GENEVEDes Genevois s'activent toujours à la recherche de leurs proches
Deux Suisses ont péri dans les avions; 280 sont encore portés disparus.

Le temps s'est arrêté mardi après-midi pour Maria devant les images de l'horreur. Cette Genevoise, sans nouvelles d'une partie de sa famille depuis le drame, ne dort plus et tente de comprendre l'incompréhensible tout en essayant de rassurer ses enfants. Établis depuis de nombreuses années aux Etats-Unis, ses cousins vivent à quelques encablures de Manhattan avec leurs trois enfants.
Depuis mardi soir, le téléphone ne répond plus. «En fin d'après-midi, j'ai réussi à joindre ma tante qui, horrifiée, a juste eu le temps de me dire que son gendre et ses petits-enfants n'étaient pas rentrés! Ensuite la ligne a été coupée et depuis ça ne passe plus.» D'après Maria, tout porte à croire que ses cousins se trouvaient dans le périmètre au moment des attentats. «Deux des enfants vont à l'école dans le quartier et leur père, employé au métro new-yorkais, se trouvait probablement dans la station du World Trade Center.»
«Nous comptabilisons déjà plus de 3500 téléphones à la hotline mise sur pied mardi à Berne à l'intention des familles»
D'origine Sicilienne, la famille de Maria tente encore aujourd'hui d'obtenir des informations mais, comme toutes les représentations diplomatiques, le consulat italien n'est pas encore en mesure de fournir de liste précise des victimes. Alors, Maria essaie de continuer à vivre sans trop imaginer ce que sera la suite.
Six Suisses encore sous les décombres?
De son côté, Michèle* sursaute à chaque sonnerie du téléphone car son fiancé, en déplacement à New York, n'a pas donné signe de vie depuis mardi. «J'ai appelé à Berne, mais en vain. J'ai envoyé des e-mails et des SMS sans trop d'espoir, j'ai l'impression d'être dans un mauvais rêve!» Traumatisée, la jeune femme se terre et craque à la vision de ces images apocalyptiques.
Comme Maria et Michèle, des dizaines de familles en Suisse guettent encore la moindre information pouvant leur donner l'espoir de revoir leurs proches en bonne santé. «Nous comptabilisons déjà plus de 3500 téléphones à la hotline mise sur pied mardi à Berne à l'intention des familles», relève Muriel Berset Cohen, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

La liste des personnes encore recherchées a diminué, mais on avance encore aujourd'hui 280 noms. «Nous avons la certitude aujourd'hui que deux Suisses ont péri dans les avions et nous avons des craintes réelles pour six autres compatriotes.»
La porte-parole précise que ces six ressortissants se trouvaient très certainement déjà à leur travail dans une des célèbres tours ou dans un bâtiment voisin. «Il semble se confirmer en revanche qu'aucun Suisse ne figure parmi les victimes de Washington.»
Une communauté très soudée
L'ambassade suisse à Washington et la mission auprès de l'ONU ont envoyé des renforts à Manhattan afin d'organiser la recherche des ressortissants helvétiques. «La communauté helvétique des Etats-Unis est très soudée et collabore aussi activement avec les autorités diplomatiques», ajoute Muriel Berset Cohen. «Ils se sont rendus par petits groupes dans les hôpitaux afin de comparer les noms des personnes admises à ceux qui figurent sur nos listes. Mais le travail est difficile car certains patients ne sont pas encore identifiés et les blessés ont été répartis dans de nombreux centres sanitaires de la région.»
Deux psychologues
Le consulat de Suisse a engagé deux psychologues pour venir en aide aux employés confrontés à des situations d'horreur. «Nous envoyons ces deux thérapeutes pour répondre aux besoins de nos employés et de nos ressortissants choqués et angoissés par ce qu'ils vivent.»
Le consulat est assailli d'appels de compatriotes souhaitant rentrer au pays ou en proie à toutes sortes d'inquiétudes liées à cet état de crise exceptionnel. «Nous essayons de répondre au mieux à la demande, mais les employés sont submergés et nous enverrons probablement encore des renforts dans les prochains jours.» À Berne, les 18 personnes mobilisées par la cellule de crise restent sur le pied de guerre tout le week-end et la hotline (No 031 322 27 62 ), continuera à répondre vingt-quatre heures sur vingt-quatre aux appels des proches en quête d'informations.
*prénom fictif
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