Rachat de Credit Suisse par UBS (direct)Credit Suisse a déjà retiré plusieurs milliards du fonds de garantie
Credit Suisse a été racheté dimanche par UBS pour la somme de 3 milliards de francs. Un rachat historique. Notre suivi.
L'essentiel en bref:
L'UBS a racheté dimanche Credit Suisse. La banque paie 3 milliards de francs en action UBS.
Concrètement, l'UBS offre aux actionnaires du CS une action UBS pour chaque 22,48 actions CS détenues. Cela correspond à 0,76 franc par titre CS. A titre de comparaison, l'action CS a clôturé à 1,86 franc.
La BNS soutient la reprise par une aide en liquidités de 100 milliards de francs aux deux banques.
La Confédération donne une garantie de 9 milliards de francs pour la prise en charge des pertes potentielles de l'UBS.
L'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a salué et approuvé la reprise du Credit Suisse par l'UBS.
Le week-end dernier, le Credit Suisse a déjà prélevé un important montant de plusieurs milliards de francs sur la garantie accordée par la Confédération et la Banque nationale, a déclaré samedi la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter sur les ondes de la SRF.
Karin Keller-Sutter ne connaît pas les chiffres exacts concernant les sommes prélevées. La Banque nationale suisse (BNS) les connaît, a-t-elle ajouté. L’argent a été nécessaire parce que des clients ont continué à retirer de l’argent en Suisse et à l’étranger et parce que, de leur côté, d’autres banques ont exigé des garanties.

Concernant la séparation des activités suisses de Credit Suisse, réclamée par son parti le PLR dans le cadre de la reprise par l’UBS, la ministre a mis en garde contre une démarche prématurée: la priorité est pour l’heure est de stabiliser la situation. Elle n’exclut toutefois pas cette option. à plus longue échéance, l’UBS ayant tout intérêt à devenir plus svelte, selon elle.
La ministre des finances Karin Keller-Sutter a assuré samedi qu’aucune pression n’a été exercée sur la Suisse lors de la décision du rachat de Credit Suisse par UBS. Lire notre article.

Une majorité de Suisses est en désaccord avec la reprise du Credit Suisse par UBS, selon un sondage publié vendredi par la télévision suisse publique.
Selon ce sondage réalisé cette semaine par l’Institut de recherche gfs.bern auprès de 14'191 personnes, 54% des personnes interrogées sont «plutôt pas d’accord» (26%) ou «pas du tout d’accord» (28%) avec la solution qui a été trouvée pour sauver ce qui était la deuxième banque du pays, Credit Suisse.
La confiance à l’égard de Credit Suisse s’est effondrée la semaine dernière, poussant le ministère des Finances, la banque centrale suisse et la Finma, le gendarme des marchés en Suisse, à engager une course contre la montre le week-end dernier pour trouver une solution avant la réouverture des marchés lundi.
Selon l’enquête, 5% des personnes interrogées disent être «très d’accord» avec la solution décidée par les responsables, et 30% sont «plutôt d’accord».

