Dans le monde de Richard Burton
L’artiste britannique a passé deux mois en résidence chez Mighela Shama à Genève où il a peint en continu.

«Oversimulation», c’est ainsi que le jeune artiste anglais Richard Burton a choisi de nommer son solo show à la galerie Mighela Shama, aux Eaux-Vives. Et pour cause. Le plasticien en résidence dans la villa-galerie depuis décembre n’a eu de cesse de faire et défaire son travail. Alors qu’il se plonge dans la ville, il questionne le spectateur sur la frontière entre l’image et sa représentation. Qu’est-ce qui distingue le vrai du faux? Dans quel monde vivons-nous? Et vivrons-nous? Burton puise dans un répertoire riche d’images et d’imaginaires. Ses toiles androgynes nous embarquent dans un espace où science-fiction et réalité cohabitent. Sa sensibilité, sa remise en question et son talent crèvent ses toiles.

Comment avez-vous rencontré Mighela Shama?
Mighela me suit depuis quelques années déjà. Elle a commencé par m’envoyer un email auquel je n’ai pas répondu (rires). Mais elle a insisté. J’ai fait un premier group show avec Yoora Lee à la galerie en 2021. Cela m’a plu. Alors, quand elle m’a proposé de venir en résidence dans la galerie pendant deux mois, j’ai tout de suite accepté.
Que retenez-vous de cette expérience?
J’ai été très prolifique, j’ai peint tous les jours. Au total, plus d’une dizaine de toiles. La vie dans cette villa aux lignes géométriques a directement influencé mon travail et peut-être un certain apprivoisement. Le fait de dormir où je travaille, c’est nouveau pour moi et c’était du coup d’autant plus important de séquencer mes journées.
Pourquoi Oversimulation?
J’ai lu Simulacre et Simulations de Jean Baudrillard pendant ces deux mois. La carte, donc la représentation que l’on se donne d’un phénomène donné, influence, précède, voire annihile le réel. Le monde dans lequel nous vivons est peut-être juste une simulation, les archétypes n’existent plus. J’aime cette ambigüité. Je coupe souvent mes peintures. Je les redimensionne. Vivre avec dans cette maison m’a permis de le faire encore davantage. Mes peintures sont plates mais elles enclenchent l’imagination.
Parlez-nous de votre processus créatif?
J’ai toujours un tas d’images qui voyagent avec moi et dont je m’inspire. Des photos de voiture, des toiles de grands maîtres. En parallèle, je suis un grand amateur de science-fiction et de worldbuilding. Je travaille soit avec de la colle de peau de lapin avec des couches de pigments roses, soit avec un apprêt qui contient du sable ce qui apporte de la texture. Rien n’est jamais figé.
Et vos personnages, qui sont-ils?
La question des genres ne m’intéresse pas particulièrement. Chacun peut voir ce qu’il veut dans mes personnages. Je travaille de sorte à ce que l’on aperçoive qu’un fragment: une oreille, des cheveux.
Est-ce que Genève vous a inspiré?
Oui, de manière subtile. Je trouve que le vert est omniprésent ici. Les murs, les bancs, les portes. Une sorte de vert menthe que j’ai aimé appliquer sur mes toiles, même si c’est très complexe comme couleur.
87A, rue des Eaux-Vives. www.mighelashama.com
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