Le comédien Volodymyr Zelensky a décroché son plus grand rôle ce dimanche. Celui qui incarne un professeur d'histoire propulsé à son insu à la tête de l'Ukraine dans la série «Le serviteur du peuple» a remporté le second tour de la présidentielle avec plus de 73% des suffrages. Face à son adversaire, le président sortant Petro Porochenko, la victoire de cet humoriste de 41 ans est sans appel. Jamais un dirigeant n'a obtenu un tel plébiscite en Ukraine.

Le candidat, qui a promis de «casser le système», incarne un changement profond, mais son arrivée au pouvoir dans ce pays en guerre aux portes de l'Union européenne s'accompagne de nombreuses incertitudes. Élu sur un programme flou fait de vagues promesses et marqué par un vent de «dégagisme», Zelensky va devoir passer des plateaux de cinéma à la scène politique sans ses scénaristes. Et il n'aura pas droit à l'erreur.

Les attentes de la population sont énormes. Comme son personnage de fiction, il a promis de faire de la lutte contre la corruption une priorité. Comment? Avec quels alliés? Va-t-il faire des compromis avec les oligarques? Réponse dans la prochaine saison du «Serviteur du peuple». En attendant, il va devoir affronter un parlement hostile et rassembler des forces pour gagner les législatives à la fin d'octobre. Last but not least, le jeune président va devoir relancer les négociations de paix avec Vladimir Poutine, ce qui fait craindre à ses détracteurs un retour de l'Ukraine dans le giron russe.

Cinq ans après la révolution de Maïdan et son lot de désillusions, les Ukrainiens ont décidé de tourner la page. Dans un paysage politique sclérosé, marqué par des années de conflit et de difficultés économiques, ils cherchaient un nouveau visage qui les aiderait à sortir la tête de l'eau. Ce choix n'est pas sans risque. En portant un néophyte en politique aux plus hautes sphères de l'État, ils plongent dans l'inconnu.