Sports et cultureDes outils demandés pour contrôler et sanctionner le harcèlement
Le Conseil d’État genevois est prié de conditionner les subventions au respect de l’intégrité des personnes et de créer un observatoire.

Issue d’un travail de réflexion mené par Arts_Sainement, un groupe d’artistes indépendants, une motion va être soumise au Grand Conseil afin de mettre en place un mécanisme de prévention, de contrôle et de sanctions des agressions, du harcèlement et des discriminations dans les domaines des arts, de la culture et des sports. «Nous devons remettre en question les mentalités reçues en héritage pour que cessent les pratiques trop courantes que sont l’humiliation et les propos ou les gestes déplacés», commente Barbara Yvelin, secrétaire générale des Rencontres professionnelles de danses Genève, qui soutiennent la motion.
«La précarité des statuts des métiers de la culture, notamment les contrats à durée déterminée, engendre une très grande vulnérabilité.»
Portée par Ensemble à Gauche (la première signataire est la députée Jocelyne Haller) qui a corédigé le texte, mais soutenue par les Verts et les socialistes, la motion invite tout d’abord le Conseil d’État «à ajouter aux conditions de subventions, d’aides financières ou dans les contrats de prestation des exigences en matière de lutte contre les agressions, le harcèlement, les discriminations ou autres agissements hostiles».
Une charte et un observatoire
Toutes les personnes salariées ou bénévoles œuvrant dans les organisations aidées financièrement devraient également signer une charte de bonnes pratiques. Une charte encore à rédiger puisqu’elle doit l’être en concertation entre ces organisations.
Enfin, la création d’un observatoire, «du type Centre d’écoute contre le racisme», est proposée. Il devra non seulement veiller au respect de la charte, notamment au moyen d’un questionnaire confidentiel annuel, mais également conseiller et orienter les personnes victimes d’attitudes inappropriées, ainsi que rédiger un rapport annuel.
«Grande vulnérabilité»
Les promoteurs de la création de ces outils insistent sur la situation spécifique des métiers de la culture: «La précarité des statuts, notamment les contrats à durée déterminée, engendre une très grande vulnérabilité, explique Pauline Raineri, danseuse, chorégraphe et membre d’Arts_Sainement. Nous avons pu recueillir un grand nombre de témoignages, mais ces faits sont généralement tus, tant la peur de ne plus pouvoir retravailler est grande.»
«Il est extrêmement grave que dans la culture, le corps des femmes soit considéré comme une marchandise», déplore Fabienne Abramovich, cinéaste, chorégraphe, qui présente le manifeste du groupe culture du Collectif féministe proposé à 120 lieux culturels. Les intervenantes de cette présentation n’ont du reste pas caché espérer que les différentes affaires touchant les milieux culturel et sportif révélées dans les médias ces derniers mois (jeunes gymnastes de Macolin, école Rudra Béjart et ballet Béjart notamment) permettent enfin de lever l’omerta qui y règne.
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