Esther Alder: «La rue tue à petit feu...»
La magistrate Esther Alder annonce que l'accueil familles sera prolongé à la Roseraie. Et dévoile qui l'encadrera.

Pour l'avant-dernière fois, Esther Alder fait le bilan du dispositif hivernal d'hébergement d'urgence pour les sans-abri. La conseillère administrative chargée de la Cohésion sociale et de la solidarité, qui ne se représente pas, annonce que la Ville de Genève va proposer un soutien financier à la Halte de nuit.
Sur le plan de l'accueil des familles à l'année, Esther Alder affirme avoir trouvé une association, après le retrait de l'Armée du Salut. Il s'agit de Païdos. Les familles devraient en outre pouvoir rester deux mois supplémentaires dans la maison de l'avenue de la Roseraie.
Jusqu'à quand les familles hébergées à la Roseraie pourront-elles rester?
La maison, propriété de l'État, devait être rendue au 30 avril. J'ai contacté la conseillère d'État Anne Emery-Torracinta et le délai a été prolongé jusqu'au 30 juin. Ce qui nous donne un peu de temps pour lancer des démarches tous azimuts afin de trouver un autre lieu. L'appel est lancé!
N'est-ce pas possible de demeurer à la Roseraie?
L'État semble avoir d'autres projets. Un office du Département de l'instruction publique doit vraisemblablement s'y installer.
L'Armée du Salut, qui assure l'encadrement à la Roseraie, a refusé de poursuivre au-delà du 30 avril. Le budget voté par le Conseil municipal ne serait pas suffisant…
Ce n'est pas parce que les 500 000 francs ne suffisent pas. L'Armée du Salut souhaite se concentrer sur ses autres projets. L'association collabore avec la Ville sur l'hébergement des familles depuis quatre ans. Elle aimerait se focaliser sur son projet d'accueil de nuit qui va être déplacé sur le site de Sécheron. Elle a également un projet d'accueil à la rue des Plantaporrêts, à la Jonction.
La Croix-Rouge ayant aussi décliné, avez-vous trouvé une autre association?
Dès le 1er mai, Païdos prendra en charge l'accueil à la Roseraie. Cette association a une expertise reconnue dans le domaine du soutien à la parentalité et avait déjà mis sur pied, en 2017, un accueil pour des adolescents requérants d'asile à travers Le Sas.
Quel bilan tirez-vous du dispositif hivernal 2018-2019?
Cela fait dix-huit ans que la Ville assume toute seule le dispositif d'hébergement hivernal, d'un coût de 2 millions de francs. Cet hiver, nous avons à nouveau accueilli plus de 1000 personnes (1016). C'est un peu moins que l'an dernier, même si je pense que ce chiffre ne correspond pas à la réalité. Beaucoup de sans-abri se cachent ou ne veulent pas d'un accueil.
Grâce au crédit d'un million de francs voté par le Conseil municipal, l'abri de Richemont va pouvoir être ouvert toute l'année…
C'est un signal très positif. Et en même temps, c'est une nécessité. Enfin, nous en terminons avec la politique du thermomètre. L'expérience pilote menée l'an dernier par la Croix-Rouge grâce à des fonds privés et de la Ville s'est avérée très concluante. Pour la première fois, un abri a été ouvert toute l'année pour les personnes les plus fragiles physiquement et psychologiquement. Mais il est important que cette tâche incombe à la collectivité publique. Depuis le 1er avril, le Service social de la Ville a pris le relais de la Croix-Rouge.
D'un autre côté, ne risque-t-on pas d'institutionnaliser l'accueil en sous-sol, alors que Lausanne n'a plus recours aux abris PC et que la justice interdit un tel hébergement pour les requérants d'asile?
Bien entendu, l'accueil en abri n'est pas idéal. Mais à la différence des questions d'asile, il s'agit d'hébergement d'urgence. Les personnes ne demeurent pas dans l'abri 24 h sur 24. Et pour les familles, nous sommes en train de trouver des solutions en surface, à l'image justement de la maison de la Roseraie.
De plus, dix-neuf studios mobiles vont être inaugurés en juin à la rue du Fort-Barreau, ce qui portera à 88 le nombre de logements relais de la Ville de Genève. En 2018, 217 personnes ont pu être logées grâce à ce dispositif. Trente-six familles en sont d'ailleurs sorties et ont trouvé une solution de logement. Il n'y a pas de réinsertion sociale sans toit.
Désapprouvez-vous aussi sur la forme, comme le conseiller d'État Thierry Apothéloz, l'action d'associations qui ont installé 200 tentes sur la plaine de Plainpalais?
Il est important de donner une visibilité à un problème qui reste invisible pour beaucoup. La rue tue à petit feu. De nombreuses statistiques montrent que la moyenne d'âge des personnes à la rue est de 48 ans. Il y a urgence. Dans cette optique, et dans le prolongement de l'annonce faite par Thierry Apothéloz d'octroyer 20 000 francs à la Halte de nuit dans les locaux du CARÉ aux Acacias, j'ai proposé mon soutien pour que cette structure soit prolongée après le 22 avril. Son montant doit encore être précisé.
Avec la Halte de nuit, les associations ont démontré qu'il était possible de trouver une solution en peu de temps. Qu'est-ce qui bloque au niveau politique?
Le problème, c'est que les sans-abri, personne n'en veut. Chacun se renvoie la balle. Pour le Canton, les 44 autres communes doivent participer, comme la Ville, à l'accueil collectif. Pour les communes, le Canton transfère déjà trop de charges vers elles. Je suggère la mise en place d'un fonds intercommunal, à l'image de celui qui existe pour la culture ou le sport. Les sommes ne sont pas si astronomiques que cela.
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