Rachat de Credit Suisse (direct)Le National pour des règles plus sévères pour les banques
Suivez les dernières nouvelles liées au rachat de Credit Suisse par UBS.
Trois semaines après la session extraordinaire sur la crise bancaire, le débat divise toujours les esprits. Mais cette fois, les socialistes ont réussi à faire accepter trois interventions pour durcir les règles. Le Conseil des Etats devra encore valider.
Les deux motions et le postulat de Prisca Birrer-Heimo (PS/LU) avaient été déposés bien avant la faillite de Credit Suisse, dans le contexte des pertes affichées après la débâcle de Greensill et Archegos. Depuis, c’est le Credit Suisse lui-même qui a dû être sauvé en urgence.

Pour la socialiste, les récents événements démontrent qu’il est urgent d’agir. Elle a rappelé les députés à leurs promesses faites durant la session extraordinaire. «On ne peut plus attendre des rapports», estime Mme Birrer-Heimo.
La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a répondu que toutes ces questions avaient été largement débattues en avril et que le Conseil fédéral avait été chargé de rendre un rapport sur tous ces aspects. Selon elle, il ne fallait pas anticiper.
Un avis que n’a pas partagé le plénum. Les deux motions ont été acceptées respectivement par 101 voix contre 70 et 92 contre 82. Une vingtaine d’élus se sont abstenus à chaque fois.
La date de départ de Sergio Ermotti de la présidence du conseil d’administration de Swiss Re est désormais connue. L’ancien et nouveau patron d’UBS quittera le réassureur zurichois le 30 avril pour pouvoir se concentrer sur l’intégration de Credit Suisse au sein de la banque aux trois clés.

Sans surprise, ses actuelles fonctions seront alors confiées à titre intérimaire au vice-président Jacques de Vaucleroy, indique Swiss Re dans un communiqué jeudi.
Credit Suisse a à nouveau essuyé des reflux d’argent sur les trois premiers mois de 2023. Ils ont atteint 61,2 milliards de francs, indique la banque zurichoise dans le dernier rapport intermédiaire de son histoire, avant son rachat par UBS.
Combien de personnes perdront leur emploi à l'issue du processus de fusion entre UBS et Credit Suisse? La question se posera – parmi d'autres – à l'occasion de la publication des chiffres des deux banques pour le 1er trimestre 2023. Ce sera lundi 24 avril pour Credit Suisse (et non jeudi 27 comme indiqué par erreur dans une première version de cet article), mardi 25 avril pour UBS.
La «SonntagsZeitung» affirme ce dimanche qu'il n'y aura pas de licenciements pour le moment. Au contraire: UBS et CS doivent même embaucher davantage de personnel à court terme. Et ce, au moins tant que le contrat de reprise n'a pas été conclu et que la fusion n'a pas encore été approuvée partout. Car d'ici là, les banques doivent être gérées chacune de leur côté. De plus, face à la menace de licenciements massifs, les deux entités ont déjà enregistré de très nombreuses démissions dans le monde entier. C'est surtout le cas chez CS , précise le journal dominical alémanique.
La date de reprise officielle serait désormais fixée au 30 juin 2023. PMO
Cinq semaines après l’annonce choc du rachat de Credit Suisse par UBS, les contours de la future «mégabanque» helvétique restent incertains. L’avenir passe-t-il par une intégration complète des activités suisses de CS dans UBS? Ou par une vente de ce secteur clé? Dans la «Neue Zürcher Zeitung», un expert avance une piste intermédiaire: l'UBS pourrait intégrer CS, puis le «relâcher dans la nature».
«C'est en transférant l'ensemble de CS sur sa propre plateforme, à l'exception de la banque d'investissement, qu'UBS pourra exploiter au mieux les synergies de la reprise», plaide Andreas Venditti, analyste chez Vontobel. L'informatique et le traitement des transactions seraient regroupés. Dans un deuxième temps, UBS pourrait remettre CS sur le marché en tant que banque indépendante sous son propre nom. CS aurait sa propre image, mais profiterait de la plate-forme de l'UBS et de coûts moindres, ce qui optimiserait les marges. Une entrée en bourse deviendrait par ailleurs attractive.

