La saga du numérique à l’école bat son plein. Après un premier épisode fin 2019 où des députés ont poussé le Département de l’instruction publique (DIP) à retirer deux projets de loi concernant l’investissement dans divers outils, comme les tablettes, voici un deuxième épisode de fronde. Un collectif de parents, créé pour l’occasion, expose ses craintes et lance une pétition pour repousser leur introduction dès le primaire, tandis que trois chercheurs de l’Université de Genève tiennent à calmer le jeu en recadrant leurs propos.
C’est le paradoxe de l’infobésité: il est désormais toujours possible de citer une étude, un ouvrage qui va dans le sens de ses craintes, de ses a priori. Il est difficile, en tant que citoyen lambda, de déceler d’éventuelles lacunes méthodologiques, même lorsque la source paraît très fiable, à l’instar de l’Organisation de coopération et de développement économiques.
Former des enfants de 4 à 12 ans au numérique sans les former par le numérique, comme le demande le collectif, serait enseigner la théorie sans la pratique. Les limites de l’exercice paraissent évidentes.
Il faut cependant consacrer l’énergie nécessaire à rassurer les sceptiques: en tant que parents, on nous serine qu’il faut se montrer très attentifs au temps d’écran. Il est donc logique que lorsque du temps supplémentaire d’exposition s’invite dans le temple sacré de l’école, cela déboussole. Tout dépend de l’usage que l’on en fait, c’est un argument qui se comprend aisément.
À ce stade, le DIP n’a même pas encore évalué ses besoins précis. Un quart des enfants de 7 ans en Suisse ont un smartphone: il y a certes de quoi être horrifié. Or, s’il en est ainsi, autant que l’école joue son rôle d’accompagnement au plus tôt, pour ne pas laisser les plus petits démunis dans cette jungle.
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L’éditorial – Dédiaboliser les écrans à l’école