Au total, 40% des personnes interrogées considèrent qu’une nationalisation temporaire de Credit Suisse aurait été une meilleure alternative que le rachat par UBS. 23% sont d’avis qu’une faillite contrôlée de Credit Suisse aurait été une alternative valable.
Les électeurs et électrices des Verts, du Parti socialiste et de l’UDC, le parti de la droite radicale et première formation politique de Suisse, sont nettement plus critiques que ceux du centre politique et des libéraux.
Une partie importante des partisans du PS, des Verts et de l’UDC auraient préféré une reprise temporaire de la banque par l’État (entre 42% et 46%).
Sur le plan émotionnel, 66% des personnes interrogées se disent en colère. Ce sentiment est le plus fort à gauche, mais il est majoritairement partagé dans tous les camps politiques.
96% estiment que les responsables de la stratégie de Credit Suisse devraient être tenus pour responsables, et 83% s’attendent à d’importantes suppressions de postes en Suisse. La réputation de l’économie suisse fait également partie des préoccupations (73%).
Le titre de Deutsche Bank, la première banque allemande, a terminé en forte baisse vendredi, en raison de l’augmentation du coût de l’assurance contre le risque de défaut (CDS), qui a alimenté les inquiétudes sur la résilience des banques européennes.
L’action a clôturé en baisse de 8,53% à 8,54 euros, après avoir perdu jusqu’à 14% dans la journée, enchaînant une troisième séance de baisse d’affilée à la Bourse de Francfort. Sa rivale Commerzbank a perdu 5,45% à 8,88 euros.
Sa rivale Commerzbank (-5,45%) et plusieurs banques européennes ont elles aussi clôturé en baisse, faisant plonger les bourses européennes.
Le coût de l’assurance en cas de défaut de paiement de la dette a augmenté jeudi pour la plupart des banques européennes, et particulièrement pour Deutsche Bank.
L’envolée des prix de ces instruments de couverture pour la banque, les CDS (Credit default swaps), est signe d’un manque de confiance des marchés envers le secteur.
Le secteur bancaire en Europe et aux États-Unis vient de vivre deux semaines de fortes turbulences marquées par la faillite de la californienne Silicon Valley Bank (SVB), puis de deux autres banques régionales américaines ainsi que le sauvetage de Credit Suisse via son rachat forcé par UBS.
«Bien que les problèmes à l’origine de la faillite de SVB n’aient rien à voir avec la Deutsche Bank, les investisseurs vendent leurs actions Deutsche Bank par peur», estime Jochen Stanzl analyste pour CMC Market.

«Les craintes d’une crise potentielle de liquidités restent latentes», renchérit Andreas Lipkow, analyste indépendant.
Certaines des obligations dites «AT1» de Deutsche Bank, des instruments de dette assimilés à du capital, ont également été vendues, faisant remonter leur rendement.
Les AT1 émis par les banques sont dans l’ensemble sous pression depuis que le Credit Suisse a été contraint de déprécier 17 milliards de dollars de titres de ce type dans le cadre du rachat forcé par UBS le week-end dernier.
«À en juger par les mouvements des CDS, des AT1 et du cours de l’action de Deutsche Bank, les investisseurs s’inquiètent de la santé de la banque», écrit vendredi Stuart Graham, analyste chez Autonomous.
L’expert précise néanmoins qu’il n’a «aucune inquiétude quant à la viabilité» de la première banque allemande, qui dispose notamment d’un matelas solide de liquidités.
«Pour être clair, Deutsche Bank n’est pas le prochain Credit Suisse», conclut-il.
Le chancelier Olaf Scholz a lui aussi voulu rassurer vendredi, affirmant qu’il «n’y a pas lieu de s’inquiéter» pour la Deutsche Bank, lors d’une prise de parole à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles.
Les inquiétudes sur le système bancaire ont persisté sur les marchés en Europe, où la première banque allemande Deutsche Bank, en ligne de mire, a clôturé en baisse de plus de 9% à Francfort.
En Europe, les places ont chuté de 1,74% à Paris, de 1,66% à Francfort, de 1,26% à Londres après une première partie de semaine dans le vert consécutivement au rachat en catastrophe de Credit Suisse par sa rivale UBS.

L’ex-directeur général de la banque a affaibli les contrôles internes et a causé une importante perte. Malgré cela, il ne trouve que des éloges à son égard.