«Le résultat serait une situation gagnant-gagnant classique», estime Andreas Venditti. Les deux entités en profiteraient et cette scission atténuerait, selon lui, les réticences à l'égard de la nouvelle «banque monstre». De plus, les suppressions d'emplois seraient moins radicales qu'en cas d'intégration totale.
Contactée par la NZZ, la direction d’UBS n'a pas souhaité s'exprimer sur cette variante. Mais l'idée pourrait avoir un défenseur de premier plan: le CEO Sergio Ermotti, revenu à la barre du navire depuis l’annonce du rachat. En 2017 déjà, il s'était fait l'avocat d'une banque de transaction inter-établissements afin de renforcer la compétitivité de la place financière. «Pour les grandes banques comme UBS, une telle plateforme peut aider à augmenter la rentabilité. Et pour les petites et moyennes banques, elle peut, selon la situation, être nécessaire à leur survie ou contribuer à de meilleurs résultats», avait alors déclaré Sergio Ermotti au «Blick».
La mise en œuvre avait cependant échoué en raison de l'opposition de la Bourse suisse SIX, qui avait jugé le projet irréalisable. PMO
Le Conseil fédéral confirme que le vote du Parlement sur les engagements urgents que la Confédération a pris pour sauver Credit Suisse n’ont aucune incidence juridique. Sans ces garanties, UBS n’aurait pas pu acquérir la banque, indique-t-il mercredi.
Le «non» du Conseil national, donc du Parlement dans son ensemble, aux crédits d’engagement, correspond à un renvoi formel de l’objet au Conseil fédéral. Mais lors des débats, les parlementaires sont partis du principe qu’un rejet n’aurait aucune incidence juridique sur les engagements pris. Or une polémique avait remis en question cette interprétation du droit.

Le Conseil fédéral a pris acte mercredi de la décision du Parlement. Il valide l’interprétation selon laquelle le vote avait une valeur purement symbolique. Il se fonde pour cela sur l’ordonnance de nécessité qui confère un caractère contraignant aux engagements. Dans ce contexte et conformément à la loi, il a obtenu le feu vert de la Délégation des finances des Chambres fédérales.
Le Conseil fédéral souligne que les circonstances exceptionnelles et l’urgence de la situation l’ont contraint à prendre ces engagements et à accorder des garanties à la BNS et à UBS le jour même afin de prévenir une crise financière et de sérieux dommages à l’économie suisse.
Credit Suisse s’apprête à relever le taux d’intérêt sur ses comptes épargne. A compter du 1er mai, ce dernier passera à 0,75% pour les dépôts jusqu’à 50’000 francs et à 0,25% pour les avoirs jusqu'à 500'000 francs, contre respectivement 0,25% et 0,10% actuellement.

Rien ne change en revanche pour les comptes de plus d’un demi-million, pour lesquels la rémunération reste nulle, a indiqué mardi à l’agence AWP la banque aux deux voiles. Pour les clients ayant opté pour la version CSX Platinum, le taux d’intérêt avait été relevé dès le 27 mars à 1,5% pour les avoirs jusqu’à 250’000 francs et à 0,5% jusqu'à 500'000 francs.
A partir du 1er mai également, la rémunération des comptes de libre passage et de prévoyance 3a passeront respectivement à 0,2% et 0,6%, contre 0,1% et 0,3% à ce jour.
Le cabinet de conseil Alvarez & Marsal (A&M) a décroché un mandat de la Confédération dans le cadre de l’absorption annoncée le 19 mars dernier de Credit Suisse (CS) par son rival UBS.

