Donald Trump déclenche une guerre commerciale avec l'Europe
Les États-Unis ont imposé jeudi des taxes sur l'acier et l'aluminium de l'Union européenne, du Mexique et du Canada.

Entre sa rencontre mercredi avec la star de télé-réalité Kim Kardashian pour parler de la réforme carcérale aux États-Unis et un déplacement au Texas, Donald Trump a déclenché jeudi une guerre commerciale avec l'Union européenne (UE), le Mexique et le Canada. La Maison-Blanche a annoncé qu'elle appliquerait dès ce vendredi des taxes de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium. Ces tarifs douaniers avaient été annoncés par le président américain en mars, mais l'UE, le Mexique et le Canada avaient reçu une exemption provisoire pendant leurs négociations commerciales avec Washington.
Wilbur Ross, le secrétaire américain du Commerce, a justifié la démarche de l'administration Trump en affirmant jeudi que les négociations n'avaient pas suffisamment progressé pour justifier un prolongement de ces exemptions. «Nous restons disposés, voire déterminés, à avoir de nouvelles discussions avec tous ces partenaires», a-t-il assuré. La Maison-Blanche cite aussi des impératifs en matière de défense. «Des importations excessives (d'acier et d'aluminium) menacent notre sécurité nationale, car de nouvelles fermetures de nos sites de production créeraient une situation dans laquelle les États-Unis seraient incapables de faire face à leurs besoins pour leur défense et leurs infrastructures en cas de catastrophe», a-t-elle affirmé dans un communiqué envoyé peu après l'annonce des nouvelles taxes.
La riposte ne s'est pas fait attendre. L'Union européenne a porté plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle va également prendre des mesures de rétorsion sur certains produits américains et envisage de taxer notamment les jeans, les motos Harley-Davidson et le bourbon. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, n'a pas caché son irritation dans un discours jeudi à Bruxelles. «C'est totalement inacceptable qu'un pays impose des mesures unilatérales en matière de commerce, a-t-il martelé sous les applaudissements. C'est une mauvaise journée pour le commerce mondial.»
Le Mexique, qui renégocie en ce moment l'accord de libre-échange nord-américain (ALENA) avec le Canada et les États-Unis, a annoncé l'instauration de taxes équivalentes sur plusieurs produits américains, dont l'acier, le raisin, les pommes et les pieds de porc. Le Canada a aussi dressé une liste de produits américains qui pourraient faire l'objet de surtaxe. Chrystia Freeland, la ministre canadienne des Affaires étrangères, était à Washington mardi et mercredi pour un nouveau round de négociations sur l'ALENA, mais avait mis fin prématurément à sa visite mercredi matin pour rentrer à Ottawa.
Réactions contrastées
Aux États-Unis, la décision de Donald Trump ne fait pas l'unanimité. Thomas Gibson, le président de l'American Iron and Steel Institute, le lobby des producteurs d'acier aux États-Unis, l'applaudit: «Les décisions commerciales du président ont permis de remettre au travail les employés dans les aciéries de l'Ohio et de l'Illinois, et nous sommes reconnaissants de l'engagement de l'administration en faveur des quelque deux millions d'emplois générés par le domaine de l'acier aux États-Unis.»
De son côté, Ben Sasse, un sénateur républicain qui se démarque régulièrement de Donald Trump, a estimé que la décision du président était «stupide». «L'Europe, le Canada et le Mexique ne sont pas la Chine et on ne traite pas ses alliés comme on traite ses adversaires», a regretté l'élu conservateur. Lisa Goldenberg, la patronne de Delaware Steel en Pennsylvanie, offre un avis nuancé: «En tant que responsable d'une société qui distribue de l'acier, je ne peux que me réjouir, explique-t-elle. Cela va faire monter encore les prix et baisser les inventaires. C'est aussi une grande journée pour les aciéries américaines. En tant que citoyenne américaine, je suis en revanche abasourdie par la manière avec laquelle cette administration traite nos partenaires européens, mexicains et canadiens. Et je ne vois pas en quoi cette décision est une bonne chose.»
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