Le 25 septembre 2016, le peuple suisse refuse l’initiative pour une économie circulaire. Cinq ans plus tard, le 13 juin 2021, la loi sur le CO2 passe à la trappe. Mais dans les deux cas, à Genève, ces textes novateurs sont acceptés. Le premier à 51,5%, le second à 61,4%. Et le 29 novembre dernier, Genève dit oui à 64,2% à des multinationales responsables. Une belle légitimité politique pour explorer le champ des possibles dans notre canton.
La transition écologique et sociale est une nécessité, nous le savons tous, si nous voulons garder notre Planète viable et vivable. Mais pour qu’elle soit perçue également comme individuellement désirable, elle doit répondre à ce constat formulé par Nicolas Hulot : concilier les fins de mois de la Planète avec celles des personnes et des entreprises. Ce qui est écologiquement nécessaire doit ainsi être aussi socialement et économiquement prometteur en termes d’emploi, de moyens de vivre, de perspectives, de satisfactions.
Les chiffres sur les emplois apportés par la durabilité sont impressionnants. L’OIT estime à 24 millions nets les places de travail résultant de la transition énergétique. Aux Etats-Unis, le renouvelable compte 8,5 fois plus de salariés que le charbon et l’ONU évoque 380 millions de nouveaux emplois d’ici 2030 créés par la mise en œuvre de l’Agenda 2030, le programme mondial de développement durable. Quant à l’UE, elle estime que ses propositions pour l’économie circulaire généreront 700'000 emplois d’ici la fin de la décennie.
Il est temps d’étudier très concrètement ce potentiel pour Genève, de totaliser les emplois et les revenus créés par les plans cantonaux du climat, de l’énergie ou de la biodiversité. Il est temps de faire le lien entre la dynamique de la finance durable à Genève et les investissements nécessaires. Il est temps de mesurer avec précision le flux des matières sur notre territoire, de même qu’on le fait pour les flux d’énergie, afin de mieux cerner les contours de l’économie circulaire et de ses composantes que sont l’économie de la fonctionnalité (utiliser mais non posséder) et l’écologie industrielle, et de fonder un plan d’action. D’ores et déjà, de belles réalisations sont en cours, par exemple dans la Zone industrielle du Bois-de-Bay. Il est temps d’activer plus systématiquement le rythme d’assainissement du parc immobilier, que le plan directeur de l’énergie veut passer de 0,9% par an à 2,5% d’ici 2030. Enfin, il est temps de faire la jonction entre l’emploi, l’employabilité à travers la formation, et l’investissement.
Un tel programme permettrait à l’économie genevoise de bâtir sur ses compétences reconnues pour contribuer le plus possible à la résilience locale et globale. Le volet social de ce programme nécessitera de revenir sur des enjeux souvent mal compris, comme le revenu de transition écologique. Les exigences écologiques et sociales doivent être traitées ensemble afin de « ne laisser personne au bord du chemin », comme le demande l’Agenda 2030. Dans cet effort collectif, l’Economie sociale et solidaire, qui a inscrit la durabilité dans son ADN, met les bonnes pratiques éprouvées de son réseau au service des mutations nécessaires.
* Membre du comité d’Après, le réseau de l’Economie sociale et solidaire à Genève
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L’invité – Économie durable: tout un programme!