La deuxième vague devient financière. On comprend le désarroi des commerçants, des restaurateurs et des milieux culturels. Mais on comprend de moins en moins l’attentisme des gouvernements, qui tardent à adapter leur dispositif de soutien à l’économie locale. Tous, sans exception, devraient avoir le sentiment que l’État, l’assureur de dernier ressort en cas de catastrophe naturelle, ne les laissera pas tomber en faillite ou dans une précarité indécente d’un pays riche.
Or, tout se passe comme si on hésitait à Berne et dans certains Cantons à avancer les liquidités, par crainte de trop en faire et de s’endetter. Cette peur de bon père de famille est infondée. Même la France, qui bat des records d’endettement public, peut aujourd’hui se financer à un taux négatif. La raison n’a rien de magique.
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La Banque centrale européenne (BCE) est en mesure de racheter la dette des États (elle vient encore d’augmenter ses moyens de 500 milliards d’euros). À terme, les banques centrales ne revendront pas les emprunts qu’elles achètent mais les renouvelleront au fur et à mesure des besoins. Ce mécanisme revient à une forme d’annulation des dettes étatiques. C’est un privilège qui appartient aux États et aux banques centrales; cela s’appelle créer de la monnaie!
Tant que l’endettement reste en mains publiques, il reste donc tout à fait supportable, contrairement aux ménages et entreprises qui doivent, eux, absolument rembourser leurs dettes. En Suisse, la situation est même exceptionnelle: le monde entier s’arrache de la dette helvète et rémunérerait grassement la Confédération pour qu’elle s’endette un tout petit peu, histoire de soulager ceux qui pourraient injustement tomber en faillite. Les restaurateurs ont raison d’être très fâchés.
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Éditorial – Aider les restaurateurs? Où est le problème?
La Confédération et les Cantons doivent rassurer les commerçants sur la nature des aides qu’ils exigent.