Diesel: une victoire de l'industrie automobile au détriment de la santé publique
Les constructeurs installeront un nouveau logiciel sur 5 millions de véhicules. Les experts doutent de l'efficacité de cette mesure contre la pollution dans les villes.

A huit semaines des élections législatives, aucun responsable politique n'était disposé à attaquer de front le fleuron du «Made in Germany». L'industrie automobile est un lobby très puissant qui représente 800 000 emplois et un cinquième des exportations allemandes. Critiquer le secteur, c'était prendre le risque de perdre le scrutin du 24 septembre. Le «sommet du diesel», qui réunissait mercredi à Berlin les constructeurs, les pouvoirs publics et les partenaires sociaux, l'a prouvé une nouvelle fois. Volkswagen et les autres industriels ont gagné la partie en imposant leur solution «a minima», c'est-à-dire la moins coûteuse.
Pour éviter des interdictions de circulation qui menacent les conducteurs de diesel, les constructeurs ont proposé une solution bon marché tout en évitant les adaptations «hardware» (pots catalytiques, filtres, etc.). Ils installeront donc un logiciel permettant, selon eux, de réduire les émissions d'oxyde d'azote (NOx) de «25 à 30%», qui est à l'origine du «smog» urbain et responsable de maladies respiratoires et cardiaques.
Le coût est estimé à 100 euros par véhicule contre 1500 euros pour la solution «hardware»… Plus de 5,3 millions de véhicules diesels répondant aux normes Euro 5 et Euro 6 seront concernés, dont 2,5 millions… déjà rappelés par Volkswagen.
Pour les responsables politiques, les constructeurs ont fait preuve de responsabilité. «C'est une véritable césure pour l'industrie automobile», a estimé Stephan Weil, ministre-président social-démocrate (SPD) de la région Basse-Saxe, où se trouvent le siège et la principale unité de production de Volkswagen, un groupe dont il est… membre du conseil de surveillance (la région est actionnaire de référence).
Les experts estiment en revanche que l'accord n'est que de la poudre aux yeux. «Un nouveau logiciel ne servira strictement à rien», estime Ferdinand Dudenhöffer, expert du secteur automobile à l'Université de Duisburg-Essen.
Les associations de consommateurs, qui n'avaient pas été invitées au sommet, doutent elle aussi que cette mesure puisse réduire la pollution dans les 80 villes allemandes concernées. «Il faudra finir par imposer des interdictions de circulation pour empêcher que des centaines de gens ne meurent chaque année à cause du diesel», estime Jürgen Resch, secrétaire général de l'ONG environnementale Deutsche Umwelthilfe (DUH), à l'origine de dizaines de plaintes contre les constructeurs. Pour lui, le problème de fond n'est pas réglé: «Il faut mettre fin à une escroquerie qui dure depuis plus de trente ans», peste-t-il.
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