Erik Truffaz souffle sur la lune rouge
Le trompettiste ouvre JazzContreband mardi 1er octobre à l'Alhambra et sort un nouvel album.

Des éclats de notes bourgeonnent sur les cymbales. Transformé par une série d'effets électroniques, le son vibre, oscille, gonfle et s'efface. Suit un break beat rapide, baguettes au clair – presque un solo de jazz traditionnel. Mais la basse qui s'amène remet tout au pas. Ce sera du groove. Lorsque, enfin, d'un timbre feulant, légèrement brisé, la trompette appose sa signature. À présent, c'est une ballade, accompagnée d'un piano.
On se dit, parfois, qu'Erik Truffaz tourne depuis trop longtemps autour d'un même pot. Possible. D'ailleurs, c'est sans doute pour cette raison que le souffleur franco-suisse a pareillement affiné son art. En creusant, creusant dans les parages de l'acid jazz, en serpentant parmi les monuments érigés entre autres par Miles Davis, Erik Truffaz trouve encore matière à émouvoir.
De rap et d'élégance paré
Sur disque, paraît cet automne un nouvel album en clair-obscur, d'une sérénité séduisante, réalisé avec son quartet. Où l'on retrouve les indispensables Marcello Giuliani à la basse et Benoît Corboz aux claviers. Un petit nouveau participe à la réunion, Arthur Hnatek, formidable batteur genevois expert en bidouillages synthétiques. «Lune Rouge», ça s'appelle. Celui dont on a décrit, ci-dessus en guise d'introduction, un titre absolument captivant, «Alhena», suivit d'un «Nostalgia» sans faux-semblant, ni faux plis. Il y a même une chanson d'allure pop, le caressant «She's The Moon», avec la voix d'Andrina Bollinger, musicienne suisse alémanique. Parution prévue le 11 octobre.
La veille, ou presque, Erik Truffaz aura eu le temps de revisiter un autre de ses albums, vieux de 20 ans celui-là: en compagnie du même quartet – avec le non moins fidèle Marc Erbetta à la batterie cette fois – le trompettiste retrouve «Bending New Corners» en ouverture du festival JazzContreband, mardi 1er octobre à l'Alhambra. Le rappeur vaudois Nya viendra, comme sur la version studio parue en 1999, poser ses phrasés souples, proches du spoken word, parmi les instrumentaux finement syncopés, assez funky même sous leurs manières d'élégance décontractée.
«Bending New Corners» porte l'estampille du label Blue Note. Erik Truffaz avait 40 ans cette année-là. L'an prochain, il en aura 60. «Avec l'âge, le son de la trompette change, et en bien. Ça va de pair avec l'évolution de la voix. Tout est de plus en plus rond. De plus en plus aisé, également, lorsqu'il s'agit de jouer en acoustique.» Raison de plus pour trouver le bon microphone: «Sur scène, j'essaie de trouver un son au plus près de la réalité. Comme en studio. D'ailleurs, si mon premier disque chez Blue Note ne contenait aucun effet, le dernier lui aussi n'en a presque pas.»
Inspirations électroniques
Erik Truffaz cultive la trompette nature. Ce qui n'empêche le musicien d'apprécier les apprêts d'un voltage adéquat. «Je suis un enfant des années 70. J'ai commencé à électrifier ma trompette à l'âge de 14 ans.» Et la musique électronique? N'est-ce pas la base de son esthétique? «Avec Marc Erbetta, en effet, on a écouté beaucoup de drum and bass, dont on repiquait les rythmes tels quels. L'électronique ayant évolué, le dubstep, avec son tempo plus enlevé, s'est introduit dans le quartet. Enfin, Arthur Hnatek amène des idées plus récentes encore. S'il y a un maître d'ouvrage sur «Lune Rouge», c'est lui. Nous avons trente ans d'écart. Trouver du sang neuf est très important.»
Suivre l'air du temps, Erik Truffaz fait cela fort bien. «Comme Ellington, comme Parker à leur époque.» Le propre du jazz, c'est cela: absorber, digérer. «Sinon, la machine s'arrête. Et ça s'entend.»
Erik Truffaz Quarteten concert avec Nya, ma 1er oct., 20 h, Alhambra, festival JazzContraband, 1re partie: Oestetik. «Lune Rouge» (Warner), sortie le 11 oct.
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