Portrait d’un comédien«En impro, nous sommes tous un peu zinzins»
Avec la Compagnie Patricia···, Lionel Perrinjaquet, en tandem avec Nadim Ahmed, est l’un des maître d’œuvres d’un spectacle qui s’annonce hybride et endiablé. On fait son portrait.

Sur l’affiche, une plante en pot, tenue à bout de bras par quelqu’un dont on ne voit pas la tête. La chemise du personnage est orange, le fond de l’image n’a rien d’un à-plat et propose au contraire des teintes entre violet et doré qui forment des motifs nuageux, description il est vrai, partiale et subjective.
En haut à droite, une étiquette bleue donne le lieu, «Le caveau - théâtre», avec la mention «100% impro» juste dessous. Les dates figurent en bas de l’affiche, du 27 avril au 7 mai, pendant qu’un autre bandeau bleu précise qu’il s’agit d’une création originale de la Compagnie Patricia··· (les 3 points médian sont de rigueur) dans le cadre des projets soutenus par Le Caveau. Et puis il y a le titre du spectacle, «Le Patricia», juste au-dessus de la plante, presque aussi énigmatique qu’elle. Aucune mention de comédiens.

Intrigués par l’ensemble, on décide d’en savoir plus et on contacte l’un des maîtres d’œuvre du spectacle, Lionel Perrinjaquet, comédien et improvisateur dont on a parfois croisé la route sur d’autres scènes. On le retrouve sur la scène du Caveau, au terme d’une après-midi de répétitions.
«Le titre du spectacle découle de celui de la compagnie, assure-t-il. On voulait un prénom féminin qui accroche un peu tout en étant décalé, mais pas forcément courant. Les points médian figurent l’inclusivité.» Le spectacle ? «On ne voulait pas faire du long form, ni du cabaret.» Comme presque toujours en impro, il s’agira d’une suite de scénettes, aux thèmes donnés par les spectateurs. «Un kaléidoscope de monologues, de scènes, de jeux, de musique, de mouvement», comme on peut le lire sur la page Facebook de Nadim Ahmed, qui travaille en tandem avec Lionel.
Débuts à l’âge de 15 ans
Les thèmes pourront se ramifier. «Je vous donne un exemple. Si on prend le thème de la racine, cela pourrait aussi bien devenir une histoire de jardiniers qu’une affaire de quête du père. Sur scène, il y aura Nadim Ahmed, Raphaël Archinard, Bastien Blanchard, Verena Lopes, Alexandra Marcos, Noà Bollmann et moi-même. Plus Léon Boesch à la musique. Point saillant de la Compagnie, tous ses éléments font du théâtre et de l’improvisation.» Les deux ne sont en effet pas antinomiques. Affaire de technique, différente d’un cas à l’autre.
«Mais c’est dans l’impro que je me réalise le plus, tout simplement parce que j’ai davantage d’expérience, rajoute Lionel, volubile et visiblement hyperactif, tout en ajoutant qu’il «risque d’avoir changé d’avis d’ici un mois». «Cette saison, j’ai fait beaucoup d’impro. J’ai 40 ans cette année et j’ai débuté à l’âge de 15 ans.» Avec beaucoup d’autres choses dans l’intervalle.
Né en 1983 à Genève, l’homme a suivi une scolarité normale et classique. «Comme mes parents sont divorcés et que mon père était retourné vivre à Bulle, j’y passais plusieurs semaines par année. Ensuite, j’ai étudié l’histoire économique et sociale. Plus un mois, pas plus, dans une banque. J’ai aussi été au CPV (Centre Protestant de Vacances) tout en faisant une succession de petits jobs, du restaurant Manor à la librairie Pacifique. »
À 31 ans, il prend enfin une décision, celle d’étudier le théâtre. Aussi s’inscrit-il à l’école Serge Martin. «Cela m’a appris à maîtriser l’outil, à posséder la technique. Pour résumer, j’ai commencé l’impro à 15 ans et le théâtre à 30. Mais je me souviens encore de la première fois où je suis monté sur scène. J’avais 12 ans. C’était une pièce pour l’école. Et le résultat avait été hyper grisant. Sinon, l’impro, à cette époque, c’était la FIG (Fédération d’Improvisation genevoise), qui était la matrice, la maison mère. J’en ai même été président. J’aimais ce monde-là et je dois avouer que nous sommes tous un peu zinzins. Il y a des milieux où sortir du cadre est mal vu. En impro, c’est l’inverse.»
Pas assez bon en punchlines
Aujourd’hui, ce que Lionel préfère dans l’impro ou le théâtre, c’est que tout soit aligné. «Le public, les partenaires, le texte. En revanche, tout ce qui relève de la production, de la mise en place, commence à me peser un peu alors que c’était mon métier principal. Tout ce qui est administratif est cauchemardesque.»
Le stand-up l’a un peu titillé, mais pas plus que ça. «Il faut avoir des prédispositions. Je pense que je ne suis pas assez bon en punchlines. Pareil pour le cinéma, s’il y avait une opportunité, j’irais tenter l’expérience, mais ça ne se présente pas.» Sinon, il se définit comme quelqu’un d’hyperactif mais qui peut parfois procrastiner. «Surtout l’hiver, conclut-il. Ah et je peux aussi être addict aux jeux vidéos.»
«Le Patricia», par la Compagnie Patricia···, du 27 avril au 7 mai, Théâtre Le Caveau, 9 avenue de Sainte-Clotilde. theatrelecaveau.ch
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.