Mercredi au Casino-ThéâtreDeux profs belges tordent le cou à l’orthographe française
Un tandem d’universitaires propose une conférence théâtrale qui déboulonne notre syntaxe et ses aberrations. Érudit et réjouissant!

Qui n’a jamais galéré avec l’orthographe nous jette la première pierre. Avec deux «r», pierre. Oui, cette fichue orthographe française, avec ses exceptions, aberrations et incongruités, ses formes tarabiscotées et règles grammaticales moisies. Ses «o» et «e» liés, ses «ph» et «th», ses «y» ou pas, ses doubles consonnes et accords imprévisibles. Un vrai bras d’honneur au bon sens, une torture, dont tout le peuple francophone a souffert sur les bancs de l’école. Et qu’il maudira en silence, sans doute, tout au long de son existence.
Champ de mines
Mais pourquoi tant d’orties syntaxiques? À qui profite ce cauchemar grammatical? Voilà le propos de «La convivialité ou la faute de l’orthographe», conférence mise en scène proposée par deux jeunes universitaires belges férus de linguistique, Arnaud Hoedt et Jérôme Piron.
À l’affiche mercredi du Casino-Théâtre, le spectacle, érudit, drôle et stimulant, gratte donc là où ça s’écrit mal. Et éclaire, en quelques rappels historiques malicieux, les considérations politiques et élitaires qui ont labouré ce champ de mines. Qu’a-t-on voulu exactement? «Un outil au service de tous ou un objet de prestige et de compétition?»
Attention: ne confondons pas la langue et son code écrit. «On adore la langue avec toutes les absurdités qu’elle peut comporter», assure l’amène et loquace duo, joint par Zoom. «L’orthographe en revanche, qui ne devrait être qu’un outil à son service, demeure, en français, quasi inaccessible à tous par sa complexité. C’est absurde. La musique, en comparaison, peut se montrer compliquée à l’extrême, alors que son code de transmission – la partition – reste simple et universel.»
Objet théâtral non identifié, entre cours interactif et show didactique, le spectacle démarre avec quelques exemples fracassants. Voilà le son «s», qui peut s’écrire de… douze manières distinctes. Voici un mot fictif forgé pour l’occasion, «créfission», dont un algorithme explore en direct les possibilités de retranscription en français. Résultat: 240 orthographes distinctes. Voyez l’enfer qu’abrite le dictionnaire.
Mercredi 11 janvier, 20h, Casino-Théâtre, complet.
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