Le prix de la prestation de «conseil en matière économique concernant la garantie de la Confédération pour la couverture du risque de défaillance contre les pertes en ce qui concerne la fusion de deux banques» se monte à un peu plus de 8,7 millions de francs, options et TVA incluses, pouvait-on lire mardi sur la plateforme des marchés publics Simap.
Dans ses considérants, le mandataire a souligné la nécessité de «conseils et de soutien économique à court terme» pour la mise en oeuvre contractuelle de l’octroi des garanties financières de plus de 200 milliards de francs dans le cadre de l’opération. La Confédération s’était par ailleurs engagée à couvrir des pertes à hauteur de 9 milliards, après les 5 premiers milliards déboursés par UBS.
L’adjudication du marché à A&M, qui remonte au 4 avril, est à mettre au crédit de «l’expérience pertinente» du cabinet dans la liquidation de banques et de portefeuilles similaires, ainsi que sa «proposition de procédure claire».
L'ex-ministre des Finances s'est élevé lundi contre les critiques qui fusent après la débâcle de Credit Suisse. «C'est dommage que Credit Suisse en soit arrivé là. Peut-être que cela aurait pu être évité, mais cela a commencé il y a des années », a déclaré Ueli Maurer.

S'exprimant sur la chaîne régionale Tele Zür, l'ancien conseiller fédéral a écarté toute erreur de gestion qui aurait pu conduire à la chute de la banque quand il était aux affaires. «Tous ceux qui animent la critique n'ont tout simplement aucune idée du fonctionnement du secteur bancaire», a-t-il martelé.
Deux plaintes ont été déposées contre la Suisse par des détenteurs d’obligations à risque du Credit Suisse, déclarées sans valeur par les autorités lors du rachat dans l’urgence de la deuxième banque du pays par sa rivale UBS.
Le ministère des finances a confirmé le dépôt de deux plaintes, révélées dimanche par l’hebdomadaire SonntagsZeitung, sans donner d’informations supplémentaires sur les procédures en cours.
Le Département fédéral des finances ajoute ne pas avoir connaissance d’autres plaintes, dénonciations ou recours mais précise que la Confédération sait que des investisseurs étudient la possibilités de poursuites en rapport avec la reprise du Credit Suisse par UBS.
Le Conseil fédéral avait provoqué une onde de choc dans le monde obligataire en annonçant le 19 mars, en même temps que le rachat de Credit Suisse pour seulement 3 milliards de francs suisses, que ces obligations Additionnal Tier 1 (AT1) non seulement ne valaient plus rien mais aussi qu’elles avaient décidé de privilégier les actionnaires de Credit Suisse plutôt que les investisseurs qui avaient acheté ces AT1 pour 16 milliards de francs suisses.
Les détenteurs de titres de dette sont en général prioritaires sur les actionnaires. Pour la FINMA, «l’amortissement total» de ces titres était prévu noir sur blanc dans le prospectus de vente, en particulier dans un scénario d'aide publique exceptionnelle.
8 milliards de dédommagements en vue?
Pour rappel, afin de convaincre UBS de reprendre Credit Suisse, sans que le numéro un du secteur bancaire soit en mesure d’examiner en détail les livres de comptes, le Conseil fédéral et la banque centrale ont donné des garanties financières à hauteur de 109 milliards de francs. Des aides, elles-mêmes contestées par le parlement lors d’une session extraordinaire de trois jours consacrée au sujet la semaine dernière.
La SonntagsZeitung estime toutefois que la Confédération pourrait se voir forcée de verser environ 8 milliards de francs de dédommagement aux détenteurs de ces obligations, soit leur valeur indicative à la date du 17 mars.
L’hebdomadaire indique que les plaignants comptent s’appuyer sur des accords bilatéraux de protection des investissements passés avec une centaine de pays pour faire valoir leurs droits.
Les pays du G20 et le FMI ont salué l’intervention «rapide et décisive» du Conseil fédéral dans la crise de Credit Suisse, a déclaré vendredi Karin Keller-Sutter. Le sujet a été évoqué lors de la visite de la ministre des Finances à Washington.
Les autorités étrangères ont reconnu dans une large mesure que, face à une situation complexe, la Suisse avait trouvé une solution permettant de garantir la stabilité financière à l’échelle nationale et internationale, indique le Département fédéral des finances (DFF) dans un communiqué.
La St-Galloise a tiré vendredi soir un bilan positif de son séjour dans la capitale américaine pour les réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et à la réunion des ministres des Finances du G20. Elle a également souligné qu’il faudra continuer à œuvrer activement à l’élaboration du règlement international en vue de garantir la stabilité des marchés financiers.
Le Conseil national a de nouveau rejeté mercredi les garanties de la Confédération pour sauver Credit Suisse. Ce deuxième refus est définitif. Il sonne comme un désaveu cinglant de la gestion de la crise par le Conseil fédéral.
Lire notre édito: Une enquête s’impose sur Credit Suisse
Le vote est tombé par 103 voix contre 71 et 8 abstentions. L’alliance de la gauche avec l’UDC a coulé le projet, malgré une solution de compromis repêchée dans la matinée par le Conseil des Etats. La proposition sommait le gouvernement d’élaborer un projet de loi qui permette de réduire drastiquement les risques des grandes banques pour l’économie suisse.

