Urgence climatiqueDes militants pour le climat ont bloqué l’aéroport de Genève
Des dizaines d’activistes ont occupé le tarmac de Cointrin. Le trafic, interrompu mardi en fin de matinée, a progressivement repris.
Le trafic aérien a été momentanément suspendu mardi matin à l’aéroport de Genève en raison de l’irruption de personnes sur le tarmac, où des jets privés sont exposés dans le cadre du European Business Aviation Convention & Exhibition.
Dans un communiqué de presse, l’ONG Greenpeace a revendiqué l’action visant à interdire ces avions. Les militants ont été évacués par la police qui indique avoir interpellé 80 personnes. L’accès à l’espace d’exposition du salon de l’aviation d’affaires, le plus grand en Europe, qui se tient à Palexpo jusqu’à vendredi, a également été bloqué.
Suspendu dès 11 h 40 par mesure de sécurité, le trafic aérien a repris progressivement dès 12 h 44, selon les informations de Genève-Aéroport. Sur place vers 13 heures, on constatait toutefois du retard sur la plupart des avions, aux arrivées . Durant une heure donc, toutes les opérations ont été stoppées. De nombreux avions ont tourné dans les airs et sept d’entre eux ont fini par être déviés vers Zurich et Lyon, a indiqué Ignace Jeannerat, porte-parole de Genève Aéroport. Conséquence, il y avait peu de passagers à Cointrin.
«L’avion de ma copine en provenance de Marrakech a été détourné sur Lyon. Il est censé revenir à Genève, mais en fait, on n’en sait rien», confie Mireille Clavel, en train d’observer le panneau des atterrissages.
Calme, elle hausse les épaules après avoir appris la raison des perturbations par un chauffeur de taxi: «Les jets privés ont toujours existé et existeront toujours, je ne suis pas sûre que cette action change grand-chose. Mais c’est sûr, au jour d’aujourd’hui, il faudrait les limiter.»
De nombreux retards
Au niveau des départs, on note que les vols ont, là aussi, encore du retard. Celui pour Paris-Charles de Gaulle, prévu à 13 h 20, est ainsi programmé à 14 h 50. «Il faut s’attendre à de nombreux retards jusqu’en fin de soirée et il n’est pas exclu que des compagnies annulent l’un ou l’autre vol», annonce Ignace Jeannerat.
Selon le communiqué de Greenpeace, une centaine de militants issus de 17 pays, soutenant l’ONG et d’autres organisations de défense du climat, ont pacifiquement bloqué des jets privés pour réclamer leur interdiction. Des mises en garde ont été collées sur des appareils, sur le modèle de celles figurant sur les paquets de cigarette: «Les jets privés détruisent notre planète.»
Citée dans le communiqué, Agnes Jezler, experte en changement socio-économique pour Greenpeace Suisse, déclare: «À l’exception de Malte, nulle part ailleurs en Europe ne circulent autant de jets privés par habitant qu’en Suisse. Un petit groupe d’ultrariches fait peser un lourd fardeau sur le climat et l’environnement, alors que la partie la plus pauvre de la population mondiale est celle qui souffre le plus de la crise climatique.»
Des plaintes seront déposées
Ignace Jeannerat ne veut pas faire de commentaires sur le fond, mais précise: «L’action a démarré à 11 h 35 quand des dizaines d’activistes ont tenté de s’attacher à des jets puis, rapidement, des agents de sécurité et de police sont intervenus pour les évacuer.» L’aéroport va porter plainte, tout comme les organisateurs du salon.
«Des tensions étaient perceptibles durant l’intervention, mais aucun policier n’a été blessé. Les personnes interpellées ont été mises à disposition du Ministère public», déclare Tiffany Cudré-Mauroux, porte-parole de la police. Durant les opérations, les pompiers de l’aéroport ont apporté des soins à quatre personnes, activistes et Securitas, victimes de malaise ou blessées, indique l’aéroport.
Sur Léman Bleu, on constate que l’intervention a été relativement musclée: des militants pénètrent notamment sur le tarmac en mettant à bas des barrières. Sur les images fournies par Greenpeace, on voit des activistes menottés à des jets.
Manifestation à vélo
Le salon de l’aviation d’affaires a aussi été l’objet du courroux de quelque 90 manifestants à vélo, réunis dès 16 heures au parc des Cropettes, à l’appel d’Actif-Trafic. Les cyclistes se sont ensuite rendus au salon pour y demander, eux aussi, l’interdiction des jets privés. La manifestation, indépendante de l’action du matin, était autorisée.
«Ce salon est une hérésie totale en période d’urgence climatique, déclare Youri Bernet, cosecrétaire d’Actif-Trafic. L’aviation privée doit cesser. Il n’est pas possible de demander aux gens de prendre moins l’avion quand des ultrariches multiplient les trajets privés de confort. On va droit dans le mur!» Commentant l’action illégale à l’aéroport, Youri Bernet relève: «Nos méthodes sont différentes, mais notre objectif est le même. Nous espérons que le message est passé.»
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