Prix d’architecture (10/10)Du bois et du végétal pour un habitat durable
Aux Sciers, le bureau F. Graf & J. Menoud, a conçu un immeuble mêlant bois et béton, au cœur duquel des patios font entrer lumière et végétation dans les appartements.

Dans le quartier des Sciers, fraîchement sorti de terre à Plan-les-Ouates, un immeuble tranche avec ses voisins. Sa construction en bois et ses balcons, courant sur toute sa longueur, contrastent avec les matériaux et le style des autres bâtiments. Les architectes qui l’ont conçu, Julien Menoud et Michael Wyss, du bureau F. Graf & J. Menoud, ont souhaité se démarquer, tout en rappelant l’histoire du site.
«À l’origine, les Sciers étaient une zone d’exploitation forestière, souligne Julien Menoud. Nous sommes donc partis sur ce thème. L’idée était aussi d’amener un peu de mixité dans un ensemble très minéral, avec un objet plus doux, qui dialogue avec les futurs arbres du quartier.»
Un matériau durable
Notons qu’ici, le bois ne sert pas qu’à habiller la façade, comme c’est parfois le cas. Si les dalles et les piliers qui les soutiennent sont en béton, les murs extérieurs sont entièrement en bois, avec une couche d’isolation au milieu. «Cela permet de proposer un bâtiment durable où le béton n’est utilisé que là où il est le plus utile», explique l’architecte. Le bois est également très présent à l’intérieur, qu’il s’agisse des mains courantes des escaliers, des portes ou des parquets en chêne.

Contrairement aux loggias des immeubles voisins, les balcons sont ici en saillie et bordés d’un léger barreaudage en inox brut. «Quand ils sortent sur leur balcon, nous voulions que les locataires puissent être en immersion totale dans le site, qui le vaut bien, poursuit Julien Menoud. Pour les locataires qui souhaitent plus d’intimité, ces barreaudages sont conçus comme support à une végétalisation possible, et souhaitée.» Les architectes et la Ville de Plan-les-Ouates, maître d’ouvrage, encouragent vivement les habitants à garnir leurs balcons de plantes, ce qui est déjà en partie le cas.
Un hall pour favoriser les rencontres
La végétation va même s’inviter à l’intérieur du bâtiment, grâce à deux patios, qui en constituent l’un des éléments forts. Mais d’abord, arrêtons-nous un instant sur le hall d’entrée. Davantage qu’un simple lieu de passage, il assure une certaine mixité sociale. Car l’édifice est divisé en trois tranches: la première est composée de HLM, la deuxième est en loyer libre et la troisième en PPE. Mais elles sont desservies par un seul et même hall lumineux, qui s’étire d’un bout à l’autre de l’immeuble.
«C’est un espace de socialisation important, où s’articulent toutes les fonctions communes», souligne Michael Wyss. À l’une de ses extrémités se trouve l’unique buanderie, ainsi que l’accès au parking souterrain. À l’autre bout se trouve le local à vélo, à l’allure de vélostation. «Les gens parcourent donc régulièrement le hall, ce qui fournit de nombreuses occasions d’échanges.»

Au milieu se trouve une salle polyvalente que tous les habitants de l’immeuble peuvent utiliser pour des fêtes. Et surtout, deux patios vitrés ponctuent l’espace, tout en lui procurant un surplus d’éclairage naturel. Des bambous géants et une végétation de type sous-bois doivent y être plantés. Lors de notre passage, ces travaux n’étaient pas encore achevés, mais il n’est pas difficile d’imaginer l’effet que feront ces «jardins» intérieurs.
«Les patios ne sont pas couverts par une verrière, précise Julien Menoud. L’air y circule et la pluie peut arroser ses plantes. Ils mettent du vivant au cœur des logements et y apporteront de la fraîcheur en été.» Certains appartements possèdent en effet des baies vitrées ou des fenêtres donnant sur les patios. Elles sont habilement disposées, de manière qu’on ne puisse pas voir chez ses voisins.


Vue sur bambouseraie
L’agencement des logements, qui vont du trois au sept pièces, varie. «La structure portante constituée de piliers nous a laissé une grande liberté dans le dessin des plans et pour créer la diversité recherchée», se réjouit Michael Wyss. La plupart s’organisent autour d’une grande pièce à vivre, très tendance, faisant office à la fois de cuisine, de salle à manger et de salon. Mais les plus originaux sont ceux où ces deux dernières fonctions se situent dans des espaces distincts, reliés entre eux par la cuisine, grande ouverte sur le patio grâce à sa large baie vitrée. Autrement dit, on y fait sa popote avec vue sur une bambouseraie intérieure. Effet zen garanti!
«On ne voit pas souvent de tels patios, qui amènent de la chaleur avec leur végétation, remarque Fabienne Monbaron, maire de Plan-les-Ouates, qui a fait partie du jury pour le concours d’architecture sur ce périmètre. Ce projet nous a plu par son utilisation d’un matériau durable, le bois, et parce qu’il apporte de la diversité dans l’architecture du quartier.»

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