Des réfugiés syriens se font tirer dessus à la frontière turque
Alors que l'UE renvoie des migrants à Ankara, les Syriens sont piégés: un mur s'érige à la frontière et la police y a la gâchette facile

Un mur de béton tout neuf, résistant aux tirs de roquettes, coupe depuis quelques semaines la colline qui surplombe la ville frontalière de Reyhanli. Des blindés de l'armée turque vont et viennent sur le chemin de ronde. Depuis le sommet, côté syrien, les contrebandiers avaient l'habitude de faire passer toutes sortes de marchandises, y compris humaines. «Pendant quatre ans, les Syriens ont fait entrer tout ce qu'ils voulaient ici, drogue, antiquités, nourriture, mais depuis quelques semaines la situation est très tendue», grimace Hassan, un Syrien d'Alep d'une trentaine d'années, qui vit de petits trafics. Chaque nuit, des tirs retentissent. «Jusqu'à janvier, c'était très facile de faire passer des réfugiés. Il suffisait de payer 200 ou 300 dollars, mais ces derniers jours beaucoup ont été tués en tentant de le faire», poursuit le jeune homme, installé dans une maison discrète de la ville.