Bande dessinéeDeux auteurs genevois ont été primés à Angoulême
Le Fauve d’or va à Martin Panchaud pour «La Couleur des choses». Léonie Bischoff reçoit le Fauve jeunesse.

Nul n’est prophète en son pays: à défaut d’avoir pu séduire les organisateurs du Prix Töpffer, Martin Panchaud aura enthousiasmé les jurés du Festival d’Angoulême. Samedi soir, le rendez-vous le plus important de la BD francophone a décerné à l’auteur genevois établi à Zurich le Fauve d’or du meilleur album de l’année pour «La couleur des choses», un polar aussi génial qu’expérimental, résolument hors des clous.
Établie de longue date à Bruxelles, une autre Genevoise a été distinguée en Charente: Léonie Bischoff a reçu le prix Jeunesse pour «La longue marche des dindes», un album moins convaincant que le sublime «Anaïs Nin, sur la mer des mensonges», paru en 2021, mais qui constitue une bonne porte d’entrée pour aborder des thèmes comme le racisme et l’esclavage.
En vue aérienne
Coup d’essai et coup de maître, donc, pour Martin Panchaud, 40 ans. Déconcertant au premier abord, mais des plus captivants dès qu’on prend la peine de s’y plonger, «La couleur des choses» se présente comme une aventure intégralement dessinée en vue aérienne, sans perspective. Tous les personnages de son récit sont représentés sous forme de pastilles colorées. Simon, le héros de ce roman graphique présentant une nouvelle façon de raconter, touche le gros lot après avoir consulté une voyante. Sauf que son ticket de 16 millions gagnés au quinté doit être validé par un adulte. Et que son père disparaît brutalement, alors que sa mère est retrouvée dans le coma, le crâne fracassé…
Sacrée BD de l’année en 2021 par un quotidien berlinois, cette histoire en style vectoriel d’abord parue en allemand intéresse les milieux du cinéma – une option a été vendue pour une transposition en prises de vues réelles. Côté francophone, le livre a reçu en 2022 le Grand Prix de l’Association des critiques et journalistes de BD. Il était également en lice pour le Prix des libraires de BD et celui du public France Télévisions.
«C’est juste incroyable»
«C’est juste incroyable», a réagi à chaud l’auteur genevois sur la scène du Théâtre d’Angoulême, rappelant que son album, conçu à Genève il y a dix ans, a été fini à Zurich. Durant la réalisation au long cours de «La couleur des choses», Martin Panchaud a dû procéder à plusieurs levées de fonds afin de trouver l’argent nécessaire pour s’autofinancer. Une méthode expérimentée avec succès, qu’il réitérera pour son prochain roman graphique, déjà en chantier, autour d’un chasseur de sons.
Dédicace originale
Les personnes qui voulaient une dédicace de Martin Panchaud vendredi ont dû se munir d’un ticket de passage. Pas étonnant lorsqu’on connaît la méthode originale utilisée par l’intéressé lors des séances de signature. Un petit robot l’assiste: «Ce n’est pas pour me simplifier la vie. Je peux modifier la taille et le type de stylo utilisé, les couleurs, les formes. Ce n’est jamais deux fois le même dessin. J’aime bien proposer quelque chose d’original», nous disait-il en octobre dernier, au moment de la parution française de son album.
À Angoulême, le grand public a découvert un auteur prometteur. Qui n’a pas besoin d’un robot pour concevoir des histoires ébouriffantes…
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