Université de Genève et HES-SO GEDes étudiants en colère réclament le retour des repas à 3 francs
Le Conseil d’État juge le projet trop coûteux et demande un ciblage des bénéficiaires.

«Où sont les repas à 3 francs?» «On crève la dalle». Ces tags, visibles sur les murs et les marches d’Uni Bastions la semaine dernière, comme l’a rapporté Léman Bleu, ont été effacés lundi. La colère et la détresse d’étudiants restent, elles, toujours bien présentes.
En cause, la non-reconduction par le gouvernement genevois de l’offre transitoire des repas à 3 francs pour l’année scolaire 2021-2022. Au début de l’été, le Département de l’instruction publique (DIP) a demandé à l’Université de Genève (UNIGE) de présenter un dispositif qui serait ciblé aux étudiants dans le besoin, refusant ainsi un «arrosage systématique» de potentiellement 25’000 personnes. Le Conseil d'Etat a réitéré sa demande fin août.
L’Université de Genève avait lancé en mai 2021 la vente d’un repas à 3 francs destiné aux étudiants isolés et/ou précaires, grâce au soutien de fondations privées. «Le contrôle des cartes étudiantes était systématique, mais aucun justificatif financier n’était demandé pour éviter toute stigmatisation et une lourde charge administrative supplémentaire pour un service social déjà noyé sous les demandes d’aides financières. Ces dernières ayant bondi de 210% durant la pandémie», rappelle Micheline Louis-Courvoisier, vice-rectrice de l’UNIGE.
Bientôt un plat à 5 francs
Au total, 19’294 repas ont été distribués durant le mois de mai, soit environ 5000 par semaine. Le coût de l’opération en mai s’est élevé à 106’137 francs. Cette aide n’était pas prévue pour durer, mais c’était compter sans une motion, déposée par les socialistes et votée positivement au Grand Conseil le 2 juillet. Le texte demandait la reconduction de cette offre de plats à petit prix durant un an, en incluant cette fois le corps étudiant des hautes écoles. En attendant une assiette qui devrait être proposée à 5 francs par l’Université dès la rentrée 2022.
«Sans un ciblage sur les plus démunis, de nombreuses personnes pourraient être intéressées par les offres de repas à 3 francs.»
Si la motion acceptée par le parlement chiffrait le coût de cette aide extraordinaire à 1,6 million de francs, le Conseil d’État craint que l’opération ne coûte bien plus cher.
«Sans un ciblage sur les plus démunis, de nombreuses personnes pourraient être intéressées par les offres de repas à 3 francs. Si l’on imagine au minimum 5000 individus (25% de la population totale de l’UNIGE), on serait à 29’500 francs journaliers, soit 5,9 millions de francs sur dix mois», rapporte Pierre-Antoine Preti, porte-parole du DIP. Il rappelle également qu’un crédit supplémentaire de 1 million destiné à l’aide d’urgence Covid-19 en faveur des étudiants de l’UNIGE et de la HES-SO GE a déjà été voté le 16 décembre 2020 par la Commission des finances.
L’Université et la HES-SO GE annoncent travailler conjointement à la présentation d'une nouvelle demande ciblée.
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