Polémique autour d’un livreDes écologistes torpillent un best-seller de la BD
Des activistes ont envoyé un faux erratum à insérer dans l’album «Le monde sans fin» de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain.

Pour de bonnes ou de mauvaises raisons, cet album-là ne cesse de faire le buzz. Parue fin octobre 2021, la bande dessinée documentaire «Le monde sans fin» a caracolé en tête des ventes de livres en 2022, au point de devenir le phénomène éditorial de l’année écoulée. Selon des chiffres GfK-Livres Hebdo publiés fin décembre, le best-seller cosigné par le spécialiste du climat et de l’énergie Jean-Marc Jancovici et par le dessinateur Christophe Blain s’est écoulé à 514’000 exemplaires en France… loin devant «L’affaire Alaska Sanders» du Genevois Joël Dicker (432’000 exemplaires).

D’excellentes ventes qui devraient réjouir son éditeur, Dargaud, si des activistes écologistes ne s’étaient mis en tête de torpiller cet excellent bouquin évoquant le réchauffement climatique, la révolution pétrolière et les énergies non polluantes. Pour discréditer l’ouvrage, un message électronique a été envoyé à différentes librairies de l’Hexagone. Il leur demande, après impression du texte joint, d’inclure un erratum dans les pages du livre.
Critiques sévères
Reproduisant frauduleusement l’en-tête des Éditions Dargaud, le document émane d’une prétendue «commission environnement» de l’éditeur français. Il critique sévèrement les positions défendues par Jean-Marc Jancovici, le scénariste du «Monde sans fin». Usant de métaphores éclairantes, ce dernier formule différentes hypothèses et solutions. Dessinateur inspiré, Christophe Blain met ces propos en images, en jouant au Candide inquiet pour l’avenir de la planète.

Que reproche-t-on à Jancovici? Absolument pas ses capacités de vulgarisation scientifique, bien réelles et faisant merveille tout au long des 196 pages de l’album, mais bien le fait que le polytechnicien, enseignant et membre du Haut Conseil pour le climat, défende le nucléaire, sans croire aux vertus du solaire, de l’éolien et de l’hydraulique.
Libéral et autoritaire
«L’orientation générale du livre, malgré son apparente critique de la croissance, est de tendance libérale plutôt autoritaire», affirme le pseudo-erratum. Qui continue plus loin de manière tout aussi accusatrice: «Jean-Marc Jancovici use d’approximations, d’intox et de procédés rhétoriques qui ne permettent pas aux lecteurs de se faire une opinion juste et fondée sur les faits.»

Sans dénier l’esprit de synthèse de l’album ni le formidable travail graphique de Christophe Blain, les auteurs du brûlot avancent que «Jancovici peut avoir le malheur de simplifier à outrance des problèmes de société et exprime de simples opinions politiques avec l’assurance de la vérité scientifique».
Poursuites judiciaires
L’affaire pourrait ne pas en rester là. Citées par le site ActuaLitté, les Éditions Dargaud condamnent des propos «diffamatoires envers le contenu et les auteurs de l’album». Des poursuites judiciaires vont être engagées. Contacté par ActuaLitté, Jean-Marc Jancovici assure pour sa part que le texte incriminé «ne contient rien de bien nouveau sur le fond», précisant avoir «déjà répondu [aux différents reproches] des dizaines de fois».
En attendant, le ramdam créé par le prétendu erratum contribue à éveiller l’attention de nouveaux lecteurs. Peut-être pas l’objectif recherché par ceux qui dénigrent «Le monde sans fin»…
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