MobilitéDes élus de droite veulent une vignette pour pédaler
Face à l’extension du réseau de pistes cyclables, une motion demande que les vélos soient taxés à hauteur de 20 francs par an.

En plus d’éviter les bouchons, d’être propre en CO2 et d’être bon pour la santé, faire du vélo en Suisse est gratuit. Les automobilistes mais aussi les usagers des trains paient, eux, pour supporter – au moins en partie – les coûts qu’ils génèrent. Et des élus de droite entendent bien régler cette différence de traitement en faisant passer les cyclistes à la caisse.
Dans une motion dont nos confrères de la «SonntagsZeitung» se font l’écho, le conseiller national UDC Benjamin Giezendanner demande que les usagers du vélo doivent s’acquitter d’une vignette – qui n’aurait toutefois rien à voir avec celle, abandonnée il y a dix ans, qui servait d’assurance – se calquant sur le modèle pour les voitures. L’homme juge qu’un prix de 20 francs par an et par vélo serait raisonnable. Quarante-cinq autres élus provenant de l’UDC mais aussi du PLR et du Centre ont également signé cette proposition.
«Un prix de 20 francs par an et par vélo serait raisonnable.»
Benjamin Giezendanner justifie sa motion par les décisions du parlement visant à étendre le réseau cyclable qui, selon ses estimations, est chiffré à deux milliards de francs. Ces droits supplémentaires accordés aux cyclistes doivent générer des responsabilités et donc un engagement financier des utilisateurs, explique l’élu. Il ajoute que les coûts engendrés par les vélos (l’entretien du réseau mais surtout les frais consécutifs aux accidents causés par les cyclistes) auraient nettement augmenté depuis les derniers chiffres datant de 2015, notamment en raison de la hausse des accidents provoqués par des engins électriques.
Pro Vélo s’indigne
En 2015, l’Office fédéral de la statistique avait chiffré à 5,6 milliards de francs le coût de la pratique du vélo, dont 10% ont été à la charge directe des pouvoirs publics. Selon les calculs réalisés par nos confrères, une vignette à 20 francs ramènerait 110 millions de francs par an, auxquels il faudrait ajouter les taxes prélevées auprès des propriétaires de vélos électriques et des entreprises de vélos en libre-service.
«Il est dommage de tenter de monter les automobilistes contre les cyclistes. Je croyais que cette querelle était terminée depuis vingt ans.»
Une telle proposition fait toutefois bondir le président de Pro Vélo Suisse, Matthias Aebischer, qui est aussi conseiller national socialiste. Sur le fond, il considère que le développement des pistes cyclables profite à tout le monde en assurant plus de sécurité aux cyclistes mais aussi aux automobilistes. Les pistes séparées conduisent aussi à une fluidification du trafic. Et de rappeler que chaque cycliste est aussi un contribuable et qu’il participe ainsi déjà à l’infrastructure de tous les usagers de la route. Et d’ajouter: «Il est dommage de tenter de monter les automobilistes contre les cyclistes. Je croyais que cette querelle était terminée depuis vingt ans.» Il faut croire que non.
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