Les banques replongent en Bourse vendredi après une accalmie, l’incendie venant cette fois de l’allemande Deutsche Bank, qui voit grimper la valeur de ses CDS, permettant aux créanciers de s’assurer contre un risque de défaut.
Cela ravive les inquiétudes sur la résilience des banques, même si le prix des CDS, également très prisés des spéculateurs, ne reflète pas forcément la solidité de la banque.
Qu’est-ce qu’un CDS?
Les CDS – pour «Credit Default Swaps» – font partie de la famille des produits dérivés financiers.
«C’est comme un contrat d’assurance, souscrit par les investisseurs pour se protéger contre le défaut de paiement d’un État ou d’une entreprise», résumait il y a quelques mois Eric Dor, directeur des Études économiques à l’école de commerce IESEG.
L’acheteur de CDS verse généralement chaque année une prime ("spread") à l’émetteur de ce CDS. En échange, ce dernier l’indemnisera en cas de défaut de paiement sur le titre de dette correspondant.
Par exemple, une prime de 1% dans un CDS d’un million de dollars correspond au paiement annuel de 10'000 dollars et offre une garantie à hauteur d’un million de dollars en cas de défaut.
Les CDS s’échangent entre institutions financières, de «gré à gré», et leur valeur varie en fonction de l’offre et de la demande.
Il est toujours possible d’acheter un CDS sans détenir au préalable l’obligation correspondante (CDS dits «à nu»). Et ce même si l’UE a tenté dès 2011, en pleine crise de la dette de la zone euro, de mieux réguler ce marché jugé opaque, en interdisant partiellement cette pratique qu’elle estimait spéculative.
Pourquoi en parle-t-on aujourd’hui?
La dégringolade de l’action de Deutsche Bank en Bourse vendredi, qui entraine dans son sillage les autres valeurs bancaires, est la conséquence d’une envolée du prix de ses CDS: il a plus que doublé depuis la faillite aux États-Unis de la Silicon Valley Bank il y a quinze jours, et même augmenté d’environ 33% sur les dernières 48 heures.

Lors d’une conférence de presse à Bruxelles vendredi, le président français Emmanuel Macron a pointé la responsabilité «des spéculateurs qui sont en train d’attaquer les CDS».
«Là-dessus, il faut savoir distinguer les comportements spéculatifs, des acteurs qui cherchent à faire de l’argent de court terme, et les fondamentaux qui demeurent sains sous une supervision solide qui a, ces dernières années, démontré sa robustesse», a-t-il ajouté.
Est-ce le prélude à une faillite?
Le cours des CDS reflète le degré de confiance du marché par rapport à Deutsche Bank. Mais Stuart Graham, analyste chez Autonomous, qui n’a «aucune inquiétude quant à la viabilité» de la première banque allemande, qui dispose notamment d’un matelas solide de liquidités.
«Pour être clair, Deutsche Bank n’est PAS le prochain Credit Suisse», conclut-il. Credit Suisse, confronté à des retraits massifs et un effondrement de son cours de Bourse, a ainsi été contraint de se faire racheter par UBS le week-end dernier.
Le principal risque pour la banque allemande est que la crise de confiance s’amplifie et provoque une fuite des clients qui, elle, mettrait en difficulté l’établissement.
«La Deutsche Bank a fondamentalement modernisé son modèle économique. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter de quoi que ce soit», a de son côté affirmé à Bruxelles le chancelier allemand Olaf Scholz.
Pour lutter contre des licenciements massifs, l'Association suisse des employés de banque lance la pétition «Stop aux licenciements au Credit Suisse et à l'UBS jusqu'à fin 2023».
Depuis la reprise de Credit Suisse par UBS, 17'000 employés de CS en Suisse craignent pour leur emploi. Les signataires de la pétition demandent à Credit Suisse et à UBS ainsi qu’au Conseil fédéral de geler les licenciements jusqu’à fin 2023 et d'ainsi sauver le plus grand nombre d’emplois possible.

Les employés d’UBS pourraient également être touchés. «La direction des deux grandes banques ne doit pas licencier de façon brutale et précipitée», explique l'association.
Selon l'ASEB, ceci représente le seul moyen d’éviter que les collaborateurs qui ne sont pas directement responsables de la crise ne paient les pots cassés. «Les licenciements qui s’avèreront inévitables devront être accompagnés de mesures extraordinaires», rajoutent-ils.
MBE
La dégringolade du cours de Deutsche Bank vendredi à la Bourse de Francfort braque les projecteurs sur un établissement revenu de loin après une période chaotique, et qui n’est plus perçu comme un maillon faible du système bancaire.
Un géant bancaire européen
Première banque allemande, Deutsche Bank pointait l’an dernier au huitième rang européen en termes d’actifs, avec un total s’élevant à 1.323 milliard d’euros, selon le classement S&P Global Market Intelligence.
Le groupe basé à Francfort employait en 2022 près de 85.000 personnes, dont plus de la moitié à l’étranger.
Créée en 1870, Deutsche Bank fut longtemps le bras financier du capitalisme allemand, accompagnant l’essor international des industriels de la chimie, de l’électrotechnique ou des machines-outils, comme Siemens, Krupp ou Bayer.

