Corée du SudDestituée, la présidente joue la montre
Park Geun-hye a été écartée après un scandale de corruption. Mais les élections attendent toujours.

La présidente sud-coréenne Park Geun-hye tente de jouer la montre devant la cour qui examine sa destitution. Mais l'opinion ne supporterait pas qu'elle soit rétablie dans ses fonctions, préviennent les analystes.
Park Geun-hye a été destituée en décembre par l'assemblée nationale dans un retentissant scandale de corruption, qui a précipité des millions de manifestants dans la rue. La cour constitutionnelle de Séoul est en train d'examiner l'opportunité de valider ou non cette destitution. Une confirmation provoquerait une présidentielle anticipée, un rejet permettrait à Park Geun-hye Park d'aller au bout de son mandat de cinq ans.
Ses opposants accusent ses avocats de ralentir la procédure à grand renfort de manoeuvres dilatoires ou de convocations de témoins inutiles. Le mois dernier, ses avocats avaient brandi la menace d'une démission collective quand la cour n'avait autorisé que 10 témoins sur les 39 cités par la défense. Ces tactiques semblent destinées à assurer la survie politique de Park Geun-hye.
En attendant les juges...
Le président de la cour vient de prendre sa retraite, tandis que le mandat d'une autre juge s'achève le 14 mars. Or, pour être validée, la destitution doit être votée par six juges sur les neuf que compte officiellement le tribunal, peu importe leur nombre effectif. Cela signifie que bientôt, Park Geun-hye n'aura besoin du soutien de deux juges seulement pour être rétablie à la Maison-Bleue, la présidence sud-coréenne, alors que la cour est réputée conservatrice comme elle.«Le camp de Mme Park a d'amples raisons de vouloir retarder le jugement autant que possible», dit Kim Jong-cheol, professeur de droit à l'université de Yonsei.
Park Geun-hye est accusée de complicité avec son amie de 40 ans au centre du scandale. Choi Soon-sil est actuellement jugée pour avoir extorqué des millions de dollars aux grands groupes industriels. Le scandale a mis à nu les relations parfois malsaines entre pouvoirs politique et économique dans la quatrième économie d'Asie.
Il a cristallisé les frustrations croissantes d'une société où la compétitivité est reine, qu'il s'agisse d'éducation, d'emplois ou de revenus. Les Sud-Coréens ont manifesté en masse pour réclamer le départ de Park Geun-hye.
Le temps joue en sa faveur
La cour constitutionnelle se réunit jusqu'à trois fois par semaine - du jamais vu - et les audiences se prolongent parfois tard dans la nuit. Cette semaine, elle a accepté d'entendre huit nouveaux témoins de la défense, retardant les choses d'autant.
Lee Joong-hwan, le principal avocat de Park Geun-hye, a déclaré que les accusations portées contre elle devaient être examinées «de manière aussi exhaustive que possible». Un autre avocat a expliqué sur sa page Facebook que le temps jouait en leur faveur. «Au fil du temps, les lignes d'approvisionnement des assaillants se tendront et finiront par atteindre leur limite», écrit Son Beom-kyu. «Alors, la défense pourra retourner la situation».
Au début de la crise, les partisans de la présidente étaient restés sans voix. Mais ils ont commencé à réagir, manifestant devant la cour et distribuant des tracts pour dénoncer un complot de gauchistes pro-Pyongyang.
Un vrai risque d'anarchie
Les juges qui s'en vont ne pourront être remplacés avant la fin des audiences et selon les analystes, Park Geun-hye place tous ses espoirs dans la fidélité de certains d'entre eux. Cinq des huit magistrats actuels ont été recommandés par Park Geun-hye, son parti ou un juge de la cour suprême nommé par eux. Deux ont été conseillés par l'opposition et l'un a été adoubé par les deux camps.
«Les gens s'inquiètent de plus en plus de la perspective que la cour ne parvienne pas à réunir les six juges nécessaires à cause de leurs vues conservatrices», dit Park Kie-duck, ancien directeur de l'institut Sejong, un cabinet indépendant.
Mais cela ne servirait pas les intérêts de l'establishment, prévient-il. «Les conséquences seraient inimaginables et je crois que les juges le savent». «Ce serait quasiment l'anarchie, avec des millions de manifestants en colère. La présidente même revenue au pouvoir ne pourrait agir politiquement et serait défaite moralement». Huit personnes sur 10 sont favorables à la destitution, selon les sondages.
ats
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