Contrairement au National la veille, les sénateurs ont repris le compromis dans son intégralité, incluant l’examen d’une augmentation substantielle de fonds propres et d’une restriction légale des bonus versés aux membres du conseil d’administration, à la direction et aux organes des de contrôle de ces banques. Cette solution n’a pas suffi.
Lire notre article: Le parlement attaque la crédibilité du Conseil fédéral
L’UDC a persisté jusqu’au bout dans son rejet. Le PS a dit n’avoir pas confiance dans les promesses faites en matière de fonds propre et de bonus. Karin Keller-Sutter s’est pourtant engagée à soumettre au Parlement différentes variantes.
Malgré la fronde des députés, les sénateurs approuvent toujours la stratégie du gouvernement sur le rachat de Credit Suisse par UBS. Ils ont à nouveau validé les garanties fédérales de 109 milliards pour les deux banques, tout en durcissant les conditions d’octroi.
La loi sur les banques devra être revue pour réduire drastiquement les risques que les grandes banques font peser sur les finances fédérales et l’économie suisse. Concrètement, il faudra examiner plusieurs mesures, comme l’augmentation des fonds propres des établissements et la réduction des bonus des dirigeants et des membres des conseils d’administration.
«Il s’agit de construire un pont avec le National», a plaidé Johanna Gapany (PLR/FR) pour la commission. Les députés avaient rejeté dans la nuit de mardi à mercredi les crédits, grâce à une alliance contre-nature de la gauche et de l’UDC. Le parti conservateur a refusé les montants d’entrée de jeu, estimant que les banques trop grandes pour faire faillite ne devraient plus exister.

La gauche aurait pu accepter les crédits, sous conditions. Elle a exigé des garde-fous plus stricts. Le National les a toutefois refusés. Le PS et les Vert-e-s ont donc rejoint l’UDC dans le camp des opposants.
A voir si l’ajout du Conseil des Etats les fera changer d’avis. Le National se resaisira du dossier en fin de matinée.
Les garanties fédérales pour le rachat de Credit Suisse achoppent au National. Contrairement aux sénateurs, les députés ont refusé mardi les crédits urgents de 109 milliards de francs. Ils désavouent ainsi la stratégie du Conseil fédéral.
Lire notre article: Les quatre promesses du Conseil fédéral pour calmer le parlement
Credit Suisse s’est retrouvé dans la tourmente mi-mars, après l’écroulement de la Silicon Valley Bank. Ses titres ont chuté en bourse, menant à son rachat par UBS. La Confédération et la Banque nationale suisse (BNS) ont actionné plusieurs instruments pour encadrer la fusion. La BNS a mis à disposition des deux banques 150 milliards de liquidités qui ne sont pas soumis au parlement.

