Conférence à GenèveDes innovations «low cost» pour améliorer la santé de demain
Un forum réunissant 2000 participants explore les conséquences des changements climatiques sur la santé et présente des solutions pour faire face à ces nouveaux défis.

La pandémie de Covid-19 a mis en lumière les risques induits par la destruction des écosystèmes sur notre santé, en particulier la transmission de certains virus de l’animal à l’homme. Les contraintes sur le monde animal et végétal, mais aussi la pollution et le changement climatique entraînent un nombre toujours plus important de décès. Le Geneva Health Forum (GHF), organisé par l’Université de Genève (UNIGE) et les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), a fait de la santé à l’heure de l’urgence climatique le thème de sa 9e édition. Antoine Flahault, coprésident du GHF et directeur de l’Institut de santé globale de l’UNIGE, relève la nécessité d’avoir une approche systémique de la santé publique, animale et environnementale. Prendre soin de la planète implique indirectement de préserver celle de l’Homme.
Solutions «frugales»
Le forum, qui a lieu au Centre international de conférences du 3 au 5 mai, rassemble 2000 participants de 80 pays autour de débats, d’ateliers et d’une centaine de solutions innovantes, que le public peut venir découvrir dès 17h. «Nous voulons promouvoir des solutions dites «frugales», qui résolvent des problèmes concrets avec des outils les plus simples à produire, qui soient durables et utilisables dans des conditions difficiles», expose le coprésident Antoine Geissbühler, responsable du Centre de l’innovation des HUG et vice-recteur de l’UNIGE.
Parmi ces innovations, on trouve le développement d’un réseau mondial de capteurs pour surveiller la qualité de l’air, tenter de l’améliorer et de diminuer le nombre de décès liés à la pollution – 5 millions chaque année selon l’OMS. Il y a aussi une «chambre» d’opération stérile qui tient dans un sac à dos, un boîtier capable de générer un réseau sans fil permettant d’accéder à une plateforme d’apprentissage et à des contenus pédagogiques sans utiliser internet ni le réseau électrique.
Décentraliser la médecine
Le pneumoscope, un stéthoscope numérique doté d’intelligence artificielle, permet, lui, de détecter la signature acoustique d’une infection respiratoire comme la bronchiolite, la pneumonie ou le Covid-19. Dans les pays à faibles revenus, où médecins et matériel sont concentrés dans les grandes villes, les maladies respiratoires sont l’une des causes principales de mortalité. Alors qu’un enfant meurt toutes les trente secondes d’une pneumonie, le pneumoscope vise à décentraliser la médecine. Il devrait être commercialisé d’ici à la fin de l’année, pour moins de 80 francs.
Quant au Cube, chambre d’urgence transparente déployable en 90 minutes, il fait office d’unité de traitement en cas de maladies hautement infectieuses. Le soignant peut réaliser 80% des actes médicaux depuis l’extérieur, en se glissant dans une sorte de combinaison intégrale directement reliée à la paroi de la structure. L’idée a émergé en lien avec l’épidémie d’Ebola, «alors qu’on ne pouvait passer que quelques minutes toutes les trois heures avec les patients, explique un responsable de l’ONG médicale internationale Alima, qui a développé le concept avec son partenaire Securotec. Le Cube permet une prise en charge plus humaine, tout en garantissant le contrôle infectieux.»
Aurélie Toninato est journaliste à la rubrique genevoise depuis 2010 et diplômée de l'Académie du journalisme et des médias (AJM). Après avoir notamment couvert le domaine de l'Education, elle est désormais en charge de la Santé, en particulier du Covid.
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