La guerre en Ukraine boucle sa première année. Les péripéties furent nombreuses, le nombre de victimes considérable et les destructions massives. La communauté internationale, divisée, observe un conflit impliquant l’Occident. L’ONU est inopérante à cause du droit de veto russe. Les résolutions de l’Assemblée générale, sans force contraignante, ne font pas l’unanimité. L’Union européenne, qui se targue d’être la caution de la paix sur le continent depuis près de quatre-vingts ans, a rapidement pris parti. La Commission n’a jamais articulé les mots «cessez-le-feu», ou «paix». Au contraire, sa présidente, Ursula von der Leyen, fonctionnaire non élue, s’est montrée la plus belliciste pour la défense d’un État non-membre, au prétexte qu’il y allait de l’avenir du continent tout entier.
Devant l’échec institutionnel, les combats se poursuivent, les livraisons d’armes se multiplient et la mobilisation de soldats s’intensifie. Les belligérants semblent ne pas avoir encore assez perdu, ou assez gagné, pour passer à la négociation. L’avenir dépendra de la continuation de l’aide américaine à l’Ukraine. L’irréalisme domine. Le président Poutine se déclare prêt au dialogue, à la condition absolue que les «nouvelles réalités territoriales» soient prises en compte.
L’hiver dernier, lors des sommets du G20, puis du G7, le président Zelensky a présenté un plan tout aussi illusoire, qui a été adoubé par Emmanuel Macron et Joe Biden. Il a été mentionné par Olga Zelenska à Davos et présenté au secrétariat de l’ONU, où il connut une fin de non-recevoir. Il s’agit d’un salmigondis inextricable. Son analyse est malaisée. Beaucoup en parlent, peu le connaissent.
«Les belligérants semblent ne pas avoir encore assez perdu, ou assez gagné pour passer à la négociation.»
Schématiquement, le plan demande la sécurité nucléaire, la sécurité alimentaire et la sécurité énergétique. Il réclame que les prisonniers de guerre et les déportés civils soient rapatriés. Ces quatre premières exigences s’inscrivent dans le cadre d’un cessez-le-feu. Les deux points suivants sont habituels de toute négociation d’après-conflit armé: retrait des troupes et respect de l’intégrité territoriale. Quant à la création d’un tribunal pour juger des crimes d’agression et à la compensation des pertes subies, ce sont des dispositions d’un acte de capitulation. Imagine-t-on la Russie à ce point défaite? Les responsables de crimes de guerre ne sauraient être poursuivis par la Cour pénale internationale, car ni la Russie ni l’Ukraine ne sont signataires du Statut de Rome. De plus, la Russie pourrait imposer son veto. La compensation des pertes subies n’a été imposée, depuis le Traité de Vienne de 1815, qu’à des États défaits, jugés coupables. On en est loin.
Trois omissions dans ce rapport méritent d’être soulignées. Il n’est nulle part fait mention de la protection des communautés russophones et des autres minorités culturelles, pourtant raison du conflit en cours. Le plan propose une nouvelle architecture de sécurité, avec des garanties pour l’Ukraine. Serait-ce à dire qu’une adhésion à l’OTAN n’est pas envisagée? Enfin, les dispositions concernant le retrait des troupes ne semblent pas mentionner explicitement la Crimée. Son avenir est-il négociable?
En l’état, ce plan, habile car il cherche à forcer la Russie à se découvrir, ne constitue pas une bonne base de négociation. Toutefois, comme la première dame l’a confirmé à Davos, la proposition se termine par une invitation aux États, prêts à prendre des initiatives dans un quelconque domaine, à se joindre au plan. Cela pourrait encourager des velléités de médiation, en commençant par les aspects les moins ardus.
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L’invité – Et si l’on parlait malgré tout de paix?