C’est un modeste aménagement. Il est prévu pour l’été, mais les habitants espèrent déjà qu’il sera pérennisé. Aux Eaux-Vives, la rue Sillem et un bout de la rue de Montchoisy sont rendus aux habitants et la rue du Nant voit ses trottoirs s’élargir avec des plateformes en bois. Des décennies que les habitants appellent à l’aide les autorités afin de desserrer l’étau du trafic motorisé individuel. Enfin, un peu d’air frais, d’écoute et d’action. Merci aux services de la Ville pour ce premier pas.
En regard des nuisances que subit ce quartier, c’est encore maigrichon. Les Eaux-Vives, quartier martyr du trafic de transit, voit quotidiennement des milliers de voitures le balafrer au mépris de la loi pour une mobilité cohérente et équilibrée (LMCE). C’est pourtant sur la ceinture urbaine que devraient passer les hordes de carlingues, afin d’épargner les quartiers et leurs habitants. Les valeurs limites d’exposition au bruit sont explosées. Les usagers vulnérables (piétons, cyclistes) risquent quotidiennement leur vie dans un espace urbain saturé de véhicules. La plage des Eaux-vives, fierté genevoise saluée loin à la ronde, a conduit à une augmentation exponentielle du trafic et du parcage sauvage dans le quartier.
«Des décennies que les habitants appellent à l’aide les autorités afin de desserrer l’étau du trafic motorisé.»
Les voix critiques ne se contenteront pas de cette minipiétonnisation estivale de trois petits segments de rue. Les commerçants, à raison, dénonceront sûrement le manque de places de livraison. C’est vrai, les commerçants doivent être davantage consultés, protégés, et suivis dans leurs demandes. Après tout, nous avons un exemple magnifique, celui du quartier de la Vieille-Ville. Adéquatement protégé du trafic motorisé individuel grâce à une régulation habile par des bornes rétractables, ce quartier est viable. Les commerces s’y portent mieux. Pourquoi seraient-ce uniquement les quartiers bourgeois qui bénéficieraient de ce genre d’aménagements? Pourquoi seraient-ce seulement le parvis de la cathédrale, la place du Bourg-du-Four, la rue de l’Hôtel de Ville, qui seraient pacifiés? La pizzeria du Jet d’Eau n’est pas le café Papon, les habitants ne pourraient-ils toutefois pas y manger en paix?
Si les autorités n’entendent pas les cris des habitant·e·s, ne font pas respecter la loi sur la protection de l’environnement (LCE) ainsi que les ordonnances sur la lutte contre le bruit (OPB), il est compréhensible que des associations d’habitants empoignent le marteau-piqueur. Les modestes aménagements des Eaux-Vives doivent être salués, il faut surtout passer la deuxième vitesse pour une piétonnisation générale et une protection des habitants comme l’exige la loi.
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L’invité – Eaux-Vives: un petit pas vers du mieux