L’Etat a lui apporté sa garantie pour un montant de 109 milliards de francs. Un premier crédit de 100 milliards permet de garantir les prêts octroyés par la BNS à Credit Suisse. Le second de 9 milliards est destiné à UBS. Ce sont ces deux enveloppes qui ont été rejetées par 102 voix contre 71, grâce à une alliance contre-nature de la gauche et de l’UDC au National.
La décision n’est toutefois pas définitive. Le projet doit repasser devant les sénateurs. Même si ces derniers retournaient leurs vestes et refusaient finalement les crédits, l’impact du vote serait quasi-inexistant, car les montants ont déjà été engagés. Le rejet des députés résonne plus comme un désaveu du gouvernement.
L’UDC et le PS ont tenté de modifier l’ordre du jour de la session extraordinaire sur la crise bancaire en y ajoutant des propositions de leur cru. En vain. Leurs demandes ont été nettement rejetées mardi par une majorité des députés du Conseil national.
L’UDC avait l’intention de déposer deux motions. La première demandait qu’il n’y ait plus en Suisse de banques trop grandes pour faire faillite (too big to fail). En cas d’impossibilité à réaliser cet objectif, les établissements seraient tenus de vendre certaines divisions ou de les fermer.
La seconde demandait que la majorité des membres de conseil d’administration d’entreprises d’importance systémique soient de nationalité suisse et qu’ils soient domiciliés en Suisse. Il est important selon l’UDC que les administrateurs prennent des décisions en tenant compte de la Suisse et de son économie. La proposition UDC a été balayée par 130 voix contre 50.

Les socialistes auraient quant à eux voulu reprendre quatre anciennes interventions non encore traitées sur la régulation du secteur bancaire. Deux motions portaient sur les exigences de fonds propres et sur les bonus versés aux cadres. Un postulat demandait que la FINMA puisse prendre des sanctions et une intervention abordait la stratégie d’évaluation des risques.
Les interventions avaient été déposées en 2021, car «il était déjà clair que les grandes banques étaient dans une situation périlleuse», a indiqué Roger Nordmann (PS/VD). Ces interventions n’auraient pas permis de sauver Credit Suisse, a opposé Thomas Aeschi (UDC/ZG). Le changement de programme a ainsi été rejeté par 114 voix contre 64.
La garantie fédérale au sauvetage de Credit Suisse est validée par le Conseil des Etats. Les sénateurs ont avalisé mardi les crédits urgents d’un montant total de 109 milliards de francs. Les critiques ont fusé pour dénoncer les manquements qui ont mené à la crise.
Alain Berset s'est exprimé à l'ouverture de la session extraordinaire du parlement sur Credit Suisse. Il était présent au Conseil des Etats où il a lu en fin de matinée une déclaration du Conseil fédéral.
Lire notre article: Tout sur les 259 milliards de Credit Suisse
Il a rappelé brièvement le contexte historique qui a mené à la chute de Credit Suisse et comment le rachat s'était déroulé. Il a rappelé les garanties financières que le gouvernement a mis en place.

