FranceEmmanuel Macron, un «choix de la raison» pour les médias suisses
L’ensemble des médias suisses a salué la réélection d’Emmanuel Macron dimanche en France, mais note que l’heure n’est pas à l’euphorie.

Sans se bercer d’illusions sur le nouveau quinquennat, les médias suisses ont dans l’ensemble salué la réélection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République française. Marine Le Pen faisait figure d’épouvantail.
Dans son éditorial, Arcinfo donne le ton: «La France a évité le pire. Pour le mieux, il faudra attendre. Emmanuel Macron peut savourer sa victoire. Mais le temps de la célébration sera bref», estime le quotidien neuchâtelois.
Le rédacteur en chef de Blick en Suisse romande Michel Jeanneret joue avec les mots: «Pour freiner les extrêmes, Emmanuel Macron dispose de cinq années supplémentaires afin de véritablement mettre sa République ‘‘en marche’’, écrit-il. «Après avoir plutôt mal géré la grogne sociale des gilets jaunes et les problèmes d’une France ‘‘d’en bas’’ qu’il ne semblait pas vraiment comprendre (…), le président français a beaucoup de pain sur la planche.»
Colères
Au TJ de la RTS, Laurent Burkhalter a estimé que le «combat ne faisait que commencer». Ukraine, réforme des retraites, inflation, pouvoir d’achat: les défis sont nombreux, et «la colère pourrait exploser» en France, a-t-il prévenu.
«Le Temps», sous la plume de Richard Wehrly, évoque aussi la colère: «La grande question, désormais, est de savoir si ce président de 44 ans, largement réélu parce qu’il entend maintenir son pays arrimé à l’Union européenne, peut répondre aux colères des électeurs du Rassemblement national, mais aussi à celles des 28% d’abstentionnistes, un record sous la Ve République.»
«Moins de ferveur»
Même tonalité du côté du correspondant à Paris des titres romands de Tamedia, Alain Rebetez. «Cette victoire ne doit pas occulter l’état de tension du pays. En cinq ans, l’électorat de Marine Le Pen a progressé, au second tour, de 34% à 42% des voix exprimées. L’abstention également a progressé et si l’on additionne les bulletins blancs ou nuls (…), c’est une très forte minorité, peut-être même une majorité qui a exprimé un vote contestataire», relève-t-il. Et de constater encore que cette réélection a suscité «moins de ferveur» qu’en 2017.
«Le Courrier» n’y va pas par quatre chemins: «Visiblement, le vote barrage fonctionne toujours. Ce qui est une bonne nouvelle, tant il est vrai que si les deux candidats sont issus du même moule libéral fait de démantèlement social et de cadeaux au grand capital, l’arrivée au pouvoir de l’héritière d’un parti fasciste aurait eu des effets dévastateurs», écrit-il. Watson en Suisse romande évoque pour sa part «une victoire contre le nationalisme et le complotisme».
«La Liberté», par la voix de son rédacteur en chef François Mauron, est d’avis que «les Français ont fait le choix de la raison. En confiant les clés du Palais de l’Élysée à Emmanuel Macron, ils optent pour une forme de continuité rassurante plutôt que d’engager leur pays sur la pente savonneuse qu’aurait représentée l’élection de Marine Le Pen».
«Un moindre mal», pour les Alémaniques
Outre-Sarine, le regard est un peu plus sobre. Pour l’hebdomadaire conservateur «Die Weltwoche», si Emmanuel Macron a été souverainement réélu, son parti pourrait bien ne plus obtenir la majorité aux législatives en juin. «Le big bang de la politique française continue», observe le journal. «L’euphorie est passée.»
Sur son site internet, la radio-télévision alémanique SRF estime simplement que «l’élection d’Emmanuel Macron correspond à la logique du moindre mal. L’aversion envers Marine Le Pen était trop forte». Le «Tages-Anzeiger» évoque un «soulagement à Paris». Mais l’heure n’est pas à l’euphorie. «Beaucoup de Français doivent avoir poussé un léger ouf de soulagement. Cela s’est encore une fois bien passé», note le journal en tentant de résumer le sentiment général. «Emmanuel Macron va devoir réconcilier un pays fatigué.»
Pour la NZZ, Emmanuel Macron a «triomphé sans éclat». Au final, «la raison l’a emporté, mais le pays reste très polarisé, et le dégoût de la politique est important. Le président y a contribué. Il faut y remédier».
ATS
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