LoisirsDes étranges sirènes s’invitent au festival Antigel
Tour d’horizon du «mermaiding», une discipline se situant entre sport et loisir.

Avez-vous jamais rêvé de vous transformer en sirène ou en triton ondulant gracieusement dans des forêts d’algues océanes? Avez-vous souhaité être Ariel, la petite sirène de Walt Disney, ou l’un de ses compagnons aquatiques? Si c’est le cas, votre rêve pourra devenir réalité grâce au festival Antigel et aux Geneva Mermaids, qui proposeront une initiation à la nage sirène, le 25 février prochain à la piscine de Thônex.
Sport aquatique
Né aux États-Unis, ce sport commence à se démocratiser en Suisse, où il existe maintenant 22 écoles. À Genève, une septantaine d’élèves de tous âges participe aux cours de «mermaiding» proposés par l’association Geneva Mermaids dans plusieurs piscines du canton. Mais que recouvre exactement cet anglicisme? Le mermaiding, c’est à la fois un sport aquatique et un loisir s’apparentant au cosplay. Revêtus d’un costume se terminant par une monopalme, les adeptes du mermaiding travaillent l’apnée et la nage en ondulation, tout en enchaînant des figures artistiques et des poses sous-marines. Cela fait du mermaiding une activité sportive proche de la nage en monopalme, du ballet aquatique et de la natation synchronisée.
Endurance physique
Les figures réalisées sous l’eau font travailler l’endurance physique et permettent le renforcement de la musculature des abdominaux, du dos, des jambes et des pieds. À la différence de la nage en monopalme, le mermaiding ne vise pas la rapidité mais se concentre sur le caractère fluide et gracieux des mouvements. Reconnu depuis 2019 par la Fédération suisse des sports subaquatiques, le mermaiding a eu ses premiers Swiss Merlympics en septembre 2022 dans le village valaisan de Fiesch. Cette compétition qui aura une nouvelle édition en mai 2024 réunit sportives et sportifs suisses et étrangers et contribue à promouvoir cette activité auprès du grand public.
Devenir une sirène
Toutefois réduire le mermaiding à la seule activité sportive serait une erreur. La transformation physique en sirène fait clairement partie du plaisir des participants et participantes, qu’ils soient enfant ou adulte. «On ne se contente pas de mettre un costume, m’explique Danidia Bruhin, une des cinq fondatrices des Geneva Mermaids, on devient sirène. Pour moi, cet aspect est primordial. J’aime me transformer physiquement et incarner une créature mi-humaine, mi-marine. Ça me fait vibrer de pouvoir vivre ces moments entre merveilleux et magie.» Pour certains adeptes, la création d’un «mersona» - personnage aquatique imaginaire - permet même de s’inventer une nouvelle personnalité possédant nom, traits de caractère, histoire propre et bien entendu costume et accessoires individualisés. Ne reste plus alors qu’à plonger et à vivre pleinement cette vie imaginaire.
Quelques questions à Tanidia Bruhin, cofondatrice des Geneva Mermaids et des Merlympics 2022 et 2024
Tanidia, qu’est-ce qui t’a amené au mermaiding?
J’ai fait beaucoup de natation dès mon plus jeune âge. Enfant, j’aimais m’imaginer en sirène virevoltant dans la mer. Pendant les vacances, je passais la plus grande partie de mon temps dans la mer, qui est un milieu que j’adore. Plus tard, au cours de mes études, alors que je faisais des recherches sur les peuples de la mer, je suis tombée sur un site internet qui vendait des queues de sirène. Ça a été le coup de foudre. Aussi pour mes 25 ans, ma famille m’a offert ma première queue de sirène.
Et comment es-tu passée de cette pratique somme toute personnelle à la création de votre association, les Geneva Mermaids?
Tout d’abord, j’ai converti ma meilleure amie à ce sport. Pendant deux ans, nous nous sommes entraînées en solo car il n’existait pas de formation de mermaiding, juste quelques vidéos. On a appris sur le tas, par la pratique. Ça a été assez facile car je nageais depuis longtemps et je pratiquais déjà l’apnée. Ça nous changeait de la natation classique où on fait des longueurs de bassin. C’est un tout autre rapport à l’eau. Comme on appréciait énormément cette activité, on a eu envie de la partager et on a monté un projet qu’on a présenté à la Commune de Chancy. Elle a donné son accord et on a pu ouvrir des cours pour les enfants, les adolescents et les adultes dans la piscine locale. Pour pouvoir donner de tels cours, on a suivi un certain nombre de formations: sauvetage, bien évidemment, mais aussi brevet SSI (Scuba Schools International), qui était à l’époque la seule formation sirène. Ensuite, on a converti nos amies et ma sœur. L’été passé, nous avons encore suivi une formation SSI qui nous permet maintenant de délivrer des brevets de mermaiding. Nous nous sommes ensuite organisées en association pour faciliter le lien avec les piscines et les clubs de natation.
Pour toi, le mermaiding c’est quoi?
C’est bien sûr une activité physique, mais c’est bien plus que cela. D’une part, ce type de natation en apnée apporte détente et calme intérieur, car sous l’eau, les sons et toute la frénésie du monde extérieur s’estompent. Ça permet de se vider des tensions engrangées au cours de la semaine. C’est une chose qui plaît beaucoup à nos participants adultes. D’autre part, pour les enfants qui viennent au cours, une grande part de leur plaisir vient de la transformation en sirène. C’est tout l’imaginaire qui y est lié qui leur met des paillettes dans les yeux et un sourire aux lèvres. Aussi, quand les parents me disent que leur enfant attend toute la semaine de venir à leur cours, c’est pour moi un cadeau fantastique.
Festival Antigel samedi 25 février 2023, 15 h 30: «J’peux pas j’ai piscine», initiation au mermaiding, piscine de Thônex. Ch. de Marcelly 8, 1226 Thônex. Ouverture des portes 15 h. Les Geneva Mermaids: https://www.genevamermaids.ch/
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