«Je regrette la fuite malencontreuse révélée par un média de service public la semaine dernière», a déclaré Sami Kanaan lors de l’annonce officielle de la prochaine direction de la Comédie. «Il n’était déontologiquement pas correct de divulguer une décision qui n’avait pas été prise.»
On ne refera pas l’histoire. Mais l’occasion est bonne pour s’interroger sur l’art de mettre en scène une information. Tout événement planifié se pense en effet dans sa théâtralité, qu’il s’agisse d’un championnat sportif, de funérailles royales, d’une invasion militaire ou de la nomination d’un·e responsable à la tête d’une institution.
Pendant son mandat, le duo NKDM aux commandes de la plus prestigieuse de nos salles de spectacle a soigné la dramaturgie interne de sa programmation: les spectacles ont dialogué entre eux, se sont fécondés mutuellement, prouvant que «le théâtre, c’est ce qui permet de voir quatorze fois «La Cerisaie» sans s’en lasser», pour reprendre la formulation de la codirectrice en partance.
La queue de poisson a-t-elle apporté quelque chose à la narration prise en charge par la Fondation d’art dramatique? Pas sûr. Elle a offert un scoop à la RTS, certes. Elle a assouvi des impatiences, vrai. Mais outre bousculer les personnes directement concernées par la nouvelle, elle a temporairement occulté la nature du projet de la future directrice, Séverine Chavrier. Pour prendre connaissance de ce dernier, il a quand même fallu attendre le dénouement.
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L’éditorial – Dramaturgie d’une nomination