«La perte de confiance en Credit Suisse ne s’est pas produite en une seule nuit», a encore pointé le Fribourgeois. Elle a été détruite progressivement par des responsables incapables de tirer les leçons de la dernière crise et d’en assumer les conséquences. Alain Berset a précisé que la faillite de la banque «aurait eu des conséquences désastreuses pour notre pays».
«La perte de confiance en Credit Suisse ne s’est pas produite en une seule nuit»
«Nous vivons dans une époque où ce qui était évident ne l’est plus», a-t-il soulevé, rappelant la pandémie de coronavirus ou encore l’invasion russe en Ukraine. «Le monde tel que nous pensions le connaître subit de nombreuses secousses.»
Lire notre article: La session spéciale sur Credit Suisse va faire pschitt
Le président de la Confédération a tenu à mettre en avant le fait que «la disparition du Credit Suisse n’est pas celle de la Suisse, c’est la disparition d’une banque, une grande banque mais d’une banque uniquement, ni plus ni moins». En conclusion, il a expliqué qu'il est «important de se rappeler et préserver et renforcer les fondamentaux qui font notre pays: la confiance, la sécurité, la fiabilité, l'équité, la liberté, la responsabilité».
Le législateur devrait, selon lui, se pencher à l’avenir sur les adaptations nécessaires au niveau législatif. Et d’appeler de ses voeux «un cadre aussi solide que possible pour éviter que ce genre de crises ne se reproduise». Les parlementaires ne lui ont pas posé de questions et les autres interventions ont pu commencer sous la coupole.
Une nouvelle plainte collective a été déposée aux Etats-Unis contre Credit Suisse (CS). Des investisseurs accusent la banque aux deux voiles de faux dans les titres, ses responsables ayant présenté de manière mensongère des données sur l’activité, l’exploitation et les perspectives du groupe.
Le cabinet d’avocats Kessler Topaz Meltzer & Check a indiqué jeudi dans un communiqué avoir déposé plainte contre l’établissement pour tromperie auprès du tribunal de district du New Jersey. Selon lui, plusieurs investisseurs auraient subi des pertes considérables en raison des déclarations trompeuses faites par les responsables de Credit Suisse.
Parmi les accusés figurent notamment le président du conseil d’administration Axel Lehmann, le directeur général (CEO) Ulrich Körner et le directeur financier (CFO) Dixit Joshi. Les plaignants reprochent notamment les propos du président lorsqu’il avait affirmé début décembre dans une interview à Bloomberg que les sorties d’argent avaient «quasiment cessé» et que la tendance s’était même «en partie inversée».

Le cabinet est à la recherche de plaignants désireux de mener le litige dans le cadre de la procédure collective ou d’agir passivement en arrière-plan. Mi-mars, plusieurs médias avaient déjà rapporté que Credit Suisse serait visé par une plainte d’un groupe d’actionnaires aux Etats-Unis pour les mêmes griefs.
Le Conseil fédéral s’engage à rendre un rapport dans un délai d’un an sur le rachat de Credit Suisse par UBS. Il soutient une dizaine de postulats déposés par les commissions du Parlement. L’analyse abordera plusieurs thèmes dont la réglementation too big to fail.
«Le Conseil fédéral est d’avis que les événements qui ont conduit à l’acquisition de Credit Suisse par UBS et à la prise de mesures par la Confédération doivent faire l’objet d’un examen approfondi», écrit le gouvernement dans sa réponse aux postulats publiée jeudi.

Les conclusions seront soumises au Parlement dans un délai d’un an lors du prochain rapport du Conseil fédéral sur les banques d’importance systémique. L’examen intégrera des expertises externes et répondra aux questions soulevées dans les postulats.
Les demandes d’explication émanent de la commission de l’économie et des redevances du National, des commissions des finances des deux Chambres et de la commission des affaires juridiques du National. Elles portent sur plusieurs sujets: les événements qui ont conduit à la chute de Credit Suisse, la réglementation too big to fail ou l’examen d’une possible action en justice à l’égard des organes dirigeants de Credit Suisse.
Les dirigeants d’UBS ont affirmé mercredi à leurs actionnaires que le rachat hâtivement arrangé de Credit Suisse était une «tâche herculéenne» pleine de risques, mais que c’était la bonne décision à prendre.
Le président de la première banque de Suisse Colm Kelleher a dit «comprendre» que tous les actionnaires ne soient «pas contents».
Mais «je suis convaincu que nous avons fait le bon choix», a-t-il assuré lors de l’assemblée générale annuelle à Bâle.

