CyclismeDu myorelaxant dans les bidons
On a analysé les cheveux de sept cyclistes et, chez trois d’entre eux, on a trouvé les traces d’un relaxant musculaire. Bizarre.

Les cyclistes nous étonneront toujours: voilà que des toxicologues de Strasbourg ont trouvé les traces d’un relaxant musculaire dans leurs cheveux! Cette molécule répond au joli nom de tizanidine, elle est commercialisée sous l’appellation de Sirdalud ou Zanaflex. Que diable les cyclistes peuvent-ils bien faire de ce médicament, utile en cas de spasmes musculaires douloureux, d’hypertonie musculaire associée à une sclérose en plaques, à des lésions médullaires, à des lésions cérébrales? Quelle que soit l’indication, nous sommes assez loin du cyclisme et de sa robuste pédalée.
«Ce sont des recherches que nous avons menées à la demande du pouvoir judiciaire», explique Pascal Kintz, premier auteur de l’article paru dans la revue «Drug Testing and Analysis» de septembre.
Médicament autorisé
L’article nous apprend qu’au cours d’une course de trois semaines, des policiers ont contrôlé toute une équipe professionnelle, saisissant des appareils médicaux et des produits. Les policiers étaient accompagnés d’un spécialiste en médecine forensique, qui a prélevé des cheveux sur les sept cyclistes. Comme les policiers avaient trouvé de nombreuses boîtes de tizanidine dans la chambre du médecin de l’équipe, les analyses toxicologiques des cheveux ont aussi porté sur cette substance, qui fut décelée chez trois professionnels.
«En dépit de ses propriétés myorelaxantes et de son intérêt dans le traitement des blessures sportives, comme les entorses du poignet, de la cheville et du genou, la tizanidine n’est pas un médicament interdit dans le sport», avertissent les auteurs de l’article.
«La tizanidine pourrait aider à la récupération, qui joue un rôle capital sur une course de trois semaines.»
Selon un spécialiste du dopage, qui souhaite rester anonyme, il y a longtemps que les sportifs recourent à la tizanidine. «Sur une course de trois semaines, explique-t-il, la récupération joue un rôle capital. Au bout de quelques jours, après avoir roulé 180 km chaque jour, les cyclistes ont du mal à trouver le sommeil, par la faute d’une musculature trop contractée. Cela pourrait être une explication à la présence de tizanidine dans la pharmacie de l’équipe.»
Pour Martial Saugy, ancien directeur du Laboratoire antidopage de Lausanne, «les myorelaxants pourraient renforcer l’effet du massage», ou alors, «la combinaison d’analgésiques et de myorelaxants retarderait l’apparition des douleurs».
Pour leur inventivité et leur lecture attentive des notices d’emballage, les cyclistes mériteraient le prix Nobel de médecine.