Un vent mauvais souffle sur un des principaux partis du canton. Tout enivrée par ses récents succès électoraux, une majorité du parti – appuyée par certains grands élus – croit détenir la Vérité non seulement sur la transition écologique mais aussi sur des débats sociétaux. Ces dernières semaines, plusieurs prises de position extrêmes ont choqué tant elles remettent en cause des valeurs de liberté et de dialogue que l’on croyait acquises pour un parti gouvernemental.
«Selon le conseiller national Nicolas Walder et le conseiller administratif Alfonso Gomez , «le wokisme propose une approche universelle des problématiques sociétales»
Fin mai, nous apprenions que le congrès des écologistes avait voté l’interdiction de manger de la viande pour les futurs élus dans les repas officiels. Le nouveau bréviaire de l’élu Vert est «je m’engage à adopter un régime a minima végétarien lors des plénières ou de tout autre événement où je serai amené à me rendre en qualité de député ou de conseiller d’État». Amen! Mais les Verts demeurent indulgents pour leurs ouailles tant qu’elles s’adonnent à leur péché en catimini et que l’hypocrite bienséance est sauvée. L’important est donc l’apparence plus que la réalité des actions. Nous sommes ici dans la morale sectaire et puritaine.
Ceci s’exprime aussi dans les prises de parole du conseiller national Nicolas Walder et du conseiller administratif Alfonso Gomez qui dénoncent «l’échec des politiques patriarcales et productivistes» et invitent «à déconstruire les rapports de pouvoir, à en dénoncer les rouages et à rééquilibrer nos références». Selon eux, «le wokisme propose une approche universelle des problématiques sociétales». Cette opinion commune paraît le 24 mai 2022 en défense d’actions violentes de militants «woke» visant à censurer des conférences les 29 avril et 17 mai 2022 au sein de l’Université de Genève. Ces groupuscules ont réussi à imposer une police de la pensée dans l’alma mater, rendant impossible tout échange rationnel. Alors que nous pourrions attendre de ces élus une défense inconditionnelle de la liberté de parole dans ce sanctuaire, il nous est ici délivré un discours qui verse précisément dans le repli communautariste.
Enfin, le même Alfonso Gomez, certes dans le cadre d’une décision prise à la majorité du Conseil administratif de la Ville de Genève, a défendu une subvention accordée au mouvement Extinction Rebellion, qui ancre son action dans la désobéissance civile: arrachage d’affiches, blocage de routes, dégradation d’immeubles, violation de propriétés, etc. Ainsi, une institution publique soutient une entité qui prône la violation de la loi comme expression. Par là même, c’est le principe de l’État de droit qui est remis en cause.
Ces trois cas illustrent une perte de repères d’un parti qui devrait intégrer dans son ADN la défense des institutions. Le risque de dérive est évident. Quelle est la suite? Où se situera la limite de ce qui est tolérable pour faire avancer une cause? C’est toute la question et le danger est bien réel de voir nos résistances s’éroder contre un affaissement de notre démocratie.
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L’invité – Dérives idéologiques des Verts