Le 19 mars, sous une pression intense des autorités suisses, le numéro un du secteur bancaire helvétique a accepté d’acheter sa rivale pour la maigre somme de 3 milliards de francs suisses (équivalent en euros), négociant toutefois de solides garanties financières auprès de la banque centrale et du gouvernement.
Les actionnaires d’UBS, comme ceux de Credit Suisse --réunis mardi à Zurich--, n’ont pas eu leur mot à dire.
La fusion de ces deux banques déjà considérées comme trop grosses pour faire faillite avant leur rapprochement va être «une tâche herculéenne», a reconnu Lukas Gähwiler, vice-président d’UBS.
Trop grosse pour survivre
Le directeur de la Finma, le gendarme des marchés financiers en Suisse, a utilisé le même terme mercredi à Berne. «C’est une tâche herculéenne qui va prendre plusieurs années», a affirmé Urban Angehrn, qui réclame davantage de pouvoir, notamment au niveau des sanctions, pour pouvoir réguler le marché face à ce géant qui va émerger.
UBS va se métamorphoser en colosse bancaire à la tête de 5.000 milliards d’actifs investis une fois la fusion scellée.
«Cette nouvelle banque géante nous inquiète», a déclaré Vincent Kaufmann, directeur de la fondation Ethos, qui représente des caisses de retraite en Suisse. Il a souligné la concentration des risques qui va en résulter, la diminution de la concurrence en Suisse et les pertes d’emplois à venir.

Ensemble, les deux banques emploient 120.000 personnes dans le monde, dont 37.000 en Suisse. Les suppressions d’emplois pourraient représenter 20 à 30% des effectifs.
«On achète une banque sans faire de diligence raisonnable», sans savoir «ce qu’il y a dans les placards», a-t-il ajouté auprès de l’AFP.
Mais l’assemblée d’UBS s’est tenue dans une atmosphère beaucoup plus calme que celle de Credit Suisse, où les actionnaires ont clamé leur colère pendant cinq heures.
«C’est une mauvaise solution», juge toutefois Walter Gschwend, actionnaire et ancien employé d’UBS à la retraite, qui aurait préféré une reprise par l’Etat.
La banque va être tellement grande qu’elle «ne pourra plus être sauvée» en cas de choc, «elle va être trop grosse pour survivre», a-t-il confié à l’AFP à l’entrée de l’assemblée générale.
Les actionnaires ont néanmoins largement renouvelé leur confiance au président de la banque, réélu avec 89,8% des voix.
UBS avait eu son lot d’assemblées générales agitées, notamment dans les années suivant la crise financière de 2008, qui avait nécessité la mise en place d’un plan de sauvetage par l’Etat.
Risques de litiges
Mais ce passé semblait être révolu depuis l’importante restructuration menée par Sergio Ermotti, son patron de 2011 à 2020. En 2022, la banque en pleine santé financière a dégagé un bénéfice net de 7,6 milliards de francs suisses, là où Credit Suisse en a perdu 7,3 milliards.
Face à l’ampleur de la tâche qui attend UBS, le conseil d’administration a rappelé à M. Ermotti, qui doit reprendre une seconde fois la direction à l’issue de cette assemblée générale. Il va devoir mener de grands travaux notamment pour assainir Credit Suisse et les nombreux litiges accumulés depuis deux ans.

Coup au porte-monnaie
En début de soirée, le gouvernement fédéral a lancé un signal politique fort en annonçant que les plus hauts dirigeants de Credit Suisse ne toucheraient ni primes ni bonus au titre de 2022.
Pour les cadres aux deux échelons hiérarchiques immédiatement inférieurs, ces rémunérations variables seront respectivement amputées de la moitié ou du quart. Cette mesure concerne environ 1.000 collaborateurs qui se voient privés d’un montant total de 50 à 60 millions de francs.
Mais le prix fort a déjà été payé à cause de l’effondrement de l’action Credit Suisse, qui a fait fondre les primes et bonus des quelque 49.000 collaborateurs de 2 milliards de francs en quelques semaines.
La suppression ou la réduction des primes et bonus ne concerne pas la rémunération des dirigeants et cadres d’UBS. Toutefois, pour éviter que les choses ne dérapent à nouveau, la future mégabanque devra notamment adopter dans son système de rémunération des critères «comme la prise de conscience des risques et le respect de règles de conduite», indique le gouvernement.
ATS/AFP/Manon Becker/Alice Randegger/CBD/SIM/Myrtille Wendling/EAH
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