Livres, BDErri de Luca, Cucherousset et Lilian Ross révisent leurs classiques
Des textes revisités, une sorcière iconoclaste, une critique de cinéma (et d’autres choses) inspirée… c’est un week-end pour se moquer des conventions!

Futuropolis et Gallimard conjuguent leurs talents
Illustration Il y a plus d’une trentaine d’années, Futuropolis et Gallimard s’étaient déjà associés pour revisiter des textes de grands écrivains par des auteurs BD prestigieux. Parmi d’autres, Tardi avait illustré Céline, Juillard Faulkner et Loustal Mac Orlan. En 2022, les deux éditeurs lancent conjointement une nouvelle collection: La petite littéraire.
À nouveau illustrée par de grandes signatures de la BD, cette série de livres met en avant des œuvres courtes dans leur texte intégral, agrémentées d’illustrations en pleine page, voire sur des doubles pages. Manuele Fior et Andrea Serio ouvrent le bal, inspirés par la prose de Fred Uhlman («L’ami retrouvé») et Erri De Luca («Le poids du papillon»).
Images élégantes, textes envoûtants. Une initiative à suivre. PMU
Nom d’un suppositoire, un conte de fée pas comme les autres!

Jeunesse Avec sa compagne Camille Jourdy, Émile Cucherousset avait imaginé des frères lapins, Truffe et Machin (2018) dont le fort potentiel poétique échappait un peu aux jeunes générations. Surdoué en matière de bricoles à résoudre, cet ancien éducateur spécialisé dans le handicap mental, caviste fromager, potier à ses heures, rectifie le tir avec Gabardine et Petite Chose.

Dans une déferlante de drôlerie iconoclaste et de magie fertile, l’auteur torpille le mauvais sort et «désengrenouille» les victimes d’embrouilles. «Il faut s’amuser jusqu’au bord de la peur pour sonder l’inconnu», explique l’énergumène ici associé au dessinateur bien barré Benoît Audé.
Et quand les palabres ne suffisent pas, «nom d’un suppositoire», il faut parfois embrasser le crapaud pour retrouver son âme sœur. Un délice. CLE
Quand Lillian Ross racontait Hollywood (entre autres)

Essai L’Américaine Lillian Ross, décédée à 99 ans en 2017, pionnière du journalisme littéraire, ne jouit pas de la notoriété parfois tapageuse d’un Tom Wolfe, ou de l’assise incontestable d’un Truman Capote. Les textes de «Toujours sur la brèche» complètent les seuls essais traduits, sur François Truffaut et John Huston.

Et c’est un gros plaisir de se faufiler à la suite de cette curieuse qui ne ratait jamais le détail qui pique l’ensemble. L’intime des stars disait avec lucidité: «A Hollywood, j’ai cultivé des amitiés, superficielles pour la plupart.» C’est dans la distance de complicité vacharde mais bienveillante qu’elle fascine de Martin Scorsese à Wes Anderson.
Lillian Ross épate aussi en s’aventurant dans des zones plus incertaines, concours de beauté Miss America ou portrait d’un matador hirsute de Brooklyn. CLE
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