelles (écoline), la mise en couleurs est inédite pour ce dessin. Elle respecte les tons des sérigraphies tirées de l’original en noir et blanc de 1988. «Je suis resté sur du turquoise, de l’orange et du gris. Il y a quelques petites différences de densité.»
Que fait la police?

Exem préfère représenter un «non» qu’un «oui», qu’il juge plus déséquilibré graphiquement. Complètement réversible et symétrique, la typographie du mot d’ordre s’inspire de la police Futura, datant des années 1930 et reconnaissable avec ses pointes tranchantes. Il s’agit de l’une des préférées de l’auteur genevois.
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