Sa puissance lui a permis de survivre à la crise bancaire de 1931, après les années d’hyperinflation.
Au début des années 1990, Deutsche Bank a pris un virage déterminant, souhaitant rivaliser avec les grandes banques américaines d’investissement, via plusieurs acquisitions et le développement d’une culture du risque et de la spéculation.
Le retour à des fondamentaux solides
Deutsche Bank a dégagé en 2022 son meilleur bénéfice depuis 15 ans, plus que doublé par rapport à l’an passé.
Rapporté aux fonds propres, le ratio de rentabilité nette a atteint 9,4%, dépassant l’objectif, la banque se disant confiante de pouvoir atteindre plus de 10% en 2025.
Cette performance a reposé sur une hausse des recettes de 7%, à 27,2 milliards d’euros, le meilleur niveau depuis 2016.
«La Deutsche Bank a fondamentalement modernisé et réorganisé son modèle économique et est très rentable. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter de quoi que ce soit», a assuré Olaf Scholz vendredi à l’issue du sommet européen de Bruxelles.
La banque répond largement aux exigences de la réglementation européenne: son ratio de fonds propres obligatoires de 13,4% rapporté aux actifs à risque et des liquidités supérieures à 250 milliards d’euros doivent offrir les ressources pour faire face à des périodes de turbulences.
Il n’y a «aucune inquiétude quant à la viabilité de la Deutsche Bank ou à la marque de ses actifs. (...) Deutsche n’est pas le prochain Credit Suisse», estimait vendredi Stuart Graham, analyste chez Autonomous.
Refonte après un lourd passé judiciaire
La croissance débridée de la banque au début des années 2000 lui a fait traverser plusieurs années chaotiques aux prises avec une litanie d’affaires judiciaires: pratiques illégales, blanchiment, manipulation de taux... Au tournant des années 2010 la banque était «un département juridique avec une succursale bancaire rattachée», entendait-on lors d’assemblées d’actionnaires houleuses.
Les condamnations assorties de lourdes amendes s’enchaînent, un sommet étant atteint début 2017 avec 7,2 milliards de dollars versés aux États-Unis pour solder des poursuites sur le rôle de la banque dans la crise des «subprimes» datant de 2007.
Pour s’en sortir, Deutsche Bank a dû faire une cure d’amaigrissement en deux temps : d’abord une réduction de quelque 7'000 d’emplois annoncée en 2018, avec une réduction de la voilure sur les marchés de capitaux.
Puis l’annonce en juillet 2019 de 18'000 suppressions de postes et l’abandon du lucratif négoce d’actions pour tiers.
Entre temps, des pourparlers s’étaient tenus en vue d’une éventuelle fusion avec l’autre grand établissement allemand Commerzbank, aussi mal en point et en partie détenue par l’État. Un bain de sang social menaçant, les discussions ont vite été enterrées.
Christian Sewing, le redresseur maison
L’arrivée de Christian Sewing à la tête de la banque en avril 2018 est intervenue après la chute de 30% du titre depuis janvier de cette année, les marchés ne croyant plus au redressement du groupe.

