Trois questions à Nadine Hoch«Des semaines du congé parental ne pourraient être utilisées que par les pères»
La responsable du secrétariat scientifique de la Commission fédérale pour les questions familiales répond aux interrogations que soulève le congé parental en Suisse.

«Congé parental: qu’attend la Suisse?» Tel est l’intitulé du document qui regroupe toutes les recommandations de la Commission fédérale pour les questions familiales en matière de congé parental. Son contenu n’est pas totalement nouveau, mais se veut plus flexible.
Actuellement, les mères ont droit à 14 semaines et les pères à deux semaines de congé. La commission en demande 22 de plus. Elle suggère également que certaines semaines puissent être échangées entre les parents.
Si cette souplesse est novatrice en Suisse, elle existe déjà dans certains pays nordiques. Et bien qu’elle ait parfois fait ses preuves, des problèmes persistent. Les chiffres démontrent, par exemple, que les femmes prennent toujours plus de congés que les hommes pour plusieurs raisons. Parmi celles-ci, trois principales ressortent:
L’allaitement induit que la femme reste plus de temps avec son enfant
Le budget familial souffre moins lorsque c’est le salaire de la mère qui est amputé
Les femmes sont encore perçues comme le «parent principal» pour l’éducation de l’enfant
La responsable du secrétariat scientifique de la COFF, Nadine Hoch, explicite les suggestions émises dans ce rapport.
Vous proposez le congé parental, or les pays qui l’ont déjà mis en place connaissent des difficultés. Comment la Suisse peut-elle contrer ces problèmes?
Dans les pays où le congé parental est déjà instauré, si toutes les semaines peuvent s’interchanger entre les pères et les mères, on constate que les mères en prennent beaucoup plus. C’est pourquoi nous suggérons que certaines semaines ne puissent être utilisées que par les pères.
«Des études démontrent qu’une élévation d’un pourcent du taux d’activité de femmes permet de financer un congé parental de 18 à 20 semaines.»
La peur de perdre leur emploi après leur congé paternité conduit certains pères à renoncer à la totalité ou à une partie de celui-ci. Comment peut-on prévenir cette dérive?
Lorsque le congé maternité a été mis en place, comment a-t-on protégé les femmes à l’époque? Il s’agit d’une question d’égalité. Il ne faut pas avoir peur et persuader les employeurs. Regardez les branches où la majorité des employés sont des femmes, elles ont réussi à trouver des solutions pérennes quant à l’organisation qu’entraînent les congés maternité. Des études démontrent qu’une élévation d’un pourcent du taux d’activité de femmes permet de financer un congé parental de 18 à 20 semaines.
«Le problème est que la majorité des votants ont déjà vécu avec des petits enfants et qu’à l’époque, les rôles au sein de la famille étaient clairement répartis.»
Outre des réticences personnelles, plusieurs voix politiques s’élèvent contre le congé parental. Est-ce que cela signifie que le problème provient de nos mentalités?
Oui, la mentalité change très lentement en Suisse. On a une vision très classique en ce qui concerne les rôles de la famille. On remarque néanmoins que les jeunes Suisses regardent la répartition des tâches dans la famille tout à fait autrement que les personnes âgées. Le problème est que la majorité des votants ont déjà vécu avec des petits enfants et qu’à l’époque, les rôles au sein de la famille étaient clairement répartis. Depuis, la répartition des tâches familiales a évolué dans un sens plus égalitaire.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.