Depuis des mois, un crédit pour la traversée du lac est en rade
Luc Barthassat peine à faire accepter par ses collègues une manne de 24 millions.

Et la traversée du lac, c'est pour quand? La plus célèbre des Arlésiennes genevoises prend encore un peu de retard. En septembre, trois mois après le feu vert de principe du peuple, Luc Barthassat annonçait la prochaine soumission à ses collègues du Conseil d'Etat d'un projet de crédit de 24 millions de francs à destination du parlement, voué à financer des études sur le futur bouclement du périphérique genevois.
Simple routine à expédier, semblait alors croire le ministre des Transports. Selon un document présenté le 31 août, son département tablait sur une «disponibilité du crédit d'études» au premier trimestre 2017. Ce qui supposait l'aval du Conseil d'Etat, puis des députés après étude en commission. Or la première de ces étapes n'est toujours pas franchie.
Que se passe-t-il à la tour Baudet? Les bouches ne se délient pas avec des sollicitations officielles. Rien ne doit être su du huis clos gouvernemental tant qu'une décision n'est pas prise. Mais des bruits concordants courent. Dans la foulée du scrutin populaire de juin 2016 (un oui à 62,8%), Luc Barthassat a d'abord requis de quoi financer la suite des études jusqu'au projet définitif: une septantaine de millions. «Ses collègues ont hurlé», croit savoir un initié. Le magistrat a donc opté pour la tactique du salami, divisant son appétit par trois.
Mais cela coince encore, depuis des mois. Si les deux membres de gauche du septuor ne sont bien sûr pas de fervents adeptes du projet, Luc Barthassat semble buter sur une opposition inébranlable de son ancien colistier PDC, Serge Dal Busco. En temps de disette, le grand argentier doit veiller à la modicité des dépenses de l'Etat et ses services questionnent la viabilité économique du projet. Quelle que soit la volonté populaire, ce scepticisme a fait mouche dans un collège où les deniers sont disputés.
Le crédit a subi plusieurs reports à l'ordre du jour gouvernemental. Selon nos sources, il sera abordé ce mercredi dans les points de politique générale, mais la décision n'est pas encore à bout touchant. «Les collègues de Luc Barthassat ont des doutes sur le montant et, face à d'autres urgences, sur le degré de priorité d'un tel projet, qui a tout de même de bonnes chances de ne jamais voir le jour», analyse un élu.
Succédant à un premier crédit d'études de 3,5 millions de francs que le Grand Conseil a dédié à la traversée du lac en 2008, les 24 millions requis ne suffisent pas pour élaborer un projet définitif. Le but est de pondre un avant-projet. Selon une analyse juridique rendue en 2015, c'est le degré d'avancement minimal pour pouvoir demander à l'Assemblée fédérale une dérogation à l'interdiction constitutionnelle de prélever un péage routier. Genève prévoit cette démarche en 2019. Dans le détail, le crédit doit permettre de lancer ou poursuivre des études sur l'organisation du territoire de la Rive gauche et les requalifications possibles au centre-ville, sur la géologie et les impacts environnementaux, sur le dimensionnement des ouvrages et leur coût à plus ou moins 20%.
Le département suit une tactique de persuasion pour rallier à sa cause le reste de l'Etat. Et si cette voie conciliante échouait? Le périphérique genevois (ou du moins le prix de ses esquisses) pourrait alors emprunter une stratégie de… contournement! L'Exécutif n'est en effet pas le seul à pouvoir déposer des projets de loi au parlement: les députés ont aussi cette compétence, inhabituelle en Suisse. Et c'est la voie qu'avait empruntée le premier crédit d'études en 2008.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.