Son profil en a interrogé plus d’un au départ: pur produit maison ayant démarré comme apprenti dans une agence du groupe, ce professionnel de la banque de détail était-il l’homme de la situation pour redresser la barre dans la banque d’investissement ?
Cinq années plus tard, le patron aujourd’hui âgé de 52 ans est en bonne voie de réussir son pari. Son mandat, renouvelé par avance en 2021, s’étale jusqu’en 2026.
C’est aussi en 2021 qu’il a été nommé président du lobby bancaire privé allemand, accentuant son assise auprès du monde économique et politique du pays.
Les marchés mondiaux restent sous pression vendredi, surtout en Europe où les places boursières chutent de près de 2%, face au retour des craintes sur la santé financière des banques européennes, dont les actions subissent de lourdes pertes, notamment Deutsche Bank.
Wall Street a ouvert en baisse, le Dow Jones lâchant 0,57%, le Nasdaq 0,54% et l’indice élargi S&P 500 baissant de 0,58% dans les premiers échanges.
Le repli des principaux indices européens s’est accentué depuis l’ouverture: Paris cédait 2,02%, Londres 1,43%, Francfort 2,03% et Milan 1,88% vers 14H00 GMT.
Le secteur bancaire de l’indice élargi Stoxx Europe 600 chutait pour sa part de 4,04%, après une nette augmentation du coût de l’assurance contre le risque de défaut (CDS) de plusieurs banques européennes.
Cet outil de couverture en cas de défaut de paiement de la dette a augmenté pour la plupart des banques européennes, mais moins que pour Deutsche Bank.
Deutsche Bank figurait donc parmi les plus touchées en Bourse, avec une chute de 9,49%, après s’être enfoncée de plus de 13%. Commerzbank perdait 6,37% à Francfort.
À Paris, l’action Société Générale cédait 6,83%, la plus forte baisse de l’indice CAC 40, BNP Paribas perdait aussi 6,67%. A Londres, Barclays perdait 5,17% et HSBC 3,06%. Banco Sabadell chutait de 4,16% à Madrid, ING de 4,08% à Amsterdam et Nordea de 7,86% à Copenhague.

À Zurich, Credit Suisse chutait de 6,24% et UBS de 4,97%, reprenant quelques couleurs. D’après Bloomberg, ces banques sont parmi celles soupçonnées par la justice américaine d’avoir aidé des oligarques russes à contourner les sanctions occidentales. Contactés par l’AFP, Credit Suisse n’a pas souhaité commenter l’information et UBS n’a pas répondu.
À New York, le secteur était également délaissé, mais dans une moindre mesure: JP Morgan Chase perdait 1,62%, Morgan Stanley 3,49%, Goldman Sachs 2,39% et Bank of America 1,59%. La banque régionale First Republic, particulièrement sous pression depuis la faillite de SVB, lâchait 3,59%.
«Qui sera le prochain»
«La peur d’une contagion» dans le secteur bancaire «n’a pas encore disparu», note Neil Wilson, analyste de Finalto, qui souligne le fort repli des actions des banques européennes vendredi, ce qui «pèse sur le sentiment général» du marché.
«Comme je l’ai dit à plusieurs reprises au cours des deux dernières semaines, la crise ne s’arrêtera que lorsque les investisseurs cesseront de se demander qui sera le prochain», assène l’expert. «Et il semble que nous n’en soyons pas encore là.»
Signe de la nervosité des investisseurs, les obligations des États européens, des actifs jugés peu risqués, étaient très prisées. Le taux de la dette allemande à dix ans, qui varie en sens inverse du prix de l’obligation, baissait à 2,11% vers 14H00 GMT, contre 2,19% à la clôture de jeudi.
Les valeurs refuge comme le dollar, le yen et l’or étaient également recherchées. En revanche, l’euro chutait de 0,66% face au dollar, à 1,076 dollar pour un euro.
«Il est clair qu’après un bref répit en début de semaine, nous sommes loin d’être sortis d’affaire», prévient Fiona Cincotta, analyste de City Index, interrogée par l’AFP. «Alors que les taux d’intérêt continuent d’augmenter, les craintes concernant le secteur bancaire risquent de s’accroître».
Les banques centrales des États-Unis, d’Angleterre, de Suisse et de Norvège ont en effet annoncé une nouvelle hausse de leurs taux directeurs, leur principal outil de lutte contre l’inflation. Cela «augmente la pression» sur les banques, selon Jochen Stanzl, analyste de CMC Markets.
Les prix du pétrole chutent aussi, ce qui est souvent signe que les investisseurs craignent une récession économique. Le baril de Brent de mer du Nord pour livraison en mai perdait 2,61% à 73,93 dollars, tandis que le baril de WTI américain à même échéance reculait de 2,76% à 68,03 dollars.
La répétition des crises liées aux banques ces dernières années, à l’image des chutes de Credit Suisse et de SVB, et les indispensables interventions publiques qui en résultent interrogent sur le fonctionnement même de ces entreprises qui font parfois peser de graves risques sur l’économie.
Qu’il s’agisse du géant suisse ou de la banque régionale américaine Silicon Valley Bank (SVB), leur mauvaise gestion a été pointée du doigt comme un facteur aggravant leurs problèmes.
Or leur plongeon a entraîné des mouvements de panique bancaire et boursière, et la crainte que les conséquences ne se fassent ressentir sur une économie mondiale déjà aux prises avec une inflation élevée et un ralentissement de la croissance.
Deux semaines après les premières secousses, le président de la Banque centrale américaine Jerome Powell a reconnu mercredi le risque d’un «resserrement des conditions de crédit pour les ménages et les entreprises», au moment même où les taux d’intérêt sont fortement relevés pour contrer l’inflation et ralentissent déjà l’économie.
Marché du travail, inflation
Cet épisode pourrait «peser sur la demande, sur le marché du travail et sur l’inflation», a-t-il poursuivi, là où son homologue européenne Christine Lagarde a vu le même jour de «nouveaux risques à la baisse» sur une économie déjà chancelante.
La situation est en revanche encore bien loin du cataclysme entraîné il y a 15 ans par la chute du géant américain Lehman Brothers.

