Construction à GenèveDans la très chic rue du Rhône, un syndicat dénonce un chantier insalubre
Un syndicat pointe des conditions d’hygiène et de sécurité déplorables sur un chantier de la rue huppée. Une situation provisoire, selon l’architecte.

En guise de vestiaire, quelques clous au mur, et pour faire office de cuisine, un micro-ondes sur un tabouret et une machine à café posée sur des cartons. Des repas pris sur une «table» faite de palettes, au milieu du matériel, de la poussière et des débris de chantier. Voilà dans quel cadre travaillent les ouvriers qui rénovent un immeuble cossu de la rue du Rhône, destiné à accueillir une banque privée.
Le syndicat Unia a donné ce lundi une conférence de presse devant cette adresse de la rue la plus huppée de Genève, pour dénoncer – photos à l’appui – ces conditions de travail qu’il juge inadmissibles. Ce d’autant plus qu’il avait déjà alerté les médias et les pouvoirs publics sur ce qu’il se passait dans ce même chantier.
Obligations légales
«Quand nous étions venus il y a presque un an, c’était une vraie porcherie!» s’indigne José Sebastiao, secrétaire syndical chez Unia. Fort du règlement cantonal en la matière, qui stipule que tout chantier doit être équipé d’un local fermé, éclairé et chauffé pour servir de vestiaire, et d’un autre pour servir de réfectoire, le syndicat avait interpellé l’État.
«La rue du Rhône est la rue du luxe, mais les conditions dans lesquelles ces ouvriers travaillent n’ont rien de luxueux.»
L’inspection des chantiers était venue sur place, puis les installations avaient été mises aux normes. «Depuis, nous sommes repassés quelques fois pour vérifier que tout était en règle, poursuit le syndicaliste. Mais, vendredi dernier, quand nous sommes revenus, nous avons constaté que, depuis que les entreprises du second œuvre ont succédé à celles du gros œuvre, la situation est redevenue insalubre. La rue du Rhône est la rue du luxe, mais les conditions dans lesquelles ces ouvriers travaillent n’ont rien de luxueux.»
Un contexte compliqué
Menaçant de bloquer le chantier si rien n’était fait, Unia est intervenu auprès de l’architecte responsable du suivi des travaux, Philippe Duc. Celui-ci assure que cette situation n’est que provisoire: «Nous avons dû démonter en urgence les vestiaires et les cabanes pour les repas la semaine dernière, car le propriétaire faisait visiter les locaux au futur locataire, venu des États-Unis pour voir l’étendue des surfaces commerciales. Tout va être remis en place dès aujourd’hui (ndlr: lundi).»
Quant aux débris, l’architecte souligne que le contexte rend leur gestion compliquée: «Vu l’étroitesse de la rue, le passage des bus TPG et le fait qu’il y a un autre chantier en face, notre aire d’évacuation est limitée. Nous ne pouvons pas avoir une benne en permanence pour les déchets, car cela condamne l’accès au monte-charge.»
Pour José Sebastiao, «ce n’est pas parce qu’un client vient en visite que la dignité des ouvriers doit passer au second plan». Et d’annoncer que le syndicat viendra vérifier que les installations sont en effet remises en état.
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