Université de GenèveDétecter l’autisme chez les jeunes enfants grâce à la vidéo
Un algorithme a été mis au point afin d’analyser la communication non verbale des petits durant une séance de jeu.

Le trouble du spectre autistique (TSA) touche un enfant sur 54. On entend par là des difficultés dans les interactions sociales, toutes les fonctions liées à la communication et par la présence de comportements restreints et répétitifs et/ou de particularités sensorielles. Une détection et une prise en charge dès les premières années de vie sont fondamentales pour le développement de l’enfant.
«Si le diagnostic est posé avant l’âge de 3 ans, il est souvent possible de rattraper ces retards de développement grâce à une intervention comportementale spécifique, ce qui change totalement la trajectoire d’acquisition de compétences de ces enfants et leur permet bien souvent d’intégrer le circuit scolaire public», relève Marie Schaer, professeure au Département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE).
Le diagnostic précoce d’un trouble autistique pourrait être fortement aidé par un algorithme d’intelligence artificielle (IA) développé par une équipe interdisciplinaire l’UNIGE dont fait partie Marie Schaer, dernière auteure d’une étude publiée en juillet dernier dans la revue Scientific Reports et présentée lundi dans un communiqué de l’UNIGE.
Analyse à distance
Cet algorithme – développé durant trois ans – a classifié des vidéos présentant 68 enfants de moins de 5 ans au développement dit «normal» (appelé aussi «typique») et 68 enfants présentant un trouble du spectre autistique en train de jouer librement avec un-e adulte.
Préalablement, le «squelette» 2D de l’enfant évalué et de l’adulte avait été extrait grâce au programme OpenPose qui permet l’analyse des gestes en ôtant toutes les caractéristiques qui pourraient être discriminantes (âge, sexe, décor, etc.) et en ne gardant que les mouvements et les déplacements rendus visibles par des bâtonnets colorés sur fond noir. Un programme ne nécessitant aucune pose de capteurs de mouvement.
Cette première vidéo montre un enfant de 2 ans au développement typique jouer, répondant à la sollicitation de l’examinatrice et en établissant des contacts oculaires.
Dans cette seconde vidéo, un enfant du même âge présentant un TSA n’établit aucun contact avec les adultes présents dans la pièce.
L’objectif pour l’IA? «Analyser en vidéo les mouvements des enfants et identifie si ceux-ci sont caractéristiques du trouble du spectre autistique ou non», explique Marie Schaer. Résultat: l’algorithme obtient un résultat correct dans 80% des cas.
Premier dépistage en dix minutes
«Pour un premier dépistage, c’est un excellent résultat, s’enthousiasme Marie Schaer. Car en dix minutes, nous pouvons obtenir un premier dépistage accessible à n’importe qui, où qu’il/elle habite (ndlr: à l’aide, par exemple d’une vidéo prise depuis un smartphone). Ceci permettrait aux parents inquiets pour leur jeune enfant d’obtenir une première évaluation automatisée des symptômes de l’autisme – qui ne sera bien sûr pas parfaite –, mais que l’on pourra confirmer par une consultation avec un-e spécialiste par la suite.»
Un outil également précieux pour l’analyse de vidéos filmées des années auparavant, utile lors de la formation des futurs soignants et équipes encadrantes.
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