«Les fondamentaux des banques européennes sont solides», a affirmé vendredi le président français Emmanuel Macron au cours d’un sommet européens à Bruxelles, se félicitant du renforcement de la réglementation bancaire sur le continent après 2008.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a loué un système bancaire «stable», au moment où quelques secousses se font sentir autour de la Deutsche Bank.
Il existe tout de même «un risque» que les dirigeants «ne soient pas en mesure d’enrayer les turbulences actuelles sans que cela ait des répercussions plus durables et potentiellement graves au sein et au-delà du secteur bancaire», a alerté l’agence de notation Moody’s dans une note mercredi, dont le scénario central mise tout de même sur une accalmie.
Car les autorités ont sorti les grands moyens dès les premières secousses, en offrant côté américain une garantie implicite à l’ensemble des déposants dans les banques, et côté suisse plusieurs garanties au rachat de la banque Credit Suisse par UBS.
Sans être des sauvetages, ces interventions interrogent toutefois. «Les exigences d’intervention de la puissance publique deviennent toujours plus fortes», constate Eric Dor, directeur des études économiques à l’école de commerce IESEG, du fait de la crainte qu’une nouvelle crise bancaire ne se transforme en crise économique.
Cela pose aussi la question plus large de la légitimité de mesures de soutien publiques quand des problèmes de gestion sont la plupart du temps à l’origine des crises bancaires.
«Un peu paradoxaux et ennuyeux»
«On aimerait ne pas avoir ces objets un peu paradoxaux et ennuyeux que sont les banques, qui ne sont pas vraiment des institutions publiques et pas non plus vraiment des entreprises privées», affirme à l’AFP Nicolas Véron, chercheur au centre de réflexion Peterson Institute à Washington.
«La réalité, c’est que l’on n’a pas trouvé de meilleur système, on est toujours dans un entre-deux, entre la nationalisation du système bancaire et un système qui ne serait pas du tout garanti par l’État, dont on sait qu’il conduit à une instabilité totalement destructrice sur le plan sociétal».
D’où de nombreux appels ces derniers jours à un renforcement de la régulation bancaire, allant de Jerome Powell au prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, ou de l’influent commentateur du Financial Times Martin Wolf, qui appelle à imaginer les banques comme «des services publics».
«Si nous les voyons ainsi, elles n’ont pas besoin d’être largement profitables, elles doivent (...) être capitalisées d’une manière qui leur permette de survivre lors des périodes difficiles, car c’est la meilleure chose qu’elles puissent faire», a-t-il poursuivi dans un podcast du journal.
Un débat émerge en parallèle, celui où l’argent des déposants, ménages et entreprises, pourrait être directement détenu auprès des banques centrales, en utilisant comme plateforme leurs projets de monnaies numériques.
Les banques n’auraient alors plus accès aux dépôts des particuliers et des entreprises, faisant disparaître les risques de retraits massifs tels qu’observés ces derniers jours.
Le président français Emmanuel Macron a assuré vendredi que les banques de la zone euro étaient «solides» malgré les turbulences actuelles sur les marchés.
«Les fondamentaux des banques européennes sont solides (...) La zone euro est la zone où les banques sont les plus solides», a-t-il déclaré à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles.

«Il n’y a pas lieu de s’inquiéter» pour la Deutsche Bank, première banque allemande qui a chuté vendredi de plus de 10% en Bourse, a assuré le chancelier Olaf Scholz à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles.
«La Deutsche Bank a fondamentalement modernisé son modèle économique. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter de quoi que ce soit», a déclaré Olaf Scholz lors d’une conférence de presse. «Le système bancaire est stable en Europe», a-t-il assuré, alors que la crainte d’une crise financière faisait chuter les marchés vendredi.

La crise de Credit Suisse rebondit sous la Coupole. La commission de gestion du Conseil des États veut des explications, notamment sur l’action des autorités.
Du point de vue de la haute surveillance parlementaire, différentes questions se posent autour de la crise du Credit Suisse, écrit la commission dans un communiqué publié jeudi. Elles concernent notamment la mise en œuvre de la législation, la surveillance exercée jusqu’ici sur les banques concernées, l’examen de solutions alternatives, l’application du droit de nécessité ainsi que la gestion des risques de la Confédération.

La commission a donc chargé ses sous-commissions compétentes de procéder à de premières clarifications. Un rapport devra être établi d’ici début mai 2023.
La présidence de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde a réaffirmé vendredi la solidité du système bancaire de la zone euro auprès des dirigeants de l’UE réunis en sommet, alors que la crainte d’une crise financière faisait chuter les marchés vendredi.

«Le secteur bancaire de la zone euro est résilient car il dispose de solides positions en termes de capital et de liquidités», a déclaré Mme Lagarde aux chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne (UE) à Bruxelles, selon un responsable européen.
La directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF) Maya Atig a assuré vendredi à la Tribune que le système bancaire français était «très solide», sur fond de crise bancaire naissante après plusieurs faillites aux États-Unis et le rachat en catastrophe dimanche de Credit Suisse.
«Nous avons en France un modèle très solide, car très diversifié dans la banque de détail, la banque d’investissement, la gestion d’actifs, et très diversifié aussi dans ses sources de liquidités», précise Maya Atig dans une interview publiée en fin de matinée sur le site internet du média économique.
Interrogée sur la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB), point de départ de la tempête que les banques à travers le monde traversent actuellement, la directrice générale a souligné que cet établissement avait «peu de choses en commun avec une banque européenne», notamment sur la gestion du risque de taux.

«Même concernant Credit Suisse, il existe des différences juridiques entre les titres suisses et ceux de l’Union européenne», a-t-elle repris.
La deuxième banque helvète, en grande difficulté, a été rachetée dimanche par sa concurrente UBS pour une fraction de sa valeur en Bourse.
Les banques françaises sont avares de commentaires depuis 15 jours et la faillite de SVB, suivie de près par celles de Signature Bank et de Silvergate outre-Atlantique.
Seul le président de la FBF Philippe Brassac, aussi directeur général du Crédit Agricole, est monté en première ligne: il a d’abord assuré samedi dernier sur France Inter qu’il n’y avait «aucun risque» de contagion en France, ni même, a-t-il dit quelques jours plus tard sur BFM business, de «crise bancaire» en Europe.
Les banques françaises cotées sont cependant encore une fois très chahutées en Bourse vendredi: l’action Société Générale cédait 7,04% vers 12H45, BNP Paribas 6,98% et Crédit Agricole 3,23%.
Ailleurs en Europe, c’est la première banque allemande Deutsche Bank qui accuse la plus lourde perte, avec une chute de 13,42%.
Le parti veut conditionner les 109 milliards de crédit d’engagement de la Confédération à des règles plus strictes pour la place financière. Lire notre article.

La Suisse change de visage avec la disparition de Credit Suisse. Nous vous proposons de décortiquer l’événement ensemble lors d'un live chat vendredi à 11h sur notre site internet durant lequel vous pourrez poser vos questions en direct.
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Les mesures prises par la Banque nationale suisse (BNS), la Confédération et l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) dans le cadre de la reprise forcée de Credit Suisse (CS) par son rival UBS ont permis de «juguler la crise», selon l’institut d’émission.
Lire notre article: La BNS relève son taux directeur à 1,5%
«La semaine dernière, le Credit Suisse a perdu la confiance du marché» dans le sillage des turbulences , a rappelé jeudi dans son intervention le président du directoire de la BNS Thomas Jordan, soulignant que les «mesures de grande ampleur» ont été prises «afin de garantir la stabilité financière et d’éviter que la Suisse ne subisse des préjudices».

Suite aux retraits massifs qu’avait subis la banque aux deux voiles en milieu de semaine avec à la clé un effondrement du titre, la BNS avait dans l’urgence mis à disposition des liquidités pour un volume de 50 milliards de francs, ce qui a permis de «disposer du temps nécessaire pour trouver une solution permettant de garantir la stabilité financière».
La reprise par UBS annoncée dimanche soir devait être prête avant l’ouverture des marchés asiatiques, car «une faillite du Credit Suisse aurait eu des conséquences graves sur la stabilité financière en Suisse et dans le monde, et sur l’économie suisse», a assuré M. Jordan. A cette occasion, la BNS a mis sur la table 100 milliards de francs supplémentaire de garantie.
Et la banquier central de souligner que «les liquidités que nous mettons à disposition sont des prêts, qui sont couverts et donnent lieu à la perception d’intérêts», et que «ce ne sont pas des cadeaux».
Le régulateur Finma s’explique jeudi sur la décision controversée d’ordonner l’amortissement des emprunts AT1 de Credit Suisse, qui a valu à l’autorité de surveillance de vives critiques. Les «conditions contractuelles» étaient réunies, assure le gendarme financier dans un communiqué.
L’amortissement des instruments de capital AT1 a visiblement valu des sollicitations répétées à la Finma, qui évoque les «nombreuses questions» posées sur le sujet depuis l’annonce dimanche du sauvetage de Credit Suisse et son rachat par UBS. Dans son communiqué, l’autorité invite les créanciers à adresser leurs doléances aux «émetteurs des instruments de capital», soit – dans ce cas précis – Credit Suisse.
Contractuellement, l’amortissement des emprunts AT1 de Credit Suisse est conditionné à «certains événements déclencheurs», comme une «aide publique exceptionnelle», souligne l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers, qui souligne avoir respecté ce cadre.

Des prêts extraordinaires sous forme de liquidités couverts par une garantie du risque de défaillance fournie par la Confédération ont été accordés le 19 mars au numéro deux bancaire helvétique, rappelle le communiqué.
L’amortissement de ces 13 instruments, dont la valeur nominale avoisine 16 milliards de francs, équivaut pour les créanciers à perdre l’intégralité de leur mise. Les emprunts AT1 (Additional Tier 1) sont rémunérés à hauteur de leur risque élevé (jusqu’à 9,75% dans le cas présent). Ils sont conçus en larges tranches, ce qui en fait un instrument principalement détenu par des investisseurs institutionnels.
L’amortissement de ces emprunts AT1 a permis à Credit Suisse d’augmenter ses fonds propres de première catégorie, dans un contexte de crise de confiance et d’hémorragie des liquidités qui frappait le géant bancaire helvétique.
ATS/AFP/Manon Becker/Alice Randegger/CBD/SIM/Myrtille Wendling
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