LittératureDouglas Kennedy nous donne rendez-vous avec Isabelle, l’après-midi
L’auteur américain raconte une vie faite de passions amoureuses, de temps alternés et de choix.

Ces après-midi-là ont toute l’intensité qu’il faut pour hanter à vie l’âme romantique d’un jeune homme mélancolique. Sam a 21 ans. L’Américain débarque à Paris pour s’offrir la vie de bohème avant d’intégrer Harvard, le droit, et d’entrer dans le rang. Pour Isabelle, il sera Samuel. La rousse Française, classieuse, très mariée, de quatorze ans son aînée, lui fixe rendez-vous avec la régularité métronomique d’un psychanalyste à 17 heures, trois fois par semaine, au 9, rue Bernard-Palissy. Son bureau de traductrice. Sa tanière, le lit, du vin rouge, des cigarettes plein de cendrier, leur passion – «Nous étions possédés. Fous.»
Samuel reviendra souvent, 9, rue Bernard-Palissy, durant les années qui suivront. Jamais ailleurs, jamais davantage. «Dans une vie, il faut plusieurs pièces, plusieurs compartiments», assène Isabelle. Il accepte la règle, les invitations calligraphiées, noir sur blanc, parfois un télégramme quand l’urgence les étreint. C’est l’amour. Ils se rejoignent sur leur enfance triste et solitaire, leur goût de la littérature, des vieux films d’auteur, de la musique classique et du jazz. Sam se rend immédiatement, Isabelle luttera longtemps. Il aura d’autres femmes, elle aura d’autres hommes, ils auront des enfants, des drames, et toujours le choix. Jusqu’à l’ultime seconde.
C’est le choix que met sur la table Douglas Kennedy dans «Isabelle, l’après-midi», la liberté d’être soi. Des milliers de pages ont été écrites sur le sujet, des millions de notes. On suit pourtant sur 300 pages sans la moindre lassitude l’écrivain américain, 65 ans, car tout ce qu’il exprime sonne juste, sincère et humain d’une façon désarmante. Il dit la vie toute nue, rien d’autre, et sa conclusion est éternelle: «On verra».
«Isabelle, l’après-midi» de Douglas Kennedy, Belfond, 308 p.
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