Encre bleueDétente genevoise

C’est sans doute le marronnier de ce temps pascal. Le sujet incontournable des jours de relâche scolaire, tant il ne se passe rien, ou presque, dans cette ville du bout du lac qui ronronne au soleil, tandis que ses habitants sont partis par milliers voir si l’herbe était plus verte ailleurs.
Mais l’est-elle vraiment?
Ici, en tout cas, difficile de trouver mieux. C’est détendu de partout, ce qui change du quotidien genevois habituel.
Pour peu, on aurait du plaisir à évoluer dans cette cité libérée. Oui je sais, «libéré» est un adjectif à prendre aujourd’hui avec des pincettes. Dans le cas présent, ne pas le considérer dans le sens militaire du terme, comme cela peut s’entendre dans un pays meurtri par la guerre pas si loin de chez nous. Mais dans le sens plus large de «se dégager de ce à quoi on est assujetti» comme le précise le bon vieux Larousse.
Or à Genève, ce qui nous plombe passablement, c’est le trop de tout. Le trop de circulation qui encombre les rues et les poumons. Le trop d’agitation et de bruits qui fatiguent. Le trop de gens qui se bousculent sans se considérer ni se parler. Le trop de sollicitations indésirables. Le trop de chantiers qui densifient le paysage. Le trop de pognon d’un côté et le trop de misère de l’autre, mais là, je m’égare…
En cette période pascale, le trafic a presque déserté Genève. Il s’est déplacé au Gothard, ou plus loin encore. La tension générale baisse d’un cran. La vie tourne au ralenti. Il y a moins de gens partout. Il arrive même que les passants se regardent avant de se croiser. Ils ne se disent pas bonjour, comme ils le feraient sur un chemin de campagne, faut pas rêver. Mais tout semble plus apaisé.
Cette détente, ce moment de respiration qui fait un bien fou à certains citadins angoisse les autres. «Ça me rappelle le temps du Covid, quand il n’y avait personne dans les rues!» me dit un ami. Bizarre. Mais qu’il se rassure: ça ne va pas durer!
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