Les banques centrales aux États-Unis, dans la zone euro, en Suisse et au Royaume-Uni ont relevé leurs taux directeurs malgré la tourmente dans le secteur bancaire. Grâce aux mesures des autorités, la contagion pourrait être contenue, et l’impact du resserrement des conditions de prêt par les banques commerciales renforce l’idée que les cycles de hausse des taux s’approchent de leur point culminant.
La Réserve fédérale (Fed) a relevé ses taux directeurs de 25 points de base (pb) le 22 mars, malgré la tourmente bancaire. Entre la stabilité des prix et la stabilité financière, l’équilibre s’annonce délicat. Avant la mi-mars, le combat contre l’inflation était la seule préoccupation des principales banques centrales, avant que leur attention ne se reporte sur le stress financier. Pour autant, leurs obligations relatives à l’inflation n’ont pas disparu. La demande des consommateurs, le marché de l’emploi et l’inflation demeurent résilients. En particulier, l’inflation dans le secteur des services reste forte. La hausse des salaires, bien qu’elle ralentisse, est toujours supérieure aux niveaux compatibles avec leurs objectifs d’inflation.
Tout en combattant l’inflation, les banques centrales doivent désormais aussi minimiser le stress financier en mettant en place de nouvelles facilités de prêt. La Fed devrait continuer à adopter cette double approche. En Europe, la Banque centrale européenne a accompagné sa récente hausse de taux directeurs de 50 pb – et le maintien de ses mesures de resserrement quantitatif – d’un engagement à fournir des liquidités aux banques ou à créer de nouveaux outils pour gérer une éventuelle contagion. Ses prévisions tablent désormais sur une amélioration de la croissance à 1,0% en 2023 et sur une baisse de l’inflation à 5,3% cette année et à 2,9% l’an prochain. En parallèle, la Banque nationale suisse et la Banque d’Angleterre ont elles aussi relevé leurs taux de 50 et 25 pb respectivement le 23 mars. Le président de la BNS, Thomas Jordan, a maintenu une ligne dure sur l’inflation, bien qu’il ait supervisé le rachat de la deuxième plus grande banque du pays ces derniers jours, et n’a pas exclu la possibilité de nouvelles hausses.
Il convient de souligner que les risques actuels ne semblent pas de nature systémique. Les banques sont mieux réglementées, mieux capitalisées et elles affichent une moindre exposition aux secteurs plus risqués du marché immobilier qu’avant la crise financière mondiale de 2008. En dehors des banques en difficulté, les tensions récentes semblent davantage le reflet d’une moindre liquidité que des problèmes de qualité de crédit. Les mesures de protection des dépôts des banques en faillite et les programmes de liquidité ont permis d’endiguer les problèmes, même si les inquiétudes ne se sont pas entièrement dissipées.
Malgré la volatilité des marchés, les indicateurs de stress systémique n’annoncent pas de contagion. Et si les mesures actuelles s’avèrent insuffisantes, les banques centrales disposent d’outils supplémentaires pour rétablir la stabilité.
La lutte contre l’inflation et le resserrement monétaire peuvent avoir des conséquences imprévisibles. Le resserrement de la liquidité peut engendrer des fragilités dans le système financier. La menace d’une crise de confiance ne saurait être écartée. Nous sommes très attentifs aux conditions d’emprunts aux États-Unis, en particulier parmi les banques de petite et moyenne taille.
Si les conditions de marché demeurent sereines, les banques centrales devraient continuer à relever leurs taux directeurs, bien qu’elles s’approchent de la fin de leur cycle de resserrement – et si les conditions de crédit se resserrent davantage, l’inflation devrait baisser plus rapidement. Pour l’instant, en l’absence de nouvelles fragilités, le maintien de la pression par les banques centrales sur les conditions financières – par le biais de taux d’intérêt élevés – demeure nécessaire.
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L’invité – De l’inconfort des banques centrales, tiraillées